Santé mentale: 77 Pamme intègrent le Village de l’amour
Action menée par le maire de la ville de Yaoundé, Luc Messi Atangana, et le ministre de la Santé publique, le Dr Manaouda Malachie, ce 20 juillet 2024, dans les 7 arrondissements de la cité capitale.
L’opération retrait des personnes atteintes de maladies mentales errantes (PAMME) a permis d’améliorer la situation de nombreuses personnes souffrant de troubles mentaux à Yaoundé. Elle a contribué à les sortir de la rue, de leur offrir soins et accompagnement, et de favoriser leur réinsertion sociale. Cependant, il est important de noter que l’opération retrait des PAMME est un processus continu qui nécessite des ressources et une implication soutenue de tous les acteurs concernés.
L’opération de retrait des personnes atteintes de maladies mentales (PAMME) dans la ville de Yaoundé est une initiative visant à identifier, secourir et prendre en charge les personnes souffrant de troubles mentaux sévères et errant dans les rues. 77 Pamme ont été retirés de la rue, dans les 7 arrondissements de la ville de Yaoundé, ce 20 juillet 2024. C’est le résultat d’une opération menée par le maire de la ville de Yaoundé, Luc Messi Atangana, et le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie. « Chaque patient est unique, avec ses propres besoins et son propre parcours de vie ». « Il est important de prendre le temps de les écouter et de les comprendre pour leur apporter un accompagnement personnalisé et humain », explique un responsable du Village de l’amour.
Il est également important de sensibiliser la population aux problèmes de santé mentale et de lutter contre la stigmatisation des personnes malades. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les familles pour leur apporter soutien et informations ». « Il est important de les impliquer dans la prise en charge de leur proche et de respecter leurs volontés », explique une infirmière du Village de l’Amour.
« Le manque de personnel est un problème majeur qui affecte la qualité de la prise en charge des patients ». « Nous sommes souvent débordés et avons du mal à répondre à tous leurs besoins. » La socialisation des PAMME (personnes atteintes de maladies mentales errantes) est un processus visant à favoriser leur réinsertion sociale et à leur permettre de vivre dignement au sein de la communauté. « La bureaucratie et les lourdeurs administratives nous prennent beaucoup de temps et d’énergie que nous pourrions consacrer aux patients ». Il s’agit d’un ensemble d’actions et de mesures qui visent à lutter contre la stigmatisation et la discrimination. « La maladie d’Alzheimer est une maladie progressive et souvent cruelle ». Il est parfois difficile de voir nos patients se dégrader et de les accompagner dans la fin de leur vie.
Les PAMME ont souvent des difficultés à accéder aux services de santé, d’éducation, d’emploi et de logement. « Malgré les difficultés, il y a aussi beaucoup de moments de satisfaction dans notre travail ». « C’est gratifiant de voir l’amélioration de l’état d’un patient ou de pouvoir soulager la souffrance d’une famille. » Les équipes de prise en charge des PAMME jouent un rôle essentiel dans la vie des personnes malades d’Alzheimer et de leurs familles. « Les relations que nous tissons avec les patients et leurs familles sont précieuses ». C’est une chance de pouvoir les accompagner dans un moment difficile de leur vie. Des équipes formées, composées de travailleurs sociaux et de personnel de sécurité, approchent les PAMME de manière calme et respectueuse pour établir un contact et gagner leur confiance. Une évaluation médicale et psychiatrique est réalisée pour déterminer les besoins spécifiques de chaque PAMME quand il arrive au Village de l’amour. En fonction de l’évaluation, les PAMME sont orientés vers les structures de prise en charge adéquates. Les PAMME bénéficient de soins médicaux, psychiatriques et psychosociaux dans les centres de prise en charge.
Des programmes de réinsertion sociale sont mis en place pour aider les PAMME à retrouver leur autonomie et à se réintégrer dans la société. « Nous avons besoin de plus de formations pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer et les besoins spécifiques des patients ». La socialisation vise à faciliter leur accès à ces services et à leur garantir les mêmes droits que les autres citoyens. Les PAMME peuvent avoir perdu leurs liens familiaux et sociaux en raison de leur maladie. La socialisation vise à les aider à reconstruire leurs liens sociaux et à se créer un nouveau réseau de soutien. « Il serait important que notre travail soit mieux reconnu et valorisé ». « Nous sommes des professionnels dévoués qui faisons notre maximum pour accompagner les personnes malades et leurs familles », confie une psychiatre. Les PAMME peuvent avoir besoin d’aide pour acquérir ou retrouver des compétences de vie quotidienne, telles que la gestion de leur budget, la préparation de repas ou l’entretien de leur logement. La socialisation vise à les aider à développer ces compétences et à gagner en autonomie. La socialisation vise à favoriser l’inclusion des PAMME dans la vie sociale et professionnelle.
Dr Justine Laure Menguene Mviena, psychiatre camerounaise, est effectivement reconnue pour son action dans la prise en charge des personnes atteintes de maladies mentales errantes dans les rues de Yaoundé. En tant que sous-directrice de la santé mentale au ministère de la Santé publique et présidente du Comité d’organisation de la prise en charge des personnes atteintes de maladies mentales et errantes (PAMME), elle a joué un rôle crucial dans le retrait des Pamme de la rue à Yaoundé. Son engagement et ses efforts pour améliorer la santé mentale des populations camerounaises, en particulier des plus vulnérables, lui ont valu de nombreuses distinctions, dont le prix d’excellence du leadership féminin en santé décerné par le groupe Echos Santé en 2022. L’opération retrait des PAMME a permis d’améliorer la situation de nombreuses personnes souffrant de troubles mentaux à Yaoundé. Elle a permis de les sortir de la rue, de leur offrir des soins et un accompagnement, et de favoriser leur réinsertion sociale. Cependant, il est important de noter que l’opération retrait des PAMME est un processus continu qui nécessite des ressources et une implication soutenue de tous les acteurs concernés.
Elvis Serge NSAA
« Les injections sont intramusculaires uniquement ».
On appelle cette injection le cocktail. Ce sont des neuroleptiques qui ont pour but de pouvoir neutraliser et calmer les malades, surtout ceux qui sont agités. Quand on les prend dans la rue, ils sont eux-mêmes effrayés parce que vous voyez un groupe de personnes devant vous et vous demandent de venir à l’hôpital Jamot pour une prise en charge ; pour vous soigner. Le PAMME se demande : est-ce que je suis malade pour que vous me soigniez ?
Il faudrait lui faire comprendre que c’est pour son bien, et que tout le monde ne coopère pas toujours, d’où la nécessité du cocktail. Après 72 heures, si le PAMME s’agite toujours, on passe à la voie injectable. Pendant au moins 14 jours, on fait une évaluation. Les injections sont intramusculaires uniquement. Les traitements vont de 3 à 6 mois et plus en fonction de la pathologie, de la gravité et de l’évolution du patient.
« Mon rôle ici, c’est de protéger les patients ».
Mon rôle ici, c’est de protéger ces patients pour qu’ils ne sortent pas de nouveau dans la rue. Mais aussi les disciplinés. Quand ils se lèvent le matin, ils prennent le bain et ils se brossent les dents avant la prise des médicaments. Je dois toujours assister parce que, parmi eux, il y a ceux qui sont malins : quand on leur remet les médicaments, ils les jettent. Je dois contrôler cette prise de médicament. Mon rôle, c’est de contrôler cette prise de médicament.
Maintenant, quand les patients arrivent, nous sommes obligés de leur donner un coup de main. Je les aide à prendre leur bain, à tailler les ongles et à faire la propreté de manière générale. Après cette étape, nous allons mettre la propreté sur le site du Village de l’amour et terminer par la désinfection du site.
Propos recueillis par Frieda NGO YEM Stg
« La première difficulté que nous avons est financière ».
C’est vrai, c’est simple, mais ce n’est pas vraiment simple. C’est un peu compliqué. C’est simple dans la mesure où c’est notre travail, c’est la formation que nous avons faite, et ça nous plait de pouvoir subvenir à tous ceux qui sont là et qui sont nos pensionnaires. Le matin, lorsque l’on se lève, ici généralement, on fait sortir les malades ; on fait la prière et ils chantent l’hymne national. Ensuite, nous commençons avec la propreté, parce qu’elle est de rigueur. Vous savez, les malades, quand ils sont dans la rue, les notions de propreté sont un peu oubliées.
Ça fait partie de l’une des choses élémentaires qu’on commence à les rééduquer avec. Le matin, tout le monde prend son bain. Après le bain, on fait la propreté des locaux et les plus forts s’occupent des plus faibles. Quand je parle des plus faibles, c’est-à-dire les personnes âgées. Nous avons certains-là qu’on appelle déjà les incidents managers qui sont déjà bien stables. Oui, qui nous aident à prendre soin des autres, c’est-à-dire, les laver et les habiller.
Lorsque le repas est près, on passe à la phase d’administration et des médicaments. Lorsque nous allons finir d’administrer les médicaments à chacun, selon la posologie de tout un chacun, et selon les spécificités de tout un chacun, présents ceux qui ont maintenant les pansements, les fractures et les autres maladies, oui, nous prenons également soins. Lorsque nous avons fini, c’est ainsi que l’on recommence à faire la ronde pour voir ceux-là qui ne vont pas bien.
Pendant ce temps, puisqu’il faut noter que, sur le site, nous sommes une équipe pluridisciplinaire. Nous avons également les psychologues qui sont là qui s’occupent de rééduquer ceux-là qui sont déjà stables, qui continuent avec les psychothérapies, qui continuent avec la psychoéducation. Même ceux-là qui sont toxicomanes, nous continuons à les suivre avec les thérapies.
Nous rencontrons beaucoup de difficultés. Il faut déjà noter que, le matériel, nous en avons. Mais ce n’est pas un matériel adéquat. C’est la première difficulté que je peux noter. Nous, des travailleurs bénévoles. Nous avons des difficultés financières. Nous habitons vraiment loin, très loin. De fois, les uns et les autres, nous sommes obligées de marcher à pied pour essayer de diminuer le trajet avant d’arriver ici.
Lorsque vous arrivez, vous ne passez même pas la journée à dire que vous vous reposez, vous êtes mise encore à travailler durant toute la journée. Le soir, vous devez encore rentrer. Du coup, ce n’est pas évident. Donc, la première difficulté que nous avons est financière.
Voilà mon collègue que sa première femme a carrément fui. Parce qu’il n’y avait plus l’argent. La deuxième difficulté est le matériel de travailler. On a beaucoup d’organicités sur le site. Nous avons ceux qui arrivent que la voiture a cogné et abandonné, ceux qui viennent avec les fractures ouvertes. Nous n’avons vraiment pas le matériel adéquat pour pouvoir prendre en charge. Mais nous arrivons à faire avec les petits moyens que nous avons.
Et par la grâce de Dieu, ça donne. Mais ça ne donne pas comme il faut. Parce que parfois, on a l’autre là-bas que la blessure est carrément finie, mais on sent qu’il y a une infection de l’os, du coup parce que le matériel n’est pas adéquat. On a besoin des tensiomètres, des plateaux, des pinces. Le cadre n’est pas adéquat : regarder où nous dormons, ce n’est pas évident. Nous pouvons tomber malades à tout moment alors qu’on vient faire le bénévolat.
Propos recueillis par Frieda NGO YEM Stg