Santé mentale : Les coiffeuses plus proches des problèmes des femmes

D’après une étude rendue publique en 2021 par la Bluemind Fondation, 67% de femmes reconnaissent se confier à leur coiffeuse. Un programme pour former les ambassadrices de la santé mentale se déroule à Douala depuis le 23 avril 2023 et s’achève ce jour.
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Il est clair qu’en Afrique, les victimes d’abus, de violence conjugale et bien d’autres maux, ont toujours du mal à s’exprimer devant un professionnel de la santé. Cependant, dans leur environnement, la personne qui est au même de constater les éraflures ou d’écouter les victimes sont les professionnels de la beauté. Une étude conduite par la Bluemind Fondation dans 7 pays d’Afrique à savoir Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, etc. a montré que 67% de femmes reconnaissait se confier à leur coiffeuse. C’est dans cette logique que la Fondation Bluemind accompagnée par le Fonds d’innovation pour le développement (FID) a mis en place le programme Heal By Hair qui signifie Guérir par le cheveu. Ce programme permet en effet d’outiller les coiffeuses afin qu’elles soient en mesure de pouvoir accompagner leurs clientes.

L’objectif de ce programme n’est pas de transformer les coiffeuses en psychiatre, rassurent les organisateurs. « Nous formons les ambassadrices en santé mentale, nous ne formons pas des médecins », précise Marie-Alix de Putter, présidente et fondatrice de la Bluemind Fondation. Cette année, ladite fondation a déposé ses valises à Douala, capitale économique du Cameroun. Après deux éditions réussies à Abidjan, Côte d’Ivoire où 95 coiffeuses ambassadrices en santé mentale ont été formées, la Bluemind Foundation continue sa démarche au Cameroun depuis quelques jours. Cette troisième session du programme Heal By Hair se tient du 24 au 26 avril 2023 à Akwa palace Douala. Pendant trois jours, les 65 participantes sélectionnées sont formées gratuitement aux bases de la santé mentale et aux premiers secours psychologiques. « Quand on dit santé mentale, on passe au-delà de ce qui n’est que médicale pour ouvrir aussi au non médicale et à quelque chose qui apporte une réponse qui n’est pas seulement biologique, mais qui est aussi psychologique et sociale. C’est donc dans ce cadre que l’arrivée de la Bluemind fondation à travers le programme Heal by Hair nous fait plaisir, parce que cette arrivée apporte dans un certain angle un soutien qui va essentiellement s’appuyer sur les coiffeuses, sur des personnes qui ont accès au corps qui produisent du bien-être et donc qui forcément en produisant du bien-être vont rencontrer le mal-être et qui devront donc apprendre à le repérer pour ensuite pouvoir permettre à la personne souffrante de savoir où s’orienter pour trouver le bon équilibre », a relevé Dr Christian Eyoum, Médecin –Psychiatre, en fonction l’hôpital Laquintinie de Douala.

Femmes africaines

« En Afrique, plus de 110 millions de personnes souffrent de problèmes de santé mentale dont 60% sont des femmes âgées de moins de 25 ans. Ce qui fait environ 66 millions de femmes. Nous avons réalisé une étude qui a été publiée en novembre 2021. C’est un rapport d’étude croisé entre les femmes africaines et leurs coiffeuses. Dans cette étude, plus de 67% des femmes africaines indiquent se confier à leurs coiffeuses ; 6 femmes sur 10 reconnaissaient que si une coiffeuse est formée aux premiers secours en soins dans le domaine de la santé mentale et de la psychologie, elles seraient prêtes à davantage lui faire confiance ; plus de 90% des coiffeuses ont déclaré être prêtes à être formées sur ces sujets-là et devenir ambassadrice de la santé mentale », relève Marie-Alix de Putter.

Pour le Dr Christian Eyoum, au regard de cette étude, l’urgence est là. « La santé mentale est un facteur important dans notre société », fait-t-il savoir, tout en révélant que le service de santé mentale de l’hôpital Laquintinie de Douala a effectué au 31 décembre 2022, 4 305 consultations, avec une moyenne comprise entre 300 et 500 consultations par mois. Les coiffeuses de cette édition du programme Heal by hair sont issues des quartiers Bépanda, New-Bell et Brazzaville à Douala. Elles sont propriétaires ou gérantes de salons de coiffure et ont au moins deux ans d’expérience. La moyenne d’âge est de 33 ans.

Ghislaine DEUDJUI

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