Sensibilisation sur la santé mentale : L’exemple qui vient de l’Afrique du Sud

L’équipe de psychologues dirigée par Nthombi Pukwana, psychologue clinicienne du train Transnet Phelophepa, en Afrique du Sud, a entrepris une action qui vise à sensibiliser les populations rurales par le biais des trains, sur la santé mentale.

La promotion de la santé mentale, sujet négligé par la plupart des gens, est l’un des principaux objectifs de l’équipe de psychologues Sud-africains. Pour eux, il est essentiel de combattre les stéréotypes qui entourent les maladies mentales et d’informer les populations sur les moyens d’obtenir de l’aide. La psychologie n’étant pas vraiment connue et les communautés n’ayant pas de psychologues, Dr Pukwana explique qu’il est important de se rapprocher des communautés pour expliquer le bien-fondé de la santé mentale. L’initiative comprend deux trains de santé dénommés « Phelophepa », qui  circulent de janvier à octobre, soit environ 35 à 36 semaines par an, et visitent tous les 15 jours une communauté rurale différente dans les quatre provinces sélectionnées. Les deux trains comptent 19 voitures entièrement rénovées et équipées, conçues et construites  par l’entreprise Transnet engineering, une division opérationnelle de Transnet SOC Ltd.

Le projet compte plus de 40 employés permanents ainsi que de nombreux étudiants en dernière année et des bénévoles de la communauté qui travaillent sur les trains. Bien avant l’arrivée du train dans une communauté, des mobilisateurs sociaux sont déployés pour faire passer le message, préparer le terrain et évaluer les besoins. En collaboration avec les communautés locales et les ministères de la Santé, des Services sociaux et d’autres partenaires, le train fait un arrêt de deux semaines dans les districts préalablement sélectionnés, au cours duquel il propose ses services.  Les cibles sont principalement, les  interventions préventives auprès des adolescents, en traitant des questions ayant trait à la toxicomanie, à la sexualité, à l’anxiété, aux  traumatismes et au deuil. L’orientation professionnelle et le conseil familial sont d’autres domaines d’intervention qui intègrent également le planning de « Phelophepa ».

Universalité des problèmes

Selon la psychologue,  Nthombi Pukwana, les adolescents se posent des questions sur le monde qui les entoure. Ils ne peuvent pas parler à leurs parents de l’abus de substances ou de leur curiosité pour les drogues ou le sexe. C’est pourquoi les psychologues de l’Afrique du Sud veulent être les adultes à qui les enfants peuvent se confier sans horreur ni jugement et être un espace sûr pour eux, tout en apprenant aux parents et aux responsables de familles  la manière de parler à leurs enfants. Les thérapeutes affirment que l’expérience de la traversée du pays leur fait prendre conscience de l’universalité des problèmes de santé mentale dans les différentes communautés. Bien que l’initiative vise à sensibiliser sur la santé mentale, il n’en demeure pas moins qu’elle présente des limites. Par ailleurs, ces trains rendent les soins de santé mentale et les soins médicaux de qualité accessibles aux communautés les plus reculées d’Afrique du Sud, où il n’y a souvent qu’un seul médecin pour 5 000 habitants.  Dans un entretien accordé à « l’agence Ecofin », la psychologue clinicienne du train Transnet Phelophepa explique que ‹‹ Phelophepa est une structure de soutien… elle est là pour combler des lacunes. Nous n’essayons pas de réparer quoi que ce soit. Il est essentiel d’apprendre aux parents et aux enseignants à jouer leur rôle et à parler aux jeunes enfants. Nous essayons de créer ces espaces ».

Volontaires communautaires

En effet, le nom « Phelophepa » vient de la langue sotho et signifie « bonne et saine santé ». Les trains de soins de santé Phelophepa sont les seuls trains de soins de santé primaires au monde et existent depuis 03 ans.  Ils sont reconnus comme l’un des concepts les plus innovants en matière de soins de santé primaires en Afrique du Sud et dans le monde. Des statistiques, chaque année, « Phelophepa » touche plus de 91 000 patients par le biais de ses cliniques embarquées, 200 000 personnes par le biais de ses programmes de proximité et offre des possibilités de stages d’apprentissage par l’expérience à plus de 1100 étudiants de dernière année en psychologie.   Depuis sa création, 15 000 volontaires communautaires ont participé à un programme d’éducation aux soins de santé de base, tandis que plus de 3 millions de personnes ont participé à des sessions de formation au VIH/Sida et aux premiers secours.

Divine KANANYET