
L’Unité de procréation médicalement assistée de l’Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Douala s’apprête à accueillir son premier bébé conçu par fécondation in vitro en mai 2025.
Ce moment historique couronne un travail d’équipe acharné et l’intégration d’une technologie de pointe, offrant ainsi un nouvel espoir aux couples confrontés à des difficultés de procréation. Cette réussite illustre le potentiel de la combinaison d’une équipe dédiée et d’une technologie avancée pour surmonter les obstacles à la parentalité.
Le directeur général de l’Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Douala, Pr Emile Télesphore Mboudou, explique les objectifs et les moyens mis en place pour aider les couples infertiles à réaliser leur rêve d’avoir un enfant grâce à la procréation médicalement assistée. Avec une équipe de spécialistes formés et des équipements de pointe, l’hôpital est prêt à accueillir les premiers patients et à offrir des soins de qualité pour limiter les conséquences de l’infertilité.
Les prévisions parlent du mois de mai 2025. Une naissance qui nous a permis de visiter cette structure qui occupe un bel espace. A l’arrivée, une plaque indique que l’on est au centre PMA. Les portes ne sont ouvertes qu’au personnel qui y travaille. Et là-bas c’est hyper calme. On ne s’encombre non plus de meuble. Et la grande propreté montre bien qu’il s’agit des vies humaines à préserver et à protéger. Un tour des lieux avec l’autorisation du Pr Emile Mboudou, nous met face à un dispositif assez particulier. On commence par les vestiaires pour se mettre aux normes requises. C’est après cela que s’ouvrent les portes des espaces dédiés à la prise en charge complète des patients. Il y a entre autres, deux salles de monitoring, une salle de ponction d’ovocyte et transfert d’embryon, une salle de don de sperme, une salle avec code qui est une sorte de laboratoire où le grand travaille est fait avec l’œil attentif d4un biologiste.
Tout l’équipement de pointe s’y trouve avec des petits réfrigérateurs pour conserver la semence. Le travail est coordonné par le Docteur Moustapha Maladji Goni Bilkissou, chef de l’Unité PMA qui nous a expliqué avec détails le rôle de chaque chose. Rien à envier à ce qui se passe ailleurs. « Les appareils qui sont ici sont ceux que l’on rencontre en France. C’est la technologie pointe », nous fait comprendre le Dr André Forces biologiste de nationalité française. Avec plus de 40 ans d’expérience en la matière, il vient avec une touche technique pour une prise en charge complète dans la procréation médicalement assistée. D’ailleurs, « c’est la particularité et la différence entre l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala et les autres structures qui font dans ça. Nous sommes les seuls à avoir un biologiste. C’est une pièce importante dans le dispositif. Il va former », a expliqué le Pr Emile Mboudou.
L’Unité PMA est donc opérationnelle avec une grande capacité d’accueil. L’on attend l’arrivée du tout premier bébé de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala, qui va être le couronnement d’un grand travail d’équipe.
Selon certaines sources hospitalières « Les chances de grossesse sont de l’ordre de 25% par ponction… ». Et « depuis 1997 au Cameroun, cette technique de la procréation a permis à certains couples en difficulté de devenir parents », nous expliquent les spécialistes. Les chiffres sont évocateurs. Selon les statistiques fournies par la clinique Odyssée « Plus de 800 bébés éprouvette sont nés grâce à cette avancée » et au Chracerh, on avait enregistré la naissance de 400 bébés nés par fécondation in vitro par PMA en 2023 avec la projection d’atteindre 500 naissances en 2025 en cours.
Encadré
Ce que dit la loi sur la PMA
Le 29 juin 2022, les députés camerounais ont adopté un projet de loi sur la PMA soutenu par le ministre de la Santé, Manaouda Malachie. Déjà pratiquée depuis 1997, au Cameroun, la PMA n’était pas encadrée par la loi. En effet, le projet de loi relative à la PMA au Cameroun, déposé à l’Assemblée nationale le 23 juin 2022 pour l’adoption, fixe à 55 ans « l’âge limite de recours » à l’assistance médicale à la procréation pour la femme .Cette limitation prend en compte le fonctionnement naturel du corps de la femme.
Ainsi donc, le texte prévoit d’autoriser la PMA pour les couples hétérosexuels, mariés ou pouvant prouver une vie maritale. L’âge minimal prévu est 21 ans. Pour les femmes, l’âge maximal est de 55 ans tandis que pour les hommes aucune limite n’a été fixée. Pour y avoir recours, il faudra prouver des difficultés ou une incapacité à concevoir naturellement, la « crainte de transmettre une maladie congéniale grave » ou la nécessité de conserver des gamètes.
Le texte concerne aussi les dons de gamètes, pour lesquels anonymat, gratuité et “volontariat” seront requis. Le commerce de gamètes et d’embryons, et la pratique de la GPA sont interdits. Des sanctions « lourdes » pouvant aller jusqu’à une peine de prison ont été prévues.
Alphonse JENE
Réactions
Docteur Moustapha Maladji Goni Bilkissou: « Une infertilité, c’est après 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception »
C’est elle le Chef de l’unité PMA. Et dont l’organisatrice en chef des activités. C’est elle une sorte de caisse à outils. Elle nous a fait faire le tour de la structure pour dissiper toutes nos craintes. Et avec elle on a pu comprendre ce que c’est la procréation médicalement assistée.
Docteur, on parle aujourd’hui de procréation médicalement assistée. C’est quoi exactement en de termes faciles?
Plus facilement c’est une fécondation qui se fait en dehors de l’organisme de la femme. Disons ça comme ça, tout simplement.
Alors, quand un couple arrive, dit qu’il veut faire des enfants. La première chose que vous leur dites, c’est quoi?
Ce qu’il faut préciser, effectivement, c’est que la consultation d’infertilité, c’est une consultation de couple. Ça veut dire qu’on doit recevoir les deux partenaires. Et quand on les reçoit, il y a cet interrogatoire déjà pour savoir depuis combien de temps ils cherchent à concevoir. Parce qu’effectivement, une infertilité, c’est après 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception. Et s’il y a absence de contraception après ce délai, on déclare qu’il y a une infertilité. Et donc, s’assurer d’abord qu’on est devant effectivement une infertilité. Et maintenant, savoir quelles sont les causes. C’est-à-dire, on va faire une mise au point.
C’est un ensemble d’examens qui concernent la dame et le monsieur. Et après cette mise au point, on est capable de dire, vous avez une infertilité et de telle étiologie. L’étiologie peut être aussi bien masculine, féminine, mixte ou alors inexpliquée.
Les couples viennent beaucoup ici ?
Nous recevons beaucoup de patients en consultation pour problèmes d’infertilité. Je ne peux pas vous donner un chiffre précis, mais par semaine, la consultation la plus fréquente, c’est les consultations dont les motifs sont les désirs de conception. On en a beaucoup.
Sauf que les solutions pour cette infertilité sont encore un peu chères. Quand on parle de la procréation médicalement assistée. Donc, on a des indications, on a des couples qui arrivent. On pose des indications d’une fécondation in vitro par exemple. Mais vu le cout, ce ne sont pas tous les couples qui vont toujours adhérer à ce traitement.
On les appelle dans le langage familier, les bébés éprouvettes. Est-ce que ces enfants ont la même constitution, ont la même énergie que les enfants nés ordinairement ?
La seule différence avec les autres enfants, c’est la façon de les concevoir. C’est-à-dire, comme on l’a dit, ce sont des fécondations qui ne se passent pas à l’intérieur de la femme, mais à l’extérieur. Mais sinon, toutes les études ont montré qu’il n’y a pas de différence entre cet enfant qui est né sous la couette et cet enfant qui est né après une fécondation in vitro.
Quels sont les objectifs que vous poursuivez ici, dans ce centre de PMA ?
Nous voulons être un des centres publics du Cameroun accessible. C’est-à-dire que l’on puisse satisfaire toutes les demandes des groupes infertiles du Cameroun. Nous voulons être un centre le plus clairvoyant. Nous voulons être le centre ayant beaucoup de taux de réussite. Et nous voulons être le centre le plus transparent possible.
On disait « Santé pour tous en l’an 2000 ». Et vous allez nous dire aujourd’hui un enfant pour chaque femme, pour chaque couple ?
Pourquoi pas ? Avec les mesures d’accompagnement, c’est toujours possible.
Quand vous parlez des mesures d’accompagnement, vous pensez à quoi ?
Je pense à l’Etat camerounais, qui a d’abord permis que ce centre soit ouvert, parce que c’est un centre public. Je pense également à la Couverture de santé universelle, qui est effectivement mise en place et qui peut également aider dans les fertilités pour prendre au moins partiellement les coûts de cette procédure-là. Ça veut dire que pratiquement tous les couples pourront, j’ai bien dit pourront, avoir un bébé dans leur foyer.
Est-ce que vous avez le soutien du top management de l’hôpital ? Est-ce qu’il sent ce projet ?
Le projet vient de lui, l’initiateur du projet, le porteur. C’est notre directeur général qu’on remercie pour la confiance et l’ouverture qui nous a permis d’avoir cette unité en place et qui permettra d’aider beaucoup de couples en péril.
Docteur un message aux couples qui se lamentent et qui se déchirent ?
On sait que c’est des situations qui apportent beaucoup de cassures. Je leur dis de ne pas perdre espoir. De venir en consultation. Les solutions existent. Déjà venir pour savoir quel est le problème. On va leur proposer des solutions et voir ensemble la faisabilité.
Dr André Force: « Il n’y a pas de limitation de durée dans la conservation du sperme… »
Technicien biologiste Français, il a été appelé pour contribuer à la mise en pratique de cette activité à l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala. Il est à la fois praticien et formateur des biologistes de relève d’installer le matériel de qualité qui a été acheté pour les besoins de la cause. Enfin il doit organiser et orchestrer les premières sessions de prise en charge des patients. Avec lui, on a voulu comprendre davantage le rôle du biologiste dans ce pan de la médecine.
Que vient faire un biologiste dans une affaire de procréation médicalement assistée ? C’est quoi votre rôle ici ?
Dans la chaîne de valeur, on rapproche les gamètes avec différentes techniques. Les techniques, deux grandes techniques, la fécondation in vitro classique où on se contente de mettre en présence spermatozoïdes et ovules du couple.
Ou la technique XI, quand on se trouve face à un couple pour lequel la fertilité est plutôt d’origine masculine et les spermatozoïdes du monsieur ne sont pas assez nombreux. À ce moment-là, il faut les aider et donc directement on dépose le spermatozoïde dans l’ovule. C’est la technique XI qui a été développée en 1992 par nos amis belges. Quand on commence à travailler, il y a souvent 15 jours de préparation, de stimulation des patients. Et pour que ce travail se passe bien avec le biologiste, il faut bien travailler en amont avec les cliniciens.
Est-ce qu’on peut vous considérer aujourd’hui comme celui qui déclenche la grossesse dans la procréation médicalement médicalisée ?
C’est nous qui déclenchons bien sûr la formation de l’embryon. Pour cela, il faut des incubateurs de très bonne qualité pour assurer le développement d’un embryon qui se fait à 37 degrés dans des milieux de culture. Ces milieux de culture nécessitent souvent la présence d’une atmosphère, la présence de CO2 ou un taux d’oxygène très bas. Et donc quand le déclenchement de l’embryon est fait, notre travail c’est d’optimiser les conditions de culture. Et il y a plusieurs embryons qui sont fabriqués. Il faut permettre la sélection des meilleurs embryons pour faire le transfert. On transfère un, voire deux embryons. Et si les autres embryons fabriqués pour un couple donné sont de bonne qualité, on va pouvoir les congeler.
Est-ce que vous détectez les anomalies génétiques dans votre travail ?
Non, les problèmes génétiques généralement qu’on peut déceler sur des embryons, ce sont des problèmes qui sont présents chez les parents. Donc l’approche génétique qui est faite, et surtout pour un centre débutant, c’est de la faire en amont. Si on a décelé un problème génétique chez le papa ou chez la maman, de faire tous les bilans initiaux. Parce qu’on risque de retrouver les mêmes problèmes au niveau de l’embryon.
Combien de temps peut durer un sperme qu’on a collecté ou alors un ovocyte qu’on a gardé ? Ça peut aller jusqu’à combien d’années de conservation ?
Il n’y a pas forcément de limitation théorique ou physique pour cela. Mais souvent, ce sont les lois des pays qui limitent ce temps de conservation. On a fait des études en France, on a vu qu’on a pu obtenir des enfants par un donneur qui avait congelé son sperme 20 ans auparavant. Donc il n’y a pas de limitation dans la conservation. L’ovocyte, c’est encore plus compliqué parce que l’ovocyte, c’est une cellule très fragile. Il ne se congèle pas toujours très bien et on a des taux d’altération assez importants.
Jusqu’à quel âge peut-on donner son sperme ou son ovocyte?
Là aussi, ça dépend des pays. Il y a une limitation en France. De mémoire, je crois que c’est 48 ans. Il y a certains spermes de très bonne qualité mais qui se congèlent mal. Pour les ovocytes, plus on les donne jeunes, mieux il y a la chance qu’elles vont pouvoir apporter à une receveuse future.
Jeune, c’est à quel âge ? Au minimum ou au maximum ?
Tout dépend. On peut avoir 38 ans une bonne réserve ovarienne. Ça sera très bien pour congeler. Mais il y a des jeunes femmes qui ont 28 ans et qui ont une réserve très basse et elles ne sont pas de bonnes clientes pour le don d’ovocytes.
Pr. Emile Télesphore Mboudou: « En fait, l’objectif c’est de limiter les conséquences de l’infertilité »
Pr. Emile Télesphore Mboudou est le directeur général de l’Hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala. Il s’est investi personnellement pour faire avancer ce projet. Un centre qui vient résoudre un problème de santé devenu majeur pour une bonne frange de la population. Jeunes et moins jeunes vivent les cas d’infertilité. L’Hôpital Gynéco-obstétrique fait donc un pas qualitatif pour rendre le service à l’humanité toute entière.
L’hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala a opéré un geste technologique depuis le mois de juin l’année dernière. Désormais la procréation médicalement assistée. Est-ce à dire que c’est une complémentarité sur le marché de la procréation ou alors un marché ouvert à la concurrence ?
Merci de l’opportunité que vous me donnez de parler de la pratique de la procréation médicalement assistée à l’hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala Comme vous le savez, cet hôpital a été dédié à la santé de la mère et à l’enfant pour prodiguer des soins de pointe, pour limiter les évacuations à l’étranger.
Et c’est dans le cadre de notre activité que nous avons évolué pour migrer maintenant à la pratique de la procréation médicalement assistée. Comme vous le savez, l’infertilité est un problème social, et j’allais même dire sociétal, qui est très présent dans notre pays. Nous avons plusieurs pionniers qui ont commencé cette activité, notamment dans nos privés, et comme vous l’avez cité, un centre public au Chracerh à Yaoundé.
Vous savez que toute la population du Cameroun ne vit pas seulement à Yaoundé, et donc, sans être en concurrence, on est juste complémentaire des autres formations sanitaires. Et c’est naturellement que nous voulons déjà remercier notre tutelle, le ministre de la Santé publique, qui nous a permis d’acquérir les équipements, qui nous ont permis d’ouvrir un laboratoire qui a très fière allure aujourd’hui, et dont les résultats commencent à être positifs.
Vous avez le plateau technique, mais est-ce que vous avez le know-how nécessaire ? Est-ce que vos collaborateurs sont assez outillés pour cette pratique ?
Oui… Vous posez une très bonne question, parce que pour pouvoir pratiquer ces techniques de pointe, il ne suffit pas d’avoir les outils, mais il faut avoir le personnel. Et en prélude à cette activité, nous avons commencé d’abord par former nos équipes. Nous les avons envoyées en stage à l’étranger pour le volet gynécologique et pour le volet biologique. Mais la formation en biologie peut être longue et requiert de l’expertise beaucoup plus pointue encore.
C’est dans ce cadre-là que nous avons opté pour une collaboration de formation sur place, et nous avons eu la chance d’avoir un expert qui a pratiqué cette technique pendant 35 ans et qui est allé à la retraite, avec qui nous avons signé une convention qui va permettre non seulement de nous permettre de pratiquer, mais en même temps de former nos équipes, pour qu’à l’horizon de la fin de son contrat, nous ayons des équipes totalement opérationnelles. À ce jour, sur l’aspect gynécologique, les gynécologues sont très bien formés, mais c’est sur l’aspect biologique que nous sommes en train de parfaire la formation.
Vous avez la capacité d’accueillit combien de femmes par an?
Nous avons une très grande capacité, nous pouvons accueillir par session même une centaine de femmes, mais c’est quelque chose qui demande d’être méticuleux. Il n’est pas question de faire du chiffre, mais il faut surtout pouvoir donner des soins de qualité à une population bien délimitée. C’est pour cela que, dans un premier temps, nous essayons de limiter le nombre de personnes, pour que nous puissions prendre façon personnalisée les couples. Il faut les accompagner sur le plan psychologique, sur le plan technique, sur le plan médical, etc. Donc, par session, pour le moment, nous limitons les patients pour nous permettre d’être plus efficaces.
Aviez-vous mis des mécanismes pour le suivi, parce qu’on dit généralement que ces enfants qui viennent sont beaucoup capricieux sur le plan sanitaire. Est-ce que l’hôpital a mis un mécanisme de suivi dès que l’enfant nait dans ces conditions-là?
Ce qui arrive souvent, c’est que nous savons qu’il y a beaucoup de prématurés qui sortent de là. Mais nous avons capacité notre service de néonatalogie et de pédiatrie pour pouvoir accueillir ces enfants. Nous avons mis en même temps aussi, surtout pour les parents, une équipe psychologique qui les prépare avant et qui les suit. Et donc, tous nos patients sont suivis de façon personnalisée pour permettre à ce que nous puissions les accompagner.
Qu’est-ce qui peut faire courir une femme à venir à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yassa que d’aller ailleurs?
C’est une très bonne question. Vous savez que nous sommes dans un pays où la couverture santé universelle est en train de se mettre en place, où la plupart des gens ont des assurances privées. Alors, les soins de santé relativement sont assez élevés pour la population camerounaise. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons mis l’accent sur ce centre, parce que les populations n’ont pas les moyens d’aller en privé.
Et c’est pour cela que, pour revenir sur le coût, la différence entre les autres centres est assez importante. Nous avons tenu compte de ça parce que l’hôpital n’a pas vocation de commerce. Et donc, la différence est, je peux le dire, presque d’un million de francs par rapport à ce qui se fait en privé. Et ceci, c’est tout simplement parce que nous sommes un établissement public où l’investissement de l’Etat a été fait et les patients paient juste les médicaments et le petit service qui a été fait.
Vos patients, seront-ils limités dans la ville de Douala ou bien ?
Je peux commencer par vous dire que nous avons des patients qu’ils viennent du Tchad, de Centrafrique, du Gabon, de la Guinée Equatoriale. C’est pour vous dire que rien que cet aspect fait entrevoir la vaste étendue où nous pouvons recruter nos patients. Presque la moitié de nos patients d’aujourd’hui viennent d’autres villes. Très peu viennent de Douala. Donc ça voudrait dire que l’hôpital est à la disposition de toutes les populations. Nous ne limitons pas seulement à la ville de Douala.
Votre objectif c’est de vaincre l’infertilité. Est-ce que l’hôpital a les moyens pour le faire ?
En fait, l’objectif du médecin que nous sommes, c’est de limiter les conséquences de l’infertilité. Nous ne pouvons pas vaincre l’infertilité parce que biologiquement, l’infertilité contribue à l’équilibre de la population. Si tout le monde devait procréer, je pense que la population mondiale poserait un problème. Mais ça, c’est des choses qu’on peut dire comme ça sur le plan biologique. Mais en fait, ce que nous, on entend faire, c’est que les personnes qui ont des infertilités, qui peuvent être guéris par la santé, nous voulons leur donner la chance de pouvoir bénéficier de ces soins et de pouvoir avoir ce plaisir et cette joie d’avoir un enfant.
Jusqu’à quel âge une femme peut-elle venir chez vous pour faire ces pratiques-là
Nous sommes alignés sur le texte. Il y a un texte qui régit la population médicalement assistée au Cameroun qui a été promulgué en 2023. Donc, nous nous cantonnons aux orientations de ce texte qui limite l’âge d’accès à la procréation médicalement assistée à 55 ans.
Nous sommes dans un contexte où il y a la différence de culture, les différences religieuses et autres. Est-ce que vous pouvez rassurer les femmes qui vont vous écouter, qui vont vous lire de ce que cette pratique peut aider et qu’il n’y a pas de barrière à ériger?
Oui, il faut dire que l’impact de la religion sur la pratique médicale est réel. Et donc la procréation médicalement assistée pose aussi un problème en relation avec la religion. Et c’est pour cela qu’il y a certaines religions qui l’acceptent, il y a d’autres qui la refusent. Nous essayons d’accompagner les uns et les autres en fonction de leurs croyances religieuses sur les différents types de pratiques.
Il y a des pratiques qui sont acceptées en partie, il y a d’autres qui sont refusées en totalité. Et nous laissons le choix aux différents couples qui nous approchent. Nous prenons le temps de leur expliquer et nous leur apportons l’information parce qu’il y a une éthique dans ce que nous faisons.
Parfois, certains d’entre nous ne le savent pas, mais nous leur donnons l’information pour leur dire que c’est à eux de choisir. Si vous êtes musulman, si vous êtes catholique, si vous êtes d’autres obédiences, protestant, voilà ce que votre religion vous dit par rapport à ce que nous faisons. Pour qu’après, il n’y ait pas de regrets et qu’ils aient un choix en fonction de leur niveau de croyance et de leur acceptation. Pour cela, nous sortons totalement de cette question.
Le premier bébé qui est né dans la procréation musulmane en 1998 s’appelait Tommy. Celui de HGOPED nait quand et il va s’appeler comment ?
Il va naître dans quelques semaines. Je n’ai pas la date exacte mais vous serez informé. Vous serez encore invité. Echos Santé sera invité pour pouvoir assister à la naissance de ce bébé. Parce que nous savons quand est-ce que la commence, nous ne savons pas toujours. Ça peut être au début, ça peut être à la fin du mois de mai. Mais pour le nom, c’est un choix de la famille. On n’aime pas beaucoup le culte de la personnalité. Nous aimerions qu’ils donnent le nom de l’enfant qui certainement a été attendu depuis longtemps. Il y a beaucoup de gens derrière qui aimeraient bien avoir ce nom.
Propos recueillis par Alphonse JENE
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