Selon La présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC), experte nationale et internationale en santé de reproduction, plus de 40 % des urgences reçues en Gynécologie obstétrique sont liées à un avortement provoqué. Les principales victimes sont les adolescentes, jeunes et célibataires, vivant en milieu urbain ou rural, allant à l’école ou pas.
L’avortement ou interruption volontaire de grossesse (IVG) constitue un délit au Cameroun. Sont à cet effet, sanctionnés par l’article 337 alinéa 1 du Code pénal « la femme qui se procure l’avortement à elle-même ou qui y consent » et le professionnel de santé qui pratique cet avortement. Si la femme risque seulement une peine d’emprisonnement de 15 jours à un an et une amende de 5000 à 200 000 FcFA, le praticien de santé s’expose, sur la base de l’alinéa 2 de l’article 337 du Code pénal, à une sanction plus sévère. Non seulement il peut écoper d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et être condamné à payer une amende de 100 000 à 2 000 000 Fcfa, le juge pénal peut ordonner la fermeture de son local professionnel ce qui entraîne pour lui, l’interdiction d’exercer. Ces peines sont doublées si le professionnel est un délinquant se livrant habituellement à des avortements.
Les seules justifications admises dans le domaine de l’Ivg sont l’avortement thérapeutique prévu simultanément par les articles 339 du Code pénal et 29 alinéas 2 du Code de déontologie des médecins lorsque la poursuite de la grossesse peut mettre en péril la vie de la femme et l’avortement résultant d’un viol. Dans ce second cas, l’avortement sera licite « après attestation du ministère public sur la matérialité des faits ».
Malgré cet encadrement drastique, la pratique des avortements clandestins, surtout chez les adolescentes, ont fait leur lit au Cameroun, favorisés par la perte des repères moraux qu’accentue une pauvreté généralisée. C’est la raison pour laquelle, la présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC), Annie Hortense Atchoumi a lancé un plaidoyer pour l’avortement sécurisé au Cameroun. C’était lors d’un atelier de formation des spécialistes de la santé de la mère et de la reproduction sur l’avortement sécurisé, à Goya Nkolbisson, dans le septième arrondissement de la ville de Yaoundé. La présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC) a noté que l’avortement non médicalisé est l’une des principales causes de mortalité maternelle au Cameroun. La communication de la présidente de l’Asfac portait sur les normes et standards en matière de santé de reproduction et de planning familial dans notre pays. « Nous avons constaté que des cabinets de soins qui sont censés faire de simples pansements font des avortements, voire des césariennes alors qu’ils n’ont pas un plateau technique adapté ».
Ainsi, « plus l’âge de la grossesse est avancé, plus le traitement nécessite une équipe plus spécialisée et un équipement plus important », peut-on lire dans l’un des documents. Place ensuite aux soins après avortement dont les normes prévoient cinq composantes qui sont les soins d’urgence, le counseling après avortement, la planification familiale, les liens avec les autres services de santé de la reproduction et les liens avec la communauté. En tout état de cause, prescrit la présidente de l’Asfac, « l’avortement thérapeutique doit être fait dans une formation sanitaire de 4e, 2e, 3e et 1ère catégories » et « la patiente doit être internée pendant tout le processus ». Une étude qui conclut que les avortements (24%) et les grossesses extra-utérines (5,8%) contribuent pour 30% aux décès maternels.
Interrogée sur la question, la présidente, a précisé que ces décès sont surtout consécutifs à des avortements mal effectués, des interruptions volontaires ou spontanées de grossesse non ou mal encadrées.
En effet, selon une étude réalisée en 2017, la tranche d’âge de 20 à 24 ans est la plus représentée (33,1%) dans cette mortalité du fait de l’avortement, suivie de celle de 25 à 29 ans (24,19%).
Elvis Serge NSAA