Santé et bien-être – L’incidence des discours de haine et de xénophobie sur la santé mentale

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Afin d’implémenter efficacement la campagne de communication contre le discours de haine et de xénophobie, la Commission Nationale Pour le Bilinguisme et le Multiculturalisme a séjourné à Bertoua du 15 au 18 juin 2021.

Instruite par le Président de la République son excellence Paul Biya, cette campagne a pour objectif de faire connaitre le travail de la Commission Nationale Pour le Bilinguisme et le Multiculturalisme (CNPBM) d’une part, d’autre part il est question d’amener les Camerounais à revoir leurs façons de conduire leur vivre ensemble, ainsi que les mentalités qui tendent à  se développer dans le sens du rejet de l’autre, plutôt que d’opter pour la cohésion et l’intégration afin de préserver la paix et de l’unité entre compatriote.

« Bamenda, Maguida, Anglophone, Gadamayo, Bamilké… », sont des termes employés au quotidien sur l’étendue du territoire national, des termes à l’apparence anodins mais qui, font plus de mal que l’on ne pourrait imaginer. Nous l’ignorons peut-être, mais de tels propos peuvent impacter notre santé mentale. La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ; en d’autres termes, la santé mentale c’est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté.

Alors, les discours de haine ou de xénophobie ont-ils une incidence sur la santé mentale ?

Joël DJATCHE, psychologue clinicien et par ailleurs Coordinateur UNI-PSY (organisation spécialisée dans la santé mentale psychologique) répond par l’affirmative : « si on est dans un environnement où on est rejeté et où on ne nous aime pas, ça veut dire les besoins inhérents à la personne humaine (notamment celui de relation) ne sont pas satisfaits. En effet, l’expérience d’une situation où un individu reçoit les discours de haine, ou est traité comme un étranger, lui donne d’éprouver que l’autre n’a pas beaucoup de considération pour lui, ou sinon pas du tout. Ce sentiment de rejet, de diminution dans ses potentialités et dans ses supposés droits, réduit son humanité, parce que n’étant pas considéré à sa juste valeur, ce qui rendra conflictuel son rapport à l’autre. Les interactions conflictuelles peuvent impacter la santé mentale dans la mesure où, étant dans l’incapacité de surmonter ce type de sentiments (culpabilité, emprise, perte d’estime et de confiance en soi, etc.) peut aboutir à des conduites (auto et hétéro agressives) d’autodéfense qui vont au-delà de l’affirmation de soi. Comme conséquences immédiates nous pouvons citer entre autres : la perturbation du sommeil entrainé par le fait de ruminer les mots de haine ; la fatigue et le mal-être qui peuvent engendrer une pathologie (dépression, une phobie sociale, anxiété). 

Le discours de haine associé à celui de la xénophobie peut également entrainer une sorte de décompensation de l’être humain car tout comme ce dernier a besoin de manger, il a également besoin d’être en relation avec autrui.  Tout comme l’être humain a besoin de se réaliser dans la société (le fait de se sentir rabaissé tout le temps l’empêchera d’entreprendre quoi que ce soit par défaitisme), il a plus que tout besoin d’aimer et surtout d’être aimé en retour ; pour ce faire, ses relations se doivent d’être saines car lorsque ces dernières sont malsaines, cela donne lieu à des besoins insatisfaits, dont le cumul causera une pathologie qui va impacter la santé mentale.

« Le discours lorsqu’il est prononcé de manière lancinante peut avec le temps causer des microtraumatismes chez certaines personnes car, se faire taxer de quelque chose de pas bien, ne pas être considéré et être mis à l’écart (ce à quoi renvoie la haine et la xénophobie) peut aboutir à des traumatismes complexes ». Et si rien n’est fait, la chaîne ne s’arrêtera jamais car : « pour supporter cet état de chose, il faut que le côté psychologique l’accepte (comme une situation normale) une fois que c’est fait, la victime se transforme en bourreau » nous prévient Joël DJATCHE, psychologue clinicien. Cet avertissement devrait pousser chacun à son niveau à se porter garant de la santé mentale de son prochain.

Murielle ESSON EBANGUE

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