Pr Vincent de Paul Djientcheu, Directeur Général de l’hôpital Général de Yaoundé – « L’hôpital Général de Yaoundé a désormais un centre de neurochirurgie »

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Monsieur le directeur général, qu’est ce qui a motivé l’ouverture d’un centre de neurochirurgie à dans votre formation hospitalière ?

Depuis ma prise de fonction comme directeur général de cet hôpital-là 04 juillet 2018, l’objectif était de faire de l’hôpital général un hôpital de référence où toutes les évacuations sanitaires du Cameroun et même de la sous-région se feront. C’est pour ça que les services comme la médecine A et la médecine B ont disparu et nous avons créé les sous spécialités médicales. Désormais à l’hôpital général, on parle des services de néphrologie, de cardiologie, d’infectiologie etc. Et le service de chirurgie également a fondu et nous avons créé des sous spécialités et désormais la neurochirurgie, l’orthopédie, l’urologie, la chirurgie cardiovasculaire, bref toutes les sous-spécialités chirurgicales qui existent de par le monde. Je suis neurochirurgien et il faut que l’hôpital Général ait un centre de neurochirurgie. Nous avons créé un Centre de neurochirurgie à l’hôpital central à l’époque qui fonctionne bien.

L’objectif du Centre de neurochirurgie de l’hôpital General sera de prendre en charge des pathologies vraiment spécialisés qui ne pourront pas être prises en charge dans d’autres centres notamment les pathologies vasculaires, mais les plus fréquentes c’est les anévrismes intracrâniens et les malformations artérioveineuses, qui ont pour élément commun de se manifester par la rupture, dès qu’il y’a une rupture, il y a une hémorragie intracrânienne qui peut entrainer des morts subites. Le service ayant été créé, l’hôpital s’est beaucoup équipé. On a un bloc opératoire, un microscope opératoire de bonne qualité, le service de neuro-réanimation est également de bonne qualité avec des respirateurs et des moniteurs et une centrale à oxygène qui permet de tenir tout ce système.

Donc il était important de commencer avec les opérations compliquées comme le vasculaire. En toute chose au début, il faut toujours s’entourer des collègues et des confrères qui ont une expertise dans le domaine. C’est pour cette raison que j’ai fait appel au Pr Petridis Athanasios, qui a été saisi par une organisation non gouvernementale (Ong) qui s’appelle Brain Global, qui essaye de soutenir le centre de neurochirurgie.

Le Pr Athanasios était disponible et il a accepté de venir. L’hôpital à contribuer pour les frais de séjours et de transport et puis Brain Global et ARZT hilft ont contribué en mettant à notre disposition les clips c’est-à-dire intrants (qu’on met pour arrêter l’hémorragie) et certains accessoires du moteur que nous utilisons pour opérer.

En fait comment se fait la sélection des patients ?

La sélection des patients est simple, c’est les patients que nous voyons au quotidien quand nous posons le diagnostic, nous n’avons pas voulu commencer cette chirurgie seul quand nous posons le diagnostic, nous échangeons avec le Pr Petridis. Quand il est venu, nous avions déjà des patients en vue et nous opérons tous les jours et vous pouvez compter d’ici les dix jours qu’il passera ici, on va opérer pratiquement dix malades mais nous avons déjà opéré six. Jusqu’à présent tout se passe bien.

Concernant la contribution des patients, la campagne n’est pas gratuite parce que la prise en charge des anévrismes coûte très chère. Quand la prise en charge se fait en Europe, vous faites un dépôt à l’hôpital ; par exemple il m’a dit c’est que dans les 32 000 Euro pour les patients assurés là-bas mais pour les patients en pavillons privé, comme les africains qui y vont, et qui sont pris en charge dans les pavillons privés, c’est souvent dans les 50 000 Euro.

Donc ici, les patients payent leurs frais de prise en charge normalement. Par contre tous les éléments comme les clips, nous donnons ça gratuitement. Soulignons que si le patient devrait payer tout ce qu’il faut, le coût global pourrait revenir dans les 1500 Euro mais ceux qui sont là, je ne pense pas qu’ils vont dépenser plus de 1000 Euro car à part les clips qui ne sont pas facturés, il y a un certain nombre d’élément qu’on ne facture pas. Le reste de la prise en charge est assurée par l’hôpital et nous n’avons pas enregistré une complication pour le moment.

Pour la suite, nous aimerons vraiment établir une collaboration avec des chirurgiens motivés comme le Pr Petridis Athanasios et même dans les autres domaines. De même en collaboration avec les ONG ARZT hilft et BRAINGLOBAL. Donc nous travaillons comme une équipe complète. Voilà la vision de l’hôpital général dans les trois années à venir.

Nous sommes dans un contexte marqué par le Covid-19, on aimerait savoir quelles sont les mesures que vous avez prises pour préserver votre personnel de santé ?

Il faut souligner que le système de santé est très perturbé en ce moment notamment avec la présence du Covid-19. Mais à l’hôpital général, nous évitons que le Covid mette vraiment à terre le système de santé camerounais pour plusieurs raisons à savoir : il faut protéger le personnel et les autres malades si non quand vous allez en guerre et que les soldats tombent avant même le combat, quand vous perdez trop de soldats, c’est un gros souci. Donc à l’hôpital général nous produisons les solutions hydro-alcooliques qui sont disponibles partout dans l’hôpital, nous avons les sur-blouses que nous mettons en plus, nous donnons les masques à tout le personnel et nous avons cousus les masques en tissus et chaque personnel en a deux. Avec ce dispositif, nous sommes sûrs que même en cas de manque de masque chirurgicaux que le personnel aura une protection.

Et nous avons également organisé le circuit du patient parce que le patient Covid positif ne doit pas avoir le même circuit que le patient normal.

Et également, ce que nous faisons le plus est que, nous évitons au maximum les hospitalisations parce que si nous ne rendons pas l’hôpital général « free of Covid », les autres pathologies vont fuir. A un moment donné, on ne voyait les hémorragies digestives, le paludisme aux urgences, les rétentions urinaires… dont les gens préféraient garder leurs maladies, rester à la maison et mourir à la maison. Donc si nous ne faisons pas attention dans les hôpitaux nous risquons mettre à genoux le système sanitaire camerounais. Nous préférons suivre les malades à la maison le plus longtemps possible.

Généralement celui qui a besoin d’être hospitalisé c’est celui qui a besoin d’oxygène mais pour les autres, tous les jours nous mettons une ambulance qui part à neuf heures avec un médecin généraliste et un infirmier, qui passe de maison en maison pour vérifier que le malade prend son traitement. On prend les paramètres, la pression artérielle, la température et surtout la saturation en oxygène et quand le malade sature bien on l’encourage à prendre son traitement à domicile.

Que manque-t-il à votre hôpital pour devenir la référence nationale et sous régionale ?

Merci beaucoup pour cette question. Je voudrais commencer par rappeler les missions de l’hôpital général qui sont connues, à savoir : soins de hauts niveaux, formations et recherches. La vision de l’hôpital général, dans les trois prochaines, c’est de créer les services de sous-spécialités médicales et chirurgicales hyperspécialisées pour limiter les évacuations sanitaires. Pour y arriver, nous avons décliné notre plan d’action en quatre rubriques : premièrement, il faut changer l’organigramme de l’hôpital, réorganiser le plan géographique l’hôpital en service de manière à regrouper les pathologies qui se ressembles dans une zone qu’on va appeler service de… ça s’est déjà fait. Le deuxième axe, c’est maintenir fonctionnelles toutes les zones qui ont été réhabilités. Troisième axe, réhabiliter les zones qui n’ont pas été réhabilitées et le quatrième axe, c’est l’extension de l’hôpital car l’hôpital a besoin d’une extension.

Cet hôpital a été construit en 1988 où la population de Yaoundé n’était pas ce que nous avons aujourd’hui. 31 ans après, la population de Yaoundé a augmenté et l’hôpital général est resté le même. Les missions sont restées les mêmes, donc il nous faut de l’espace. Nous avons travaillé avec une équipe belge, l’entreprise « B six » qui avait construit l’hôpital en 1988 pour avoir trois nouveaux bâtiments : un bâtiment A, un bâtiment B et un bâtiment C qui sont les bâtiments connectés aux bâtiments existants et de même gabarie c’est- à- dire de même nombre de niveau et même dimension pour des raisons architecturales dont un sous-sol, rez de chaussé, E1, E2 et E3.

Le bâtiment A sera vers les consultations externes. Ce sera un bâtiment dédier aux reins (au-rez-de chaussé, on va trouver les consultations, au premier niveau, les hémodialyses, au deuxième niveau, le service de néphrologie, au troisième niveau service d’urologie). Le bâtiment qui sera après les urgences et ça sera un bâtiment où on fait la gynécologie de haut niveau. Il faut dire que l’hôpital général de Yaoundé s’intéresse à quatre pathologies généralement dont, le cerveau, le cœur, les reins et le cancer. Alors les organes gynécologiques sont les plus grands pourvoyeurs de cancer.

Et le bâtiment C sera réservé à la neuroscience c’est –à-dire à la neurochirurgie, la neurologie et la psychiatrie. L’hôpital général a besoin d’une extension. Nous pensons que c’est une urgence. Il faut que dès 2022, les bâtiments sortent du sol. Et le besoin immédiat aussi c’est renforcer la centrale à oxygène parce celle que nous avons à une capacité moyenne et maintenant que l’hôpital reprend de l’ampleur, il nous faut une centrale plus forte pour pouvoir oxygéner les patients. Enfin les secteurs qui n’ont pas été réhabilités comme le restaurant, le parc automobile, la lingerie et la stérilisation doivent l’être.

Entretien mené par Désiré Effala

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