Santé pour tous dans le Mayo-Tsanaga Un engagement fort du Chef de l’Etat à travers une campagne gratuite.
Du 25 au 30 août 2024, la troisième édition de la campagne de santé gratuite dans le Mayo-Tsanaga, placée sous le haut patronage du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, a pour objectif d’améliorer la santé des populations du Mayo-Tsanaga à travers des consultations médicales, des dépistages et des interventions chirurgicales variées.
Ladite campagne de santé 2024, placée sous la houlette du ministre de la Santé Publique, a été officiellement lancée ce 24 août à Mokolo dans la region de l’ Etreme-Nord, par, le Dr Manaouda Malachie, accompagné des élites du département du Mayo-Tsanaga.
Cette initiative majeure s’inscrit dans une démarche gouvernementale visant à sensibiliser les citoyens aux risques sanitaires auxquels ils sont confrontés au quotidien, tout en promouvant des comportements de prévention adaptés.
Mokolo, la capitale du département du Mayo-Tsanaga, a vibré au rythme de la santé samedi dernier. En effet, la troisième édition de la campagne de santé gratuite, placée sous le haut patronage du Président de la République, a été officiellement lancée. Cette initiative, pilotée par le ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie, vise à offrir des soins de qualité à des milliers de Camerounais dans cette partie du pays.
“Une action pour une meilleure santé des populations du Mayo-Tsanaga”. Du 25 au 30 août 2024, médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé seront déployés sur quinze sites répartis dans les sept arrondissements du département. Pendant une semaine donc, ce programme proposera un minimum de 20 000 consultations médicales, 500 interventions chirurgicales pour traiter la cataracte, ainsi que 500 opérations générales. En outre, il est prévu de réaliser 5 000 dépistages de l’hypertension artérielle et 2 500 dépistages pour le diabète et l’hépatite.
Le déploiement sanitaire touchera les différents recoins de cette partie du Cameroun, avec des services de santé organisés dans plusieurs hôpitaux de district, dont l’hôpital régional annexe de Mokolo, qui servira de site central. Plus de 300 professionnels de santé, incluant médecins, infirmiers et pharmaciens, seront mobilisés pour cette opération, avec des spécialistes provenant non seulement des différentes régions du Cameroun, mais également de l’étranger. Parmi les objectifs spécifiques figurent la sensibilisation d’au moins 80 % de la population sur les messages de prévention du paludisme, le dépistage et le traitement de 95 % des cas identifiés, ainsi que la formation de 500 relais communautaires chargés de la distribution de 50 000 moustiquaires imprégnées.
Le Professeur Sadok Korbi, qui dirige la délégation de spécialistes tunisiens, a souligné l’importance de cette contribution multidisciplinaire, affirmant que l’objectif est non seulement de soigner la population, mais aussi de partager des expériences et de renforcer les compétences des jeunes médecins camerounais.Il s’ est exprimé comme suit: « Nous allons ensemble avec les collègues du Cameroun réaliser des soins à la population, partager nos expériences et apporter nos contributions aux jeunes médecins » Le minister de la santé publique, le Dr Manaouda Malachie quant à lui, a exprimé son espoir que les populations répondront massivement à cet appel du chef de l’État et tireront profit des soins offerts durant cette campagne. «S’agissant de la campagne de santé, tout est fin prêt. On espère que les populations vont honorer cet acte du chef de l’État, et qu’ils vont pouvoir apprécier, se faire soigner au cours de cette champagne» a-t-il déclaré.
Parallèlement à ces activités, le ministre a inspecté les chantiers de construction en cours à l’hôpital régional annexe de Mokolo, qui comprennent un Centre d’hémodialyse, un laboratoire moderne et un bâtiment consacré aux urgences. Soucieux de la qualité des travaux, il a insisté sur l’importance de respecter les délais d’exécution des projets afin d’assurer le développement optimal des infrastructures de santé au Cameroun.
La troisième campagne de santé gratuite qui de déroulera du 25 au 30 août 2024, s’inscrit ainsi dans une vision globale et continue du gouvernement pour améliorer le bien-être et la santé de tous les citoyens camerounais, en répondant aux défis sanitaires actuels et futurs.
Samuel ADJEWA
INTERVIEW : Dr Manaouda Malachie, Ministre de la Santé publique
« Notre objectif est de fédérer les efforts de tous pour permettre à chacun de bénéficier de soins de qualité et de vivre en bonne santé. »
Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous éclairer sur les motivations qui ont présidé à l’organisation de cette campagne de santé gratuite dans le département du Mayo-Tsanaga ?
Nous en sommes à la troisième édition de cette vaste campagne de santé portée par la plateforme de développement du département du Mayo-Tsanaga. Le privilège accordé par le Président de la République, Son Excellence Paul Biya, de nous confier ces responsabilités nous a permis de constater, à travers les différentes enquêtes démographiques de l’ODS de 2018, les données de l’OMS et nos propres statistiques ministérielles, que les régions septentrionales accusent un retard significatif en matière d’indicateurs de santé par rapport aux autres régions du pays. Par ailleurs, ces régions sont régulièrement confrontées à des épidémies, aggravées par une densité de population élevée et bien d’autres facteurs. Cette situation nous incite à organiser régulièrement des campagnes de prévention. En tant qu’élites locales, nous avons le devoir d’aider nos concitoyens les plus vulnérables, souvent contraints de vivre avec des maladies chroniques faute de moyens financiers. Il est inacceptable qu’une personne puisse décéder d’une maladie curable pour quelques 5000 FCFA. C’est pourquoi nous avons lancé, il y a trois ans, cette initiative visant à améliorer l’accès aux soins de santé dans les régions septentrionales. Notre objectif est de fédérer les efforts de tous pour permettre à chacun de bénéficier de soins de qualité et de vivre en bonne santé.
Comment mesurerez-vous l’amélioration de la santé des populations ciblées par cette campagne ?
Comme je l’ai dit, nous en sommes à la troisième édition de cette campagne, alors, nous avons pu accumuler une quantité significative de données. Ces données, analysées et diffusées auprès des communautés par l’intermédiaire des agents de santé communautaires, des structures de dialogue social et d’autres acteurs locaux tels que les associations et les partis politiques, nous permettent de mesurer l’impact réel de nos actions. Nous avons pu à travers ces canaux récolter un ensemble d’informations qui nous montrent effectivement que les campagnes de santé que nous avons fait que ce soit en 2021, 2022, 2023 ont un impact certain sur la santé de la population ; nous le mesurons aussi à travers la fréquentation des formations sanitaires. Même s’il faut tout de même reconnaitre qu’en 2021 nous luttions contre la Covid-19 comme vous le savez, par conséquent nous n’avons pas fait quelque chose d’envergure, mais en 2022, 2023 et aujourd’hui 2024 les actions sont menées à fond.
En effet, depuis 2022, nous constatons une amélioration notable de la santé de la population. La fréquentation des centres de santé a augmenté de manière significative, témoignant d’une sensibilisation accrue et d’une demande de soins plus importante. Les informations recueillies auprès des patients nous permettent également d’avoir une vision plus globale de l’état de santé des communautés.
De plus, nous observons une baisse significative du taux de mortalité. Alors que nous enregistrions auparavant une quarantaine de décès par mois, ce chiffre est désormais inférieur à dix. Un témoignage récemment recueilli confirme cette tendance, évoquant même des périodes de trois mois sans aucun décès enregistré dans certaines zones. Ces résultats encourageants sont le fruit d’une stratégie axée sur la prévention et la promotion de la santé. Nous fournissons aux populations les outils nécessaires pour prévenir les épidémies, les maladies évitables et les maladies chroniques non transmissibles. Nous réalisons également un suivi régulier de l’état de santé des populations à travers la collecte de données pertinentes
Justement comment vous assurez-vous que les populations les plus vulnérables et celles vivants dans les zones reculées du Mayo-Tsanaga puissent bénéficier pleinement de cette campagne ?
Ça c’est notre cible prioritaire ! Le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, nous éclaire là-dessus ! C’est-à-dire que, la santé ne devrait pas seulement être la santé des communautés urbaines, ça ne doit pas être uniquement la santé de ceux qui ont un peu plus de moyens, ça ne doit pas être la santé de ceux qui ont la possibilité d’aller se faire un scanner quand ils le veulent, une IRM quand ils veulent, ça doit être la santé de ceux qui n’ont pas de moyens. C’est d’ailleurs pour cela que vous allez voir que le Président de la République, tient à ce que la couverture santé universelle dans sa phase 1 soit disséminée à travers nos zones rurales. Notre zone d’action prioritaire c’estt les communautés rurales. Donc, dans le cadre de cette campagne, nous ne venons pas le jour « J » pour dire : « Bon voilà nous sommes en train de faire la campagne, venez !». Non ! Nous avons préalablement présélectionné des agents dans les communautés, dans les zones rurales, fait une première présélection, sensibilisé, communiqué, prélevé et puis maintenant retenir une première liste pour pouvoir transmettre au secrétariat technique global de l’évènement.
Dans le cadre de cette campagne, nous avons mis en place un dispositif de sensibilisation et de dépistage précoce dans les sept arrondissements du département. Nous avons formé des agents de santé communautaires et mobilisé les populations les plus reculées, y compris dans les zones les moins accessibles.
Notre objectif est de détecter et de traiter les maladies les plus courantes, telles que les cataractes, les hernies et les plaies, qui peuvent être prises en charge à moindre coût. Nous menons également des actions de prévention et de dépistage pour les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle et l’hépatite.
Cette campagne s’inscrit pleinement dans la politique nationale de santé, en mettant l’accent sur la promotion de la santé et la prévention des maladies. Nous souhaitons ainsi réduire la pression sur les structures de soins et améliorer la qualité de vie des populations. Les données collectées lors de cette campagne serviront à alimenter les politiques de santé au niveau national et à adapter nos interventions aux besoins spécifiques de chaque région.
Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la mise en œuvre de la couverture santé universelle, telle que définie dans la politique nationale de santé ?
Notre action s’inscrit pleinement dans la politique de santé nationale. Contrairement à une idée reçue, notre priorité est la promotion de la santé et la prévention des maladies. Nous considérons qu’une personne qui a besoin de soins a déjà échoué à prévenir la maladie. Pour mener à bien ces actions, nous avons besoin de moyens conséquents et d’une collaboration étroite avec tous les acteurs concernés, y compris les autres secteurs. Nous constatons que les partenariats ne sont pas encore pleinement optimisés, ce qui peut donner l’impression que nous nous concentrons davantage sur la prise en charge que sur la prévention.
Or, notre objectif principal est de promouvoir des comportements sains et de dépister les maladies de manière précoce. C’est pourquoi nous réalisons des campagnes de sensibilisation et de dépistage au niveau des ménages, en mesurant des paramètres comme la glycémie, la tension artérielle et en effectuant des tests rapides pour le paludisme et l’hépatite. La présence de différents programmes au sein de cette campagne témoigne de notre volonté d’adopter une approche globale de la santé. En collectant des données sur le terrain, nous contribuons à l’amélioration de la politique de santé nationale et à une meilleure prise en charge des besoins des populations.
Globalement, cette campagne, tout comme les autres initiatives similaires menées dans d’autres localités, s’inscrit pleinement dans notre politique de santé nationale. Nous collectons les données issues de toutes ces campagnes afin d’informer les décisions stratégiques au niveau central et d’améliorer ainsi le système de santé camerounais dans son ensemble.
Monsieur le Ministre, pourriez-vous nous détailler les mécanismes mis en place pour assurer la pérennité des actions engagées dans le cadre de cette campagne au-delà du 30 août prochain ?
Le dispositif que nous avons mis en place est simple : chaque site de campagne est adossé à une formation sanitaire de référence. Par exemple, au niveau de l’arrondissement, le site de campagne est rattaché à l’hôpital de district. De même, le site principal de Mokolo est adossé à l’hôpital régional annexe. Cette organisation permet d’assurer une continuité des soins après la campagne. En effet, les formations sanitaires reçoivent du matériel médical et des médicaments pour prendre en charge les patients nécessitant des soins de suivi, tels que ceux ayant bénéficié d’une intervention chirurgicale. Nous restons en contact étroit avec le personnel de ces établissements pour garantir une coordination optimale et intervenir en cas de complications. Il est important de noter que cette campagne est entièrement financée par l’élite du département. Nous souhaitons ainsi soulager les formations sanitaires de toute charge supplémentaire et leur permettre de se concentrer sur leur mission principale.
Monsieur le Ministre, quelles sont les stratégies mises en place pour renforcer de manière durable les systèmes de santé locaux afin de mieux répondre aux défis sanitaires ?
Nous sommes constamment en train d’évaluer notre système de santé. Le président de la République, Son Excellence Paul BIYA, a donné des instructions claires au gouvernement. Le Chef du gouvernement, Monsieur le Premier ministre, veille à ce que nous fassions un état des lieux complet de toutes nos structures sanitaires. À cet effet, un vaste recensement est en cours. De notre côté, depuis notre arrivée à la tête de ce ministère, nous avons fait de la présence sur le terrain et de l’évaluation de nos établissements de santé une priorité. Nous évaluons régulièrement le plateau technique, la mobilité du personnel et la disponibilité des ressources humaines là où elles sont nécessaires. Cette démarche s’inscrit pleinement dans le cadre de l’évaluation globale du système.
La campagne actuelle nous permet d’identifier les besoins précis de chaque structure. Par exemple, si un hôpital souhaite effectuer des chirurgies de la cataracte, nous pouvons constater qu’il manque une lampe spécialisée. Cela nous permet d’établir une liste précise du matériel nécessaire pour chaque type d’intervention.
À l’issue de cette campagne, nous avons demandé à tous les établissements de santé, lors de la conférence des hôpitaux, de nous communiquer leurs besoins en matière de plateau technique et de ressources humaines, en les hiérarchisant. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes simultanément, il est donc essentiel de prioriser les besoins les plus urgents. Cette évaluation continue nous permet d’améliorer progressivement notre système de santé en répondant aux besoins spécifiques de chaque établissement. C’est un avantage considérable de pouvoir répondre de manière ciblée et efficace aux besoins, non seulement des hôpitaux, mais aussi des populations. En effet, ces plateaux techniques sont destinés à servir les populations. Pour répondre à leurs préoccupations sanitaires et à leurs besoins, il est essentiel de se baser sur ces équipements et de prioriser les interventions dans chaque établissement de santé.
Je pense que cette approche est bénéfique pour nous tous. J’encourage vivement ceux qui en ont la possibilité à participer à cette démarche, car ils rendront non seulement service aux populations camerounaises, mais aussi au système de santé dans son ensemble. Grâce à cette collecte de données et à l’identification précise des besoins, nous serons en mesure d’intervenir rapidement et efficacement pour améliorer le bien-être de nos concitoyens. Comme le rappelle souvent le président de la République, la sécurité sanitaire de nos compatriotes est une priorité absolue. Nous devons y consacrer toute notre attention et nos efforts, de jour comme de nuit.
Qui sont les acteurs qui ont collaboré avec votre ministère pour mettre en œuvre cette grande campagne gratuite dans le département du Mayo-Tsanaga ?
Vous serez surpris d’apprendre que nous n’avons pas de sponsors extérieurs importants pour cette campagne. Les premiers partenaires, ce sont les acteurs locaux eux-mêmes.
En premier lieu, ce sont les personnels de santé, les soignants, nos véritables « soldats de la santé », qui se sont mobilisés de manière exceptionnelle. Ils ont pris l’initiative de participer à cette campagne, portée par la plateforme de développement du Mayo-Tsanaga. Ils ont manifesté un grand enthousiasme et un fort engagement, allant même jusqu’à financer une partie de leurs déplacements (billets d’avion, carburant) pour pouvoir être présents. Cet investissement personnel est motivé par un seul objectif : améliorer la santé des populations du Mayo-Tsanaga. Ils sont conscients des difficultés auxquelles sont confrontées ces populations, souvent démunies et éloignées des grands centres médicaux. Leur engagement témoigne d’une grande humanité et d’un profond attachement à leur pays. Je suis profondément touché par cet élan de solidarité. C’est pourquoi j’en parle toujours avec beaucoup d’émotion et de respect. Ces professionnels de la santé montrent l’exemple en agissant pour le bien-être de leurs concitoyens, contribuant ainsi à l’émergence du Cameroun souhaitée par le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA.
En deuxième lieu, il y a l’élite, comme je l’ai mentionné, qui s’est mobilisée en apportant des contributions diverses. Par exemple, certains ont mis à disposition leurs logements, car vous avez pu constater que Mokolo ne dispose pas d’un nombre suffisant d’hôtels pour accueillir toutes les équipes.
En troisième position, certaines structures nous ont également apporté leur soutien en fournissant de l’eau, des équipements ou en participant à l’organisation logistique de cette campagne. Couvrir les 7 arrondissements est une tâche complexe qui nécessite une mobilisation importante.
Je tiens également à souligner l’engagement de nos collaborateurs qui, spontanément, ont souhaité apporter leur contribution. Sans même avoir été sollicités, ils ont exprimé leur volonté d’accompagner cette initiative. C’est une marque de confiance et d’estime qui nous touche particulièrement.
En résumé, cette campagne n’a pas été financée par un seul sponsor officiel. Elle est le fruit d’une mobilisation collective, où chacun a apporté sa pierre à l’édifice. C’est grâce à cette synergie et à cet esprit de solidarité que nous avons pu mener à bien cette action en 2022-2023. Je suis convaincu que les résultats de cette année seront encore meilleurs, compte tenu de l’enthousiasme et de l’engagement dont font preuve tous les acteurs impliqués.
Interview réalisée par Samuel Adjewa
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