« Nous sommes sur la bonne voie » – Dr Leonard BONONO, Secrétaire Permanent du Comité de lutte contre le Sida (CNLS) fait le point de la lutte contre le Sida en 2020 au Cameroun

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Le Cameroun enregistre une baisse significative du taux de sa séroprévalence. Soit 2,7% en 2018. Qu’est ce qui a permis au pays d’atteindre ce résultat ? Quelle est la situation de la pandémie du VIH et le Sida au Cameroun ?

Le pays atteint ces résultats avec la coordination de toutes les parties prenantes pour une meilleure synergie d’action et la complémentarité des interventions et des paquets de services. Les efforts du gouvernement en faveur de la prévention, du traitement, l’accompagnement des personnes affectées/infectées par mise en place successives des politiques de gratuités depuis 2007 a l’instar de la dernière en date celles de l’exemption des frais pour la prise en charge des PVVIH « users fees » effective depuis Janvier 2020 entre autre. La différenciation de l’offre de service en fonction des cibles de l’épidémiologie régionale, l’utilisation de nouvelles interventions, L’adaptation du dépistage(démédicalisation, auto testing ,cas index) ,du traitement(différenciation ,délégation des taches, décentralisation) et l’offre de charge virale, la décentralisation de la prise en charge (Hôpitaux de la 1ère a la 6eme catégorie), la délégation des taches…… la participation/mobilisation communautaires locale très dynamique et agissant a tous les niveaux de la cascade Prévention, traitement et suivi pour succès thérapeutique et l’accompagnement pour autonomisation des personnes affectées et infectées, la lutte contre la stigmatisation, la Mobilisation des ressources domestiques , et surtout l’ action de la Première Dame du Cameroun, son Excellence Madame CHANTAL BIYA, Dame de Cœur, de Compassion , d’Action et d’Empathie dont l’action est extrêmement critique pour l’atteinte de ces résultats surtout en direction des Jeunes, des femmes enceintes et dans le domaine de la recherche Le soutien de nos partenaires techniques et financiers OMS, ONUSIDA, UNICEF, la BID et surtout le Fonds Mondial de lutte contre le VIH la Tuberculose et le paludisme, le PEPFAR et bien d’autres qui contribuent manière forte a cela .

Quelle est la Situation épidémiologique de cette pandémie au Cameroun ?

Épidémie mixte, à la fois généralisée et concentrée dans certains groupes de populations hautement exposées au risque (TS, MSM); Prévalence du VIH : 2,7% chez les 15-49 ans selon EDS 2018. La tendance est à la baisse depuis 2004 ; Persistance du différentiel femmes/hommes persiste depuis 2004 ; 06 régions ont une prévalence VIH supérieure à la moyenne nationale (Adamaoua, Centre, Est, Nord-ouest, Sud et Sud-ouest) • 506 432 PvVIH en 2019, 17 113 nouvelles infections en 2019 VS 33 183 en 2010 ; les populations vulnérables (femmes enceintes, détenus, Ado-jeunes, Travailleurs, Réfugiés, handicapés)

1er Semestre 2020

• 474 795 PvVIH identifiées parmi les 504 472 recherchées soit 94,1% de PvVIH identifiées ; 328 379 PvVIH sous TARV soit 69,2% de PvVIH sous TARV parmi les identifiées ; 91 940 PvVIH ont été dépistés pour la charge virale pour une suppression virale chez 73 264 soit 79,7%

Toutefois, cette pandémie continue à servir en milieu jeune en particulier chez la jeune fille malgré les campagnes de sensibilisation. Comment renverser la tendance ?

En effet, la situation est particulière chez les jeunes et les populations clés (Homme ayant des Rapport sexuel avec les hommes, les Travailleuses du sexe et leurs clients, les Usagers de drogues injectables notamment) ou la prévalence est élevée de (17- 24% selon les études) Ce qui est fait actuellement c’est un focus des actions de prévention en direction de ces groupes dans lequel l’incidence est élevée. Le paquet de service doit être adaptée a la cible et c est ce qui est fait actuellement avec la contribution de toutes les parties prenantes parmi lesquelles le secteur de la Jeunesse, celui de l’Education et l’Enseignement Supérieur. La jeunesse non scolarisée n’est pas en reste. Pour maximiser toutes ces actions l offre devrait être complété par la santé sexuelle et reproductive surtout pour les jeunes filles ainsi que leur maintien a l’école. Pour les populations clés l offre de service adapté leur est offert par le biais entre autre de la CAMNAFAW et du Projet CHAMP.

Au terme de l’année 2020, le Cameroun n’a pas réussi à atteindre les trois 90. Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour rattraper ce retard et atteindre les trois 95 à l’horizon 2030 qui signifie l’élimination du Sida ?

L’atteinte des trois 90 comme le rappelais son excellence Monsieur le Ministre de la, santé Publique le Dr MANAOUDA MALACHIE lors de sa conférence de presse nous est due à la fin de cette année. Nous allons attendre les résultats en fin d’année et nous ferons avec plus de précisions sur ce point. Par contre a la différence du 1er 90 qui atteint comme l’indiquait son Excellence, en anticipant déjà actuellement pouvons déjà supposer que le 2eme et le 3eme 90 ne serons pas atteints. L’objectif final c’est les trois 95 a l’horizon 2030 pour atteindre le contrôle de l’épidémie et entrer dans l’Émergence de 2035 (indiqué par Son excellence Monsieur le Président de la République) sans VIH. Pour atteindre ce résultats nous allons adapter l’offre de service partant du dépistage(Auto test, dépistage par les cas index, dépistage familial…), du traitement( Distribution communautaires des ARV , dispensation multimois ….),charge virale(prélèvement , transport des échantillons ,rendu des résultats…) aux spécificités épidémiologiques des régions et même des districts ,aux spécificités de groupes cibles(populations clés, Adolescents et jeunes) renforcer la participation communautaire ,et adapter les interventions aux réalités pour les région du Nord Ouest , du Sud Ouest et de l’Extrême Nord. Surfer au maximum sur la vague de la décentralisation pour augmenter les possibilités de financements et de pérennités de la lutte.

Le Cameroun a-t-il les capacités d’éliminer le Sida en 2030 ? Si oui comment ?

Nous sommes sur la bonne voie. Il faudra capitaliser des leçons apprises de la mise en œuvre des années passées et capitaliser sur les opportunités actuelles et à venir. Cela passe aussi par une coordination encore plus forte avec une synergie d action/interventions et des financements pour plus de cohérence. La contribution de toutes les parties prenantes est de ce fait indispensable Le programme se tient prêt car les trois prochaines années seront déterminantes/ Merci a tous les partenaires techniques et financiers qui nous soutiennent et a toutes ces initiatives locales communautaires et autres car sommes tous responsables pour l’atteinte des trois 95 d ici 2030.

Pour réussir cette élimination, le pays devra faire face au problème de la co-infection du VIH et la Tuberculose, aux effets néfastes de la pandémie de la Covid-19 et aux populations clés. Comment allez-vous aborder ses freins ?

La réponse du pays est conjointe pour la tuberculose d’ailleurs la demande financement pour le Fonds mondial est une proposition conjointe pour les 3 prochaines années (2021-2023) donc les aspects de confections sont déjà pris en compte. Par rapport a la survenue de la COVID-19 au Cameroun il faut dire que nous avons appris à assurer la continuité des actions du programme et nous avons adapter nos stratégies au contexte quelques mesures non exhaustives qui ont été prise et qui pourrons être utilisés en fonction de la situation La réduction les nouvelles infections au travers le développement d’actions de sensibilisation dans les radios communautaires, la communication digitale et la communication de proximité par les différentes ressources humaines du CNLS et des structures partenaires dans le strict respect des mesures barrières; Le dépistage volontaire du VIH au travers la mise en place des approches différenciées en fonction des cibles (porte d’entrée des FOSA, cas index, auto-dépistage, dépistage démédicalisé, etc. …) La disponibilité du traitement et la rétention aux soins et au traitement. A ce sujet, les Accompagnateurs Psycho Sociaux (APS) et d’autres prestataires non professionnels ont été formés sur les principes d’identification et de prise en charge de la COVID-19. La dispensation multi-mois des antirétroviraux a été conseillée et mise en pratique. Les patients stables sur le plan clinique sont encouragés à s’orienter vers les Organisations à Base Communautaires. Les groupes de soutien des personnes vivant avec le VIH ont été mobilisés et jouent un rôle important dans la sensibilisation et l’amélioration de la connaissance sur la COVID-19 et le VIH. La multiplication des points de dispensation sur des sites satellites aux formations sanitaires. Entretien mené par Joseph MBENG BOUM

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