UNFPA et ASFAC soutiennent la formation continue des sages-femmes

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Le repos de dimanche n’existe pas pour moi quand il s’agit d’améliorer mes connaissances ou d’aider une femme à donner la vie. C’est ce sens du devoir qui anime Ranie Stella Tchiwobe, sage-femme déployée par UNFPA à l’hôpital de district de Bana, région de l’Ouest. Elle partait alors aux journées scientifiques nationales, organisées à Bafoussam du 03 au 05 mai 2024, dans le cadre de la commémoration de la Journée Internationale de la Sage-femme. Comme elle, plus de quatre cents professionnels de santé sexuelle et reproductive répondaient à l’invitation de l’Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC), partenaire de l’UNFPA dans le combat pour la formation continue et la progression professionnelle des sages-femmes au Cameroun.

Une fin de semaine sans repos pour ce personnel de santé UNFPA engagé à réaliser un monde où chaque grossesse est désirée, chaque accouchement est sans danger et le potentiel de chaque jeune est accompli. Ils sont trois et vont passer trois jours à Bafoussam à apprendre, à échanger et à nouer de nouvelles relations professionnelles au service de la santé de la mère et de l’enfant. C’était l’objectif fixé par les membres de la communauté des sages-femmes et assimilés du Cameroun lors de cette quinzième édition des journées scientifiques annuelles sur le thème : « Santé de la mère et de l’enfant dans le contexte des urgences sanitaires à l’heure de la Couverture de la Santé Universelle au Cameroun ». En plus de Ranie Stella Tchiwobe, UNFPA a mobilisé Blanche Monique Meka et Bienvenu Kamala Mugete, deux participants dont les témoignages décrivent l’importance que UNFPA et ASFAC accordent à la formation continue des sages-femmes.

Kamala – Des pratiques et astuces nouvelles pour réussir à Foumbot

Dans le cadre du renforcement de l’offre des services intégrés de protection contre les violences basées sur le genre, y compris la prévention et la protection des personnes déplacées et les communautés hôtes, UNFPA a déployé Bienvenu Kamala Mugete, maïeuticien à l’hôpital district de Foumbot, région de l’Ouest Cameroun.

Foumbot est une agglomération d’environ 84,065 habitants. La localité reçoit beaucoup de déplacés internes venant principalement du Nord-Ouest voisin en proie aux crises sécuritaires à caractère sécessionniste. Grand bassin de production agricole du Cameroun, Foumbot est reconnu pour sa grande productivité en tomate et des céréales qui en font une cité dynamique. Les modes de vie encouragent la forte natalité et la polygamie. La fertilité est élevée et cela se ressent à l’hôpital où travaille Bienvenu Kamala Mugete. « Nous réalisons environ 155 consultations prénatales et 130 accouchements, avec près de 27 césariennes par mois » dit-il.

Le maïeuticien indique par ailleurs que la santé de la mère et du nouveau-né dépend fortement des conditions de vie et des réalités socio-culturelles en vigueur. C’est le cas de la prévalence des violences physiques exercées sur les femmes à Foumbot. Cette violence est source de maladies, de blessures et de traumatismes pour les femmes enceintes. Il y a aussi la résistance communautaire à la planification familiale. Elle oblige les femmes à faire des enfants même quand elles ne les souhaitent pas.  Il y a les habitudes de l’arrivée tardive dans les formations sanitaires, aussi bien pour les consultations prénatales que pour les accouchements. Elles exacerbent les cas d’urgence, notamment les urgences obstétricales. Kamala Mugete estime qu’en dehors de la prise en charge médicale, les actions d’information, d’éducation et de communication devraient être renforcées dans la communauté afin de progresser vers le changement des comportements.

En ce qui concerne sa participation aux journées scientifiques, Bienvenu Kamala Mugete, dit : « Les présentations techniques que j’ai suivies m’ont ouvert l’esprit sur beaucoup de choses, des astuces, des techniques et postures que je ne connaissais pas avant. J’ai découvert qu’il faut continuellement apprendre les technologies, techniques, pratiques, astuces et postures qui permettent de protéger la vie de la mère et du nouveau-né. Une sage-femme doit apprendre sans cesse », conclut-il.

Plus de connaissances à ramener à Gado Badzere

Déployé comme sage-femme par UNFPA au Centre de Santé Intégré du Gado-Badzere depuis 2023, Blanche Monique Meka, a également pris part aux journées scientifiques nationales de la sage-femme à Bafoussam. « La meilleure des choses que j’aurais rêvé était de faire participer toutes les populations de Gado Badzere. Car la plupart des difficultés qu’on rencontre pour garantir la santé de la mère et de l’enfant relèvent des comportements des populations ».

Gado Badzere est une localité d’environ trente mille habitants dans l’arrondissement de Garoua Boulai, région de l’Est Cameroun. Elle est située sur la frontière avec la République Centrafricaine et abrite un vaste camp de réfugiés. Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés au 31 mars 2018, la population du camp s’élève à 24 678 réfugiés Centrafricains, dont 58 % ont moins de 18 ans. Le centre de santé intégré de Gado Badzere ou travaille Blanche Monique Meka enregistre en moyenne 100 consultations prénatales, une cinquante d’accouchements et une quinzaine de césariennes par mois. A cela s’ajoute le fait que les grossesses précoces, les mariages d’enfants, les accouchements à domicile avec l’assistance des matrones, ainsi que la résistance aux méthodes contraceptives sont répandues dans cette communauté.

La réussite du travail de sage-femme dans ce contexte nécessite une forte immersion dans la communauté. Ce qui requiert des compétences et expériences à acquérir de façon continue.  « Il faut s’adapter parfois au cas par cas. Presque tout le temps. Il faut se régénérer. Il faut acquérir de nouvelles connaissances, aussi bien dans la médecine, la technologie médicale et les compétences sociales. C’est ce qui rend les journées scientifiques nationales de l’ASFAC plus pertinentes », reconnaît Blanche Monique.

En effet, avec une cinquantaine d’exposés scientifiques et plus de cent témoignages d’experts, les journées scientifiques ont comblé les attentes des participants. Pour Blanche Monique Meka, ce sont les explications reçues sur la bilharziose génitale féminine qui constituaient la plus grande nouveauté : « Je n’avais jamais entendu parlé de bilharziose vaginale. Pourtant je recevais les patientes qui présentaient les symptômes de cette maladie, sans que je ne sache. Je sais désormais comment aborder ces cas ».

En soutenant l’organisation des journées scientifiques à Bafoussam et en s’assurant que plusieurs sages-femmes et maïeuticiens déployés dans ses projets y participent, UNFPA réitère son appel à renforcer la formation continue dans l’exercice des fonctions de sage-femme. L’agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive plaide pour que les initiatives comme la tenue annuelle des journées scientifiques nationales pour les sages-femmes par ASFAC bénéficient de plus de ressources pour générer plus d’impacts. Il s’agit là d’un investissement stratégique qui permet d’accélérer la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale, développer le capital humain et le bien-être des populations, tel que le prévoit la stratégie nationale de développement du Cameroun (SND30) qui contribue à la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

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