Viande cellulaire : Vers des premiers aliments pour animaux

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Une start-up tchèque, Bene Meat Technologies, a annoncé avoir avancé sur le processus de développement d’aliments pour animaux de compagnie, contenant de la viande cellulaire. Elle vise une commercialisation pour 2024.

Les premiers aliments à base de viande cellulaire viseront-ils d’abord le secteur de l’alimentation animale ? Possible. En effet, une start-up tchèque, Bene Meat Technologies (BMT), créée en 2020 et basée à Prague, a récemment annoncé par voie de communiqué de presse, avoir enregistré auprès du registre européen des matières premières pour aliments des animaux, la viande cellulaire qu’elle développe, pour les besoins du pet food (chats et chiens). C’est effectivement le cas : la matière première identifiée comme des « cellules cultivées d’origine mammalienne » a été enregistrée le 7 novembre 2023, sous le numéro d’entrée 009569-EN. Selon la start-up, des négociations sont en cours auprès de fabricants d’aliments pour lancer la mise en production. « La date d’apparition sur le marché de pet food contenant de la viande cultivée dépend des accords conclus avec les fabricants. Des échantillons de produits seront disponibles dès 2024, et on peut raisonnablement s’attendre à ce que les produits pour animaux de compagnie soient disponibles en magasin la même année. » Dans le détail, l’objectif visé serait de travailler avec les fabricants d’aliments au niveau de l’approvisionnement, mais aussi potentiellement de créer des lignes de production dans leurs installations. La start-up voudrait aussi développer « sa propre marque de produits finis pour animaux de compagnie ». Actuellement, la production est de l’ordre du kilogramme par jour, est-il aussi précisé, mais « nous pensons qu’au cours de l’année prochaine, nous atteindrons des centaines de kilogrammes, voire des tonnes, par jour ». Par ailleurs, si le développement de BMT a été rendu possible par des investisseurs, il a été annoncé que l’entreprise « devrait devenir financièrement autonome dans le courant de l’année prochaine ». BMT ne donne pas de détails sur l’identité des fabricants d’aliments, ni sur les pays qui seraient concernés par une commercialisation. A noter que l’alimentation animale n’est pas le seul secteur visé par la start-up : « la viande destinée à la consommation humaine fait également partie des objectifs ».

Un cadre réglementaire spécifique à l’alimentation animale

 Cette inscription sur le Registre des matières premières pour aliments des animaux n’est qu’une étape parmi d’autres, à passer pour une commercialisation. Interrogé, l’équipe du Registre a, en effet, bien rappelé que l’inscription « relève de la seule responsabilité du notifiant », ce qui signifie que « la société notifiante ne peut pas utiliser la présence du produit dans le registre comme preuve de la légalité de sa mise sur le marché en tant que matière première pour aliments des animaux, ni prétendre qu’elle a “gagné” l’enregistrement. » Pour une mise sur le marché, la société devra être en mesure de respecter l’ensemble des conditions énoncées par le cadre réglementaire, notamment le règlement 767/2009 qui dit que les aliments doivent « être sûrs », « ne pas avoir d’effet négatif direct sur l’environnement ou le bien-être des animaux », « être sains, non altérés, loyaux, adaptés à leur usage et de qualité marchande », « être étiquetés, emballés et présentés conformément à la législation en vigueur », et « ne pas contenir de matières premières dont la mise sur le marché ou l’utilisation est limitée ou interdite. » En face, les autorités compétentes devront s’assurer de la bonne conformité au cadre réglementaire.

Un système d’autorisation pour l’alimentation humaine

 In fine, ce cadre n’implique finalement pas de demandes explicites d’autorisation pour une mise sur le marché d’un aliment, même si ce dernier contient de la viande cellulaire. C’est totalement différent de ce qui est défini pour de l’alimentation humaine qui contiendrait ce type de matières premières. Dans ce cas, c’est le règlement « Novel Food » du 25 novembre 2015 qui s’applique.

Interrogé, l’EFSA a indiqué qu’à ce jour, « sur les quelque 240 demandes de nouveaux aliments que nous avons reçues pour l’évaluation de la sécurité depuis la mise en œuvre du nouveau règlement sur les nouveaux aliments en 2018, nous n’avons encore reçu aucune demande d’évaluation des risques concernant des applications d’origine animale dérivées de cultures cellulaires. Nous avons reçu une demande concernant un produit de pomme dérivé d’une culture cellulaire conçu pour être utilisé dans des compléments alimentaires. Nous avons publié l’évaluation des risques en juillet 2023, concluant que le produit était sûr dans les conditions d’utilisation proposées. » Interrogée, la Commission européenne a indiqué n’avoir reçu aucune demande d’approbation de la viande de culture pour les marchés européens.

 E.S.N et lepointveterinaire.fr

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