Secourisme Elément crucial négligé par les conducteurs de moto-taxis au Nord

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Les conducteurs de mototaxis de la région du Nord au Cameroun,  font face à une grave lacune en matière de connaissances en premiers gestes de secours. Cette situation met en péril la vie des victimes d’accidents de la route, laissant les conducteurs désemparés et incapables de leur apporter l’aide nécessaire. Malgré les efforts des autorités pour former et recycler ces conducteurs, le problème persiste et menace la sécurité de tous les usagers de la route.

 

La conduite de moto-taxis est une activité essentielle dans la région du Nord, avec les conducteurs jouant un rôle clé dans la circulation publique. Cependant, lorsqu’ils sont confrontés à des situations d’urgence telles que des accidents de circulation, leur manque de connaissances en secourisme devient évident. Les victimes sont laissées sans assistance, tandis que les autres conducteurs de moto-taxi observent impuissants. Les gestes de premiers secours, qui pourraient sauver des vies ou stabiliser des blessures, sont absents. « Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire en cas d’accident de circulation, j’ai d’ailleurs peur de toucher les victimes » affirme Abdou, conducteur de moto. Ibrahim n’est pas loin de la même la situation. Il se confie à nous « généralement en cas d’accident, ce que je fais, j’appelle les sapeurs-pompiers ».

 

Les accidents de circulation ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Les conducteurs de moto-taxis sont également confrontés à des situations telles que des malaises ou des problèmes de santé de leurs clients. Des problèmes tels que l’étouffement, l’évanouissement, les saignements ou même l’arrêt cardiaque peuvent survenir à tout moment. Malheureusement, les conducteurs ne savent pas comment réagir dans ces situations critiques, ce qui expose les victimes à des complications potentiellement mortelles.

 

Les pouvoirs publics reconnaissent cette réalité alarmante et ont tenté de mettre en place des formations et des recyclages pour remédier à cette lacune. Cependant, la nature instable de l’activité de moto-taxi dans la région du Nord complique ces efforts. Les conducteurs formés et recyclés ne restent pas longtemps dans le secteur, tandis que de nouveaux arrivants non formés prennent leur place. Cette situation crée un désordre qui rend difficile le contrôle de l’activité de moto-taxi et aggrave encore le problème du secourisme.

 

Il est donc urgent que les pouvoirs publics prennent des mesures pour assainir le milieu des moto-taxis et instaurer un ordre strict dans cette activité. La priorité doit être accordée à la santé et à la sécurité des usagers de la route. Renforcer les connaissances en matière de conduite et de secourisme est essentiel pour préserver des vies et garantir la sécurité de tous.

 

Il est temps de mettre fin à cette situation préoccupante et d’agir de manière décisive pour former et sensibiliser les conducteurs de moto-taxis à l’importance des gestes de premiers secours. La vie de chaque individu compte, et il est de notre devoir de garantir que personne ne soit laissé sans assistance en cas d’urgence sur les routes de la région du Nord.

 

 

Réaction

 

Ali Doubla, Délégué régional des transports pour le Nord

«  Jusque-là beaucoup d’entre eux ne saisissent pas la perche tendue par l’administration et du coup, la majorité des acteurs ne sont pas au parfum des premiers gestes de secours en cas de survenue d’un accident de la circulation. »

 

Le constat qui est fait sur l’incapacité ou l’inaptitude des conducteurs de moto sur les gestes de premiers secours est réel. C’est vrai d’autant plus que la majorité des acteurs de ce secteur n’ont pas de titre ou de certificat leur permettant d’être sur leurs engins à deux roues. C’est vrai, dans la politique du Gouvernement concernant le secteur du permis de conduire, il y a des structures chargées d’assurer la formation de tout acteur, usager de la route, soit moto-taximan, conducteur de véhicule à 4  roues, conducteur d’engins lourds, conducteur d’engins de travaux publics. Dans les modules de formation, il y a le volet secourisme et le volet assurance qui occupent une place de choix. A notre niveau, depuis quelques années déjà, nous offrons aux conducteurs de moto des espaces de formation à moindre coût. Ce sont des opérations appelées opérations promotionnelles. Jusque-là beaucoup d’entre eux ne saisissent pas la perche tendue par l’administration et du coup, la majorité des acteurs ne sont pas au parfum des premiers gestes de secours en cas de survenue d’un accident de la circulation. Cela peut s’expliquer dans la mesure où c’est un secteur qui n’est pas stable. Bien qu’il y ait des personnes qui ont fait de l’activité de  moto une activité permanente, la majorité fait recours à ce moyen de subsistance en attendant d’avoir mieux ailleurs. Dans la fourchette de ceux qui sont formés ou recyclés, après avoir reçu leurs parchemins au bout de 2 ans, ils abandonnent l’activité pour faire autre chose. Ainsi, d’autres acteurs entrent dans l’activité, parfois, ils ne savent pas lire les panneaux de signalisation. La démarche, elle est là : elle est permanente, elle est actualisée. La difficulté est réelle mais l’administration n’est pas restée les bras croisés. Je crois qu’il y a quelques mois de cela, la commune de Garoua 2e a à travers nos services a organisé une session spéciale de délivrance de permis de conduire après recyclage. Il y a eu une centaine de permis de conduire délivré, les bénéficiaires ont tous reçu un recyclage à la base englobant le code de la route, l’assurance et le secourisme. Chaque année, il y a au moins 6 à 7 sessions de formations que nous organisons soit à la demande d’une élite locale, élite politique, soit à l’initiative de l’administration et de nos collègues dans les départements. La difficulté, c’est que c’est un secteur dont la stabilité n’est pas garantie. Les formations organisées portent les fruits. Quand la ressource humaine est recyclée, c’est un plus pour la communauté.

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