
Photo de famille.
Le 11ᵉ congrès de la Société africaine de pneumologie de langue française, couplé au 5ᵉ congrès de la Société camerounaise de pneumologie, a mobilisé environ 400 professionnels de la santé venus de 15 pays d’Afrique pour échanger sur les enjeux de ces pathologies.
« Syndrome d’apnées du sommeil et oncologie thoracique ». C’est sur ce thème que se sont réunis du 31 juillet au 2 août 2025 à Douala les pneumologues d’Afrique francophone. Ils se retrouvent dans le cadre des activités du11ᵉme congrès de la Société africaine de pneumologie de la langue française (SAPLF), et du 5è congrès de la Société camerounaise de pneumologie (SCP).
Une rencontre qui a permis aux spécialistes de partager leurs expériences mais aussi d’approfondir les réflexions sur les maladies respiratoires, notamment l’apnée du sommeil. Une pathologie peu connue par le grand public. « Le syndrome d’apnées du sommeil est une pathologie fréquente au Cameroun avec une prévalence de l’ordre de 4% qui, je pense est même sous-estimée, parce que c’est une pathologie relativement récente qui est très peu connue des populations, du public et même des professionnels de santé », explique le Pr Bertrand Hugo Mbatchou, pneumologue.
A en croire ce médecin, cette pathologie très peu connue limite aussi les performances des médecins. « On n’a pas encore tous les éléments, tout l’arsenal pour bien assurer le dépistage de cette pathologie », souligne-t-il. Des propos soutenus par son confrère de la Côte Ivoire, le Pr Zacharia Kone. « Le diagnostic n’est pas toujours aisé pour certains pays, parce qu’ils n’ont pas le matériel », explique-t-il.
D’après ces spécialistes, l’apnée du sommeil, ou syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, est un trouble respiratoire caractérisé par des arrêts ou des réductions de la respiration durant le sommeil, souvent accompagnés de ronflements et de micro-réveils« «Ces pauses respiratoires, qui peuvent durer plusieurs secondes, entraînent des baisses du taux d’oxygène dans le sang et fragmentent le sommeil, pouvant provoquer somnolence diurne, fatigue et troubles de la concentration », explique-t-il.
Les spécialistes réunis au congrès des pneumologues ont donc ensemble un objectif commun : Partager leur savoir-faire sur cette pathologie et améliorer la prise en charge des patients souffrant de l’apnée du sommeil.
Pour Saurel Ngo’o Mebe, « quand les gens se retrouvent, c’est le partage d’expériences, c’est les recherches qui permettent d’outiller, de ramener au même niveau les autres structures sanitaires et les autres collaborateurs. De leur donner de nouvelles directives pour la prise en charge des maladies respiratoires », a déclaré la déléguée régionale de la santé du Littoral, qui a procédé au lancement de travaux. Et pour Léonard Toukam, « les congrès sont des moments de partage de science entre les spécialistes, mais également de partage de connaissance entre laboratoires pharmaceutiques », va laisser entendre le superviseur du laboratoire Dafra Pharma Douala.
Le 11ᵉme congrès de la Société africaine de pneumologie de langue française et le 5è congrès de la Société camerounaise de pneumologie ont réuni environ 400 professionnels de la santé, venus de 15 pays. « Le congrès a rassemblé les cancérologues, les chirurgiens, les paramédicaux et les infirmiers, tous les corps professionnels ont été représentés », indique Mantsana, de la SCP.
A lire aussi: Université de Yaoundé II : Une vague de solidarité inattendue
Il faut peut-être le rappeler, la Société camerounaise de pneumologie est une organisation professionnelle dédiée à l’amélioration de la santé respiratoire au Cameroun. Son objectif principal est d’améliorer la qualité des soins respiratoires dispensés à la population à travers la sensibilisation, la formation des professionnels de santé et la promotion de la recherche en santé respiratoire.
Aussi, la Société africaine de pneumologie de langue française a quant à elle, pour vocation de regrouper tous les médecins pneumologues ou intéressés par la pneumologie de tous les pays d’Afrique et ayant en usage la langue française.
Ghislaine DEUDJUI
Réactions
« Apprendre des uns et des autres à travers ce type de rencontre. »

Dr Eudoxie Alitondê Djegbeton, médecin pneumologue, Abidjan-Côte d’Ivoire.
C’est une occasion pour nous de rencontrer nos pairs, de rencontrer d’autres pneumologues, d’échanger sur de nouvelles pratiques, de nouvelles acquisitions, de nouvelles manières de travailler en vue d’améliorer le quotidien de prise en charge de nos patients. En Afrique, tous les pays partagent les mêmes problèmes, que ce soit en Afrique centrale ou en Afrique de l’Ouest, nous rencontrons les mêmes problèmes liés au diagnostic, à la prise en charge. Nous avons ainsi l’occasion d’apprendre des uns et des autres à travers ce type de rencontre.
« Faire la mise à jour pour améliorer nos pratiques ».

Pr Zakaria Kone, médecin pneumologue, Côte d’Ivoire.
Cette rencontre a un grand intérêt pour les médecins en général, mais surtout pour les spécialistes en particulier, parce que c’est important de faire un peu le point des avancées dans nos pratiques et de voir comment on peut améliorer la prise en charge en fonction des défis qui s’imposent à nous actuellement.
Donc c’est vraiment une rencontre qui est la bienvenue. On peut non seulement apprendre de nouvelles choses et faire la mise à jour pour améliorer nos pratiques. En Afrique, surtout en zone subsaharienne, on partage un peu les mêmes réalités et nous sommes confrontés un peu aux mêmes maladies.
Et on se dit qu’en partageant nos expériences, et nos efforts mutuels, cela nous permettrait de faire face à beaucoup de problématiques concernant ces maladies-là. Parlant de l’asthme, c’est une pathologie qui concerne beaucoup de personnes.
Il se trouve qu’il est de plus en plus sous-diagnostiqué. Le diagnostic n’est pas toujours aisé pour certains pays, parce qu’ils n’ont pas le matériel, sinon dans la forme typique, la maladie peut faire errer le diagnostic et rendre la prise en charge plus longue. C’est pour cela que les examens peuvent permettre d’établir de bons diagnostics.
« Le syndrome d’apnées du sommeil est un problème de santé publique. »

Dr Mbele Onana, médecin pneumologue.
Le syndrome d’apnées du sommeil est un problème de santé publique qui est un indicateur, non seulement un facteur de risque cardiovasculaire, mais également respiratoire. Donc, c’est quelque chose qui sera à la base de plusieurs autres problèmes de santé. Vous entendrez souvent certaines personnes dire : « Ma tension n’est pas équilibrée, mon diabète n’est pas équilibré, mon asthme n’est pas équilibré, je n’arrive pas à perdre du poids, parce qu’il y a un élément en dessous et cet élément-là était jusqu’à là sous-diagnostiqué. »
C’est ce qu’on appelle le syndrome d’apnée du sommeil. C’est quelqu’un qui va ronfler, qui va dormir mal ; c’est quelqu’un qui va se réveiller plusieurs fois, c’est quelqu’un qui va avoir un sommeil entrecoupé. Au matin quand il va se réveiller, il sera fatigué. C’est les gens que vous allez voir dans une salle d’attente, ils vont somnoler. Ce problème de santé peut être à l’origine d’autres problèmes.
Pour que les autres commodités soient équilibrées, il faut prendre en charge l’apnée du sommeil et là nous remercions les patrons qui ont jeté les jalons, parce que ce problème était resté non connu, sous-développé et la prise en charge est coûteuse et cette pathologie est également multidisciplinaire. Les médecins généralistes ont déjà intégré cet aspect, mais il va falloir densifier. Cela nous amène à dire que c’est une maladie, donc la prise en charge est transversale. Les synergies entre les spécialistes sont importantes.
Rassemblés par G.D.