Révolution dans la lutte contre les MTN : La moxidectine sous le feu des projecteurs

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Le Professeur Joseph Kamgno, Directeur de l’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM), a mis en lumière le potentiel de la moxidectine dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, en particulier chez les enfants. Cette avancée scientifique pourrait changer la donne dans la prévention et le traitement de ces maladies qui affectent des millions de personnes dans le monde.

Les résultats d’études menées par l’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM) montrent l’efficacité et l’innocuité de la moxidectine, une nouvelle molécule prometteuse pour éradiquer cette maladie tropicale négligée.

Le Professeur Joseph Kamgno, Directeur de l’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM), présente les résultats de deux études sur la moxidectine, un nouveau médicament prometteur pour lutter contre l’onchocercose, ce 20 décembre 2024, à Yaoundé.

L’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM) a organisé un atelier de restitution des résultats de deux études cliniques portant sur la moxidectine, un médicament utilisé dans le traitement de l’onchocercose. Cette maladie parasitaire, transmise par la mouche noire, provoque des lésions cutanées graves et peut entraîner la cécité. Les chercheurs de l’ISM ont présenté les résultats de leurs travaux, qui ont porté sur l’évaluation de l’efficacité et de l’innocuité de différentes formulations de la moxidectine chez les jeunes enfants, ainsi que sur l’évaluation de l’innocuité de ce médicament chez les personnes infectées par Loa Loa.

Au cours de l’atelier, les organisateurs ont également présenté les reconnaissances internationales obtenues par les chercheurs de l’ISM ces deux dernières années. Parmi celles-ci, le prix de la Fondation L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, attribué cette année à Gladys Elisabeth NGONO, chercheure à l’ISM, pour ses travaux sur la prévention de l’onchocercose. Cette distinction met en lumière l’importance des contributions des scientifiques camerounais à la recherche mondiale sur les maladies tropicales négligées. L’atelier a réuni des responsables de la Direction de la Recherche Opérationnelle en Santé (DROS) au Ministère de la Santé, des responsables de districts et d’aires de santé, ainsi que des distributeurs communautaires et des chercheurs spécialisés dans les maladies tropicales négligées. Cette rencontre a offert une plateforme pour discuter des résultats des études, partager les expériences et explorer les moyens de renforcer la collaboration pour accélérer la lutte contre l’onchocercose et d’autres maladies similaires.

Cette étude, qui est un deuxième volet d’un projet de développement mondial de moxidectine pédiatrique, vise à évaluer les préférences et les opinions des « utilisateurs finaux » concernant les médicaments oraux/formulations utilisés pour traiter les jeunes enfants.

Une étude mixte qualitative et quantitative a été menée dans quatre districts de santé ruraux endémiques à l’onchocercose dans quatre régions du Cameroun (Ouest, Centre, Adamawa, Littoral). En 2018, le médicament moxidectine a été approuvé par la FDA américaine pour le traitement de l’onchocercose. Plusieurs essais cliniques ont rapporté un effet plus fort et plus prolongé de la moxidectine par rapport à l’ivermectine.

Elle représente donc une alternative prometteuse à l’ivermectine pour atteindre l’élimination de l’onchocercose, comme ciblé par l’OMS. La loase, une autre filariose, est causée par le ver filaire Loa Loa et représente un défi majeur pour l’élimination de l’onchocercose en Afrique centrale. En effet, plusieurs décès et d’innombrables événements indésirables graves (EIG) ont été rapportés dans des zones endémiques de loase suite à l’administration d’ivermectine. Le principal mécanisme de ces EIG est l’effet microfilaricide puissant de l’ivermectine, entraînant un drainage passif des microfilaires. Loa qui obstrue la microcirculation.

Les résultats de ces études sont très encourageants. La moxidectine s’est révélée être un médicament très efficace pour lutter contre l’onchocercose, avec une tolérance très bonne chez les patients. De plus, les formulations orales de la moxidectine, spécialement conçues pour les jeunes enfants, ont été bien acceptées par les utilisateurs finaux.

La moxidectine représente un véritable espoir pour les populations vivant dans les zones endémiques de l’onchocercose. Ce médicament pourrait permettre de réduire considérablement le nombre de personnes atteintes par cette maladie et d’améliorer significativement leur qualité de vie.

Les résultats des études présentées à l’atelier de l’ISM marquent une étape importante dans la lutte contre l’onchocercose. La moxidectine est un outil précieux qui permettra d’accélérer l’élimination de cette maladie et d’améliorer la santé des populations les plus vulnérables. Cet atelier de restitution marque un nouveau départ pour la recherche scientifique au Cameroun. En ouvrant ses portes au grand public, l’ISM de Yaoundé a démontré que la recherche camerounaise est vivante, dynamique et porteuse d’espoir. Il est à espérer que cet exemple sera suivi par d’autres institutions et que la recherche deviendra un pilier du développement du pays.

Elvis Serge NSAA

 

« La Moxidectine, une nouvelle arme contre l’onchocercose »

Le Professeur Joseph Kamgno, Directeur de l’Institut Supérieur de Recherche Scientifique et Médicale (ISM), présente les résultats de deux études sur la moxidectine, un nouveau médicament prometteur pour lutter contre l’onchocercose, une maladie endémique qui affecte de nombreuses communautés en Afrique. La moxidectine, similaire à l’ivermectine, offre une nouvelle perspective pour éliminer cette maladie grâce à son efficacité à faire disparaître les microfilaires de la peau des patients, empêchant ainsi la transmission de la maladie.

Alors, ce qui nous réunit ce matin, c’est la restitution de deux études menées ici à l’Institut supérieur de recherche scientifique et médicale, qui portent sur un nouveau médicament de lutte contre l’onchocercose, à savoir la moxidectine. La moxidectine est une nouvelle molécule très similaire à l’ivermectine, ou Mectizan, mais très efficace également. Et c’est une autre arme que nous avons aujourd’hui pour lutter contre l’onchocercose.

Concrètement, qu’est-ce que cela apporte comme nouveauté?

La nouveauté de la moxidectine, c’est son efficacité. C’est-à-dire que c’est un médicament qui, une fois pris par les patients atteints d’onchocercose, fait disparaître les microfilaires de leur peau, et donc ces personnes ne pourront plus transmettre l’onchocercose.

Nous comptons sur cette molécule pour contribuer réellement à éliminer l’onchocercose. Je ne dis pas que le Mectizan, que nous continuons à utiliser, a des problèmes; c’est un médicament que nous allons continuer à utiliser. Mais il y a des zones où l’onchocercose est vraiment très sévère et où nous distribuons le Mectizan depuis plusieurs décennies, et les niveaux de prévalence sont toujours très élevés. Nous pensons que dans ces zones où la maladie est très sévère, la moxidectine pourrait apporter un plus pour que nous arrivions réellement à l’élimination de l’onchocercose.

Est-ce que le médicament est disponible ou est-ce qu’on peut le trouver?

À ce stade, le médicament n’est pas encore vraiment disponible. Nous sommes encore tout au début. Mais nos équipes, en tout cas pour l’ISM, ont déjà utilisé la moxidectine sur les sites d’où viennent les participants à la restitution de ce matin. Nous l’avons déjà utilisée. Nous l’aurons également pour les mois qui viennent, pour certains foyers seulement, pas pour l’ensemble du Cameroun, mais pour certains foyers où la maladie est vraiment très sévère. D’ici quelques mois, nous allons donner un peu plus de précisions sur les sites qui pourront bénéficier de la moxidectine.

Quel accompagnement peut-on bénéficier des partenaires internationaux ou des partenaires nationaux pour booster la recherche et notamment la production du produit que nous avons présenté ce matin?

La recherche sur le médicament est notre préoccupation. Nous travaillons depuis 20 ans, voire plus, sur les médicaments, car, comme je l’ai dit tout à l’heure, les médicaments pour les endémies de chez nous ne bénéficient pas vraiment de l’investissement de la part de l’industrie pharmaceutique, car le marché est très réduit.

Comme je le disais tout à l’heure, si quelqu’un crée un médicament pour les communautés, il est évident que le retour sur investissement ne sera pas comme pour les médicaments contre d’autres maladies, comme le cancer, l’hypertension artérielle, le diabète, qui sont endémiques dans le monde entier. Et les laboratoires qui travaillent sur ces médicaments vont les vendre à tous les pays du monde et à des personnes riches. Contrairement aux endémies de nos villages, où les gens n’ont pas beaucoup d’argent pour acheter le médicament.

Nous avons pensé, depuis plusieurs années, qu’il serait important pour nous, l’équipe locale, l’équipe africaine, de continuer à travailler sur les médicaments que nous pourrons utiliser pour lutter contre les endémies chez nous. Et donc, nous encourageons les jeunes, les étudiants—nous en avons ici, et il y en a qui ont même reçu des prix au niveau africain et mondial, que nous avons présentés tout à l’heure—pour les efforts qu’ils déploient pour développer les médicaments que nous pourrons utiliser pour lutter contre les endémies présentes dans notre pays.

E.S.N

Selon Dr. WAFEU Guy, médecin et assistant de recherche à l’ISM, ces résultats préliminaires ouvrent la voie à de nouvelles recherches pour valider l’efficacité de ce médicament dans le contexte local.

La deuxième enquête visait essentiellement à nous rassurer que ce médicament apporte une grande sécurité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de risque majeur ou de dangers énormes liés à la prise de ce médicament, surtout chez les personnes qui ont ce qu’on appelle la loise. Et le résultat était très intéressant, car on a pu se rendre compte que, comparé au Mectizan, ce médicament ne présente quasiment aucun risque supplémentaire. Et donc, ce serait suffisamment sûr, comme on dit en anglais, pour pouvoir prendre ce traitement. Et là, comme on l’a dit déjà tout à l’heure, ce ne sont que des études préliminaires. Ce sont les premières étapes qui devraient certainement nous amener à plus de travaux de recherche pour que ce médicament puisse réellement être utilisé dans notre contexte.

Donc, la recherche que nous avons menée dans ce domaine était vraiment intéressante. Tout s’est bien passé. Et nous avons vraiment eu la collaboration et la participation de tous les partenaires à différents niveaux, de la partie centrale au district, aux travailleurs de santé de la communauté, qui étaient vraiment disponibles pour travailler avec nous.

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