Prévention du suicide : ACPLS organise une marche de sensibilisation

À l’occasion de la célébration de la 20e édition de la journée mondiale de prévention et de lutte contre le suicide, sur le thème : « Créer l’espoir par l’action », l’Association Camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide (ACPLS), a organisé le, 09 septembre 2023, dans les artères de la ville de Yaoundé, une marche de sensibilisation sur la prévention du suicide, en milieu scolaire, familial et professionnel.

Il est 06 heures 30 minutes quand les membres de l’Association Camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide (ACPLS) prennent d’assaut le boulevard du 20 mai, ce samedi 09 septembre 2023. C’était en prélude à la marche sportive de sensibilisation sur la prévention du suicide. Dans une ambiance conviviale rythmée par des chants et des cris de joie, les membres de l’ACPLS ont quitté le quartier administratif de Yaoundé, en passant par le rond-point Poste Centrale, Montée Camair, Carrefour Elig-Essono, Pont de la gare, Carrefour Mvog-Ada, Total Nkolndongo, Commissariat Nkolndongo, Montée Zoé et l’Immeuble de l’émergence. « Le sport, déjà, c’est un outil de communication et la marche sportive a été baptisée, « marche sportive de sensibilisation », explique le Coordonnateur de la marche sportive de l’ACPLS.

Pour que le message ait de l’écho, les carrefours populaires de la ville ont été ciblés. « Nous avons choisi des coins d’agglomération pour mieux sensibiliser les Camerounais, en distribuant les traces et les dépliants, concernant le suicide, passant par les messages qui édifient sur les problèmes de santé mentale, qui sont à la base, selon l’OMS, du passage à l’acte suicidaire. » « La marche sportive a consisté à faire la sensibilisation dans les artères de la ville de Yaoundé », a ajouté le psychologue clinicien. Les participants ont chanté en chœur et dansé dans la convivialité. Les chansons d’ici et d’ailleurs ont été interprétées avec succès.

Selon Christiane Metha, cheffe d’antenne de la région du centre, de l’Association camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide, la sensibilisation se fait à travers les campagnes de sensibilisation sur la prévention du suicide au sein des communautés, dans les lieux publics (marchés, lieux de culte, stade de football…) et même dans les établissements scolaires. « Vue la jeunesse, les tranches d’âge, qui étaient là, nous ne pouvons qu’être satisfaits du bilan parce que les objectifs ont été atteints, nous avons distribué les messages, nous avons eu l’onction de l’administration qui nous a donné l’autorisation de manifester et nous remercions ici, le ministère de la Santé publique, qui ne cesse d’accompagner notre association dans cette lutte de sensibilisation des problèmes de santé mentale, qui va jusqu’au suicide », confie le coordonnateur de la marche.

Les dépliants et les tracts portaient des messages d’espoir. Au dernier classement, le Cameroun occupe le 5e rang au classement mondial. « Et nous avons aussi parlé de la détection des signes de la dépression, le retrait social, le changement de comportement, l’addiction aux drogues. » Par la suite, nous avons présenté ceux à qui on peut demander de l’aide en cas de détresse : psychologue, psychiatre, médecin, homme de Dieu, chef du village, chef du quartier. Lorsqu’on a un malaise, il faut parler, il faut trouver quelqu’un avec qui tu peux communiquer. C’est aussi un appel aux autorités pour que les sensibilisations aillent de plus en plus, dans les villages, dans les quartiers, et que lorsqu’il y a déjà eu tentative de suicide, il faut se faire suivre. 

Au Cameroun, le taux de suicide est estimé à 19.5 pour 100.000 habitants. Cette estimation de l’OMS publiée le 9 septembre 2019, place le Cameroun parmi les 10 pays africains qui ont enregistré le taux de suicide le plus élevé entre 2000 ; 2016 et 2019. Dans son rapport intitulé « Suicide in the World, Global Health Estimates » publié le 9 septembre 2019, cette organisation indique que ces personnes qui se sont données la mort sont estimées à 19.5 pour 100.000 habitants en 2016 au Cameroun. Soit 29,9 pour 100.000 hommes et 12,5 pour 100.000 femmes.

Pour un total de 2867 victimes, reparties en 864 femmes et 2003 hommes. Un taux qui place le Cameroun à la 5e place africaine. Les données de l’OMS dégagent un taux moyen de douze suicides pour 100 000 habitants en Afrique, taux qui est de 10,5 au niveau mondial. Les trois pays les plus exposés sur le continent sont le Lesotho (28,9), la Côte d’Ivoire (23) et l’Ouganda (20). Cependant, le rapport relève qu’il n’y a pas de statistiques pour de nombreux pays d’Afrique. Il est recommandé à ces États de pousser des recherches supplémentaires pour mieux comprendre le phénomène et en cerner les causes.

Elvis Serge NSAA

Réactions

Julia Samantha Edima Assoumou, Miss Cameroun 2022

 « Je pense qu’il est important pour chacun de militer à son niveau pour une santé mentale pour tous »

« Avant d’être Miss Cameroun, je suis une personne engagée dans tout ce qui est humanité, et plus précisément, tout ce qui va dans la préservation de la santé mentale. Je me suis sentie concernée par les activités et les motivations de l’Association Camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide (ACPLS), parce que le suicide est un phénomène qui inquiète, et qui est dans mon thème, qui est la santé mentale. Je pense qu’il est important pour chacun de militer à son niveau pour une santé mentale pour tous. C’est ma façon à moi de contribuer au bien-être de la société.

En ce qui concerne le suicide en milieu jeune, je peux porter un message d’espoir, de foi. La vie vaut la peine d’être vécue malgré les difficultés. La difficulté, l’échec, fait partie de la vie. C’est ainsi qu’est faite ma vie, sinon, la vie n’aurait pas son équilibre. Il faut savoir affronter ses faiblesses, ses difficultés. C’est ça qui fait de nous des personnes fortes. C’est aussi ce qui constitue notre société, parce qu’après, la société n’est pas faite de perfection, mais de personnes qui savent se remettre en question et qui savent se battre pour l’évolution des choses ».

Christiane Metha, cheffe d’antenne de l’Association camerounaise de prévention et de lutte contre le suicide, antenne du Centre

 « Quand une personne en détresse est bien écoutée, il est plus facile qu’il soit mieux pris en charge »

« Cette 20e est célébrée sur le thème : « Créer l’espoir par l’action ». Cette édition renvoie à l’espoir. Ça veut dire espérer. Quand on a des soucis, des difficultés, on espère que demain ça ira mieux. Les activités qui ont meublé cette 20e édition sont entre autres : il faut dire que nos activités ont débuté du 5 au 10 septembre 2023. Le premier jour, nous sommes allés dans les entreprises pour sensibiliser le personnel. Nous étions à la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures CSPH, au Centre de formation. Nous avons sensibilisé les étudiants sur la prévention du suicide en milieu professionnel.

Le mercredi, nous avions un atelier de formation. Au cours de cet atelier de formation, des thèmes ont été développés : nous avions parlé des abus sexuels en milieu jeune, comment prévenir les abus sexuels en milieu scolaire, comment prendre en charge ces abus et la capacitation du personnel de notre association sur la prise en charge des personnes qui sont dans le besoin et qui appellent à l’aide.

Comment est-ce qu’il faut écouter ces personnes. La chose la plus importante est l’écoute. Quand une personne en détresse est bien écoutée, il est plus facile qu’il soit mieux pris en charge. Aujourd’hui, nous avons la marche sportive, après cette marche sportive, nous sommes allées au Village de l’amour, faire un don aux PAMMES. Nous sommes allés partager l’amour. Hier dimanche, nous avons sensibilisé les Camerounais dans les maisons de culte ».

 Propos recueillis par Elvis Serge NSAA