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Corn chaff pré-cuit présenté par une étudiante
Ces plans d’affaires issus du projet d’incubation Ensai-Oit/ Koica pour la formation à l’entrepreneuriat des jeunes femmes réfugiés ou déplacés dans l’Adamaoua ont été présentés aux membres du jury le 31 juillet à l’amphithéâtre Professeur Paul Henri Amvam Zollo de l’Université de Ngaoundéré. Ces projets qui s’articulent autour des spéculations comme le maïs, le manioc et le poulet visent à répondre aux besoins des consommateurs tout en contribuant à l’amélioration des conditions sanitaires de ces derniers.
L’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles de l’Université, pôle de transformation agropastorale s’inscrit dans la vision du gouvernement, celle de transformer l’économie par la production de masse. Ce qui permettra de réduire la balance commerciale déficitaire dans le secteur agro-alimentaire. Les 25 projets présentés le 31 juillet dernier par les étudiants-entrepreneurs visent à répondre aux objectifs de développement durable (ODD). Il s’agit notamment des ODD 1 (Réduction de la pauvreté), ODD 2 (Zéro famine), ODD 3 (meilleure santé et bien-être), ODD 8 (Travail décent et croissance économique) et l’ODD 12 (Consommation responsable et production), mais également l’ODD 9 (Industrie, innovation and infrastructure). Les projets, de l’avis des encadreurs présentent des solutions aux problèmes de pénurie des denrées alimentaires auxquels font face les consommateurs dans la région de l’Adamaoua et d’autres parties du pays et même la diaspora camerounaise.
C’est le cas du projet de l’étudiante Menoa Betsi Charline Larissa. Encore en 2ème année en Industrie Agricole et Alimentaire (IAA), son projet sur la transformation du corn-chaff a été salué à l’unanimité par les membres du jury, dont le professeur Alexis Kuitche, représentant le directeur de l’Ensai. Pour lui comme pour les autres membres du jury, la réduction du temps de cuisson du corn-chaff, mets traditionnel camerounais permettra non seulement de venir en aide aux ménagères, mais aussi de commercialiser dans la diaspora camerounaise. « J’ai même dit à l’étudiante et au gestionnaire du projet qu’il faut viser plutôt la diaspora et même les gens qui ont souvent les restaurants, les services traiteurs parce que c’est un produit qui normalement devrait durer des heures pour la préparation. Si on peut le faire en 15 minutes, c’est une bonne chose. C’est un fast-food comme vous venez de dire » se réjouit le Professeur Alexis Kuitche, représentant du directeur de l’Ensai. Et au coordonnateur du projet, Professeur Nicolas Njintang Yanou de renchérir « Nous avons également suivi une qui a proposé la mise au point du maïs et du haricot dans un mélange établi pour faire du corn-chaff, pour permettre la préparation. La préparation de ce maïs en 15 minutes, pour une préparation qu’elle estime traditionnellement à 14 et 17 heures de temps. C’est donc dire que lorsqu’on écoute ces différents candidats, que nous avons atteint nos objectifs ».
Ces projets ont bénéficié de l’appui de l’Organisation International du Travail et de l’agence Coréenne de coopération international, rentrent dans la politique de l’import-substitution prônée par les pouvoirs. Ce projet s’inscrit à la suite logique du précédent, le projet Pepita qui a permis de soutenir le prototypage de plusieurs inventions allant dans le sens de la transformation des produits agropastoraux.
Par Jean Besane Mangam
REACTIONS
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Menoa Larissa, étudiante à l’ENSAI, niveau 2 de la filière industrie, agricole et alimentaire, porteuse du projet de transformation du corn-chaff en fast-food.
« Ce choix de thème, c’est déjà à propos des problèmes rencontrés par les femmes de ménage. Ça prend beaucoup d’énergie, environ une journée, c’est-à-dire de 14 à 16 heures de temps pour pouvoir préparer ce plat. Parce qu’il y a les étapes du trempage, les étapes de la cuisson qui mettent vraiment trop de temps. C’est la raison pour laquelle je me suis lancée en disant, pourquoi ne pas explorer ce champ d’idées et apporter une solution innovante et émergente. C’est à peu près cela. Bon, je propose aux consommateurs de mieux manger ce plat, déjà, pour que lors de la cuisson, qu’ils ne prennent plus beaucoup de temps et de fatigue pour pouvoir encore cuire un aliment pour manger peut-être pendant 14 ou 16 heures de temps. Juste en 15 minutes, votre repas est prêt. Vous ajustez juste en fonction peut-être de votre goût et de votre sauce. Sinon, en 15 minutes de réhydratation, vous avez déjà votre plan. Quand on voit, par exemple, de manière naturelle, on fait d’abord le trempage et tout. À mon niveau, j’utilise juste certains paramètres, étant donné que je suis élève ingénieur agroalimentaire. J’utilise juste certains paramètres qu’on m’a appris à l’école, c’est-à-dire l’humidité, le taux d’humidité, c’est-à-dire la teneur en eau. Parce que plus le produit est humide, plus on aura des difficultés à pouvoir le conserver. C’est-à-dire, c’est ces paramètres que j’essaye d’ajuster pour pouvoir produire le produit. Parce que quand on va dans un restaurant, c’est que c’est à 500 francs, on a un demi-plat de corn-chaff. Oui, évidemment, le prix serait vraiment à la portée de tout le monde. Parce qu’ici, nous avons un kilogramme de corn-chaff. Donc, voici, on peut avoir 12 plats. Parce qu’après dégradation, on a encore le volume augmenté. Et quand le volume augmente, on est environ à 12 plats. Et pour 500 grammes de corn-chaff, nous sommes ici, là, peut-être environ à 5 à 6 plats, donc après réhydratation. Et ici, pour 500 grammes, je vends parfois à 1,5 croissant, et pour 1 kilogramme, ici je vends à 2,5 croissants. Donc les consommateurs sont vraiment satisfaits de la qualité du produit. »
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Hamadou Aliou, Porteur du Projet Jaynitaare pour la protection des œufs de table
« Pour cette formation, j’ai choisi de lancer une ferme de production d’œufs de table parce que dans la région de l’Adamaoua, nous importons plus d’œufs que nous n’en produisons, ce qui fait que la demande est plus forte que l’offre, d’où le positionnement de ce projet. Ainsi, nous estimons qu’avec 2000 sujets, nous allons produire environ 56 cartons par jour et cela peut combler le déficit en œufs de table. C’est un projet qui est rentable et c’est une filière que nous maîtrisons bien par rapport à tout ce qui concerne l’alimentation, la prophylaxie, etc. Les difficultés que nous rencontrons en tant qu’entrepreneurs sont d’abord d’ordre fiscal : toutes les taxes que nous devons débourser pour fonctionner dans la légalité. Parfois, c’est un peu lourd pour un entrepreneur, surtout pour un débutant. L’autre difficulté, c’est la surveillance des maladies, car nous élevons des animaux, donc des maladies peuvent survenir et causer des dégâts. Parfois, nous recevons aussi des poussins d’un jour qui ont des problèmes liés à l’incubation. Ces problèmes, parfois génétiques, impactent la productivité et entraînent un taux de mortalité élevé. Je suis entrepreneur et nous disposons d’un groupe assez fort avec des médecins vétérinaires, des techniciens agricoles et un ingénieur en production animale. »
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