Dans trois quartiers du 6e arrondissement de la ville de Yaoundé (Biyem-Assi-Acacias, Biyem-Assi lac, Gendarmerie Mendong), une quinzaine de fosses septiques déversent régulièrement les eaux usées sur la chaussée. Malgré leur proximité avec des bâtiments administratifs, et même un marché, elles ne sont pas entretenues et laissent échapper leur contenu une fois les cuves pleines. Le spectacle fait craindre une montée de l’épidémie de choléra.
Certaines capitales de plusieurs pays possèdent des monuments, sites touristiques à visiter. A Dakar, il y a le musée Senghor, à Lagos, il y a la place Tafawa Balewa, au Congo RDC, l’avenue Patrice Lumumba à Kinshasa ne cesse d’attirer les touristes etc. A Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, siège des institutions, plus précisément au quartier Biyem Assi nous avons le célèbre carrefour « caca ». Pour ce qui est du carrefour « caca », l’histoire nous dit qu’en cet endroit, les matières fécales mélangées à l’eau, coulaient sur la chaussée. Laissant une odeur insupportable et dégoutante, d’où est parti le nom « carrefour caca ». « Chaque fois que je passe par là, je regrette, mais ça sent mauvais. On voit toujours les matières fécales sortir de terre en boule, mélangées à l’eau. Difficile de manger dans les environs » lance un passager, d’une vingtaine d’années du taxi, assis à l’arrière. « Ça ne coule plus comme avant » relève un taximan. « On a fait des canalisations », fait-il valoir. « Ils ont mal fait les canalisations, ça coule toujours sur la route », renchérit le passager assis à l’avant.
Le spectacle fait craindre une montée de l’épidémie de choléra. « Cette histoire a commencé comme un jeu. Mais voilà que c’est tout le carrefour de l’intendance qui est dans l’eau. Ce n’est pas bien pour l’image du pays, surtout que nous sommes à moins de deux mois de l’organisation du Championnat d’Afrique des nations (Chan) », tempête Alassane, un mototaxi. Les vendeurs qui s’installent aux abords de ce grand carrefour paient le plus lourd tribut. « Depuis que cette eau coule ici, mon chiffre d’affaire a considérable baissé. Les automobilistes ne s’arrêtent plus ici pour faire les transferts de crédits et les achats comme par le passé », se désole une tenancière de call-box. C’est le même son de cloche chez les vendeurs de fruits. « Le marché est devenu dur ici, je cherche comment quitter cet endroit. Regardez vousmême, ma brouette d’ananas à 16heures ! J’ai vendu quoi ! Rien du tout ».
Depuis 15 jours, il y a des fuites en permanence, la route est couverte de déjections. Mais cela ne semble pas gêner les autorités locales. La route passe pourtant près du siège de la mairie et de la sous-préfecture du 6e arrondissement. C’est la mairie qui est chargée de l’entretien des routes, mais tout le monde fait comme si c’était le problème de l’autre. Il y a quatre mois, il y a eu des fuites pendant trois semaines à 100 mètres de la mairie. Les habitants des quartiers concernés ne vont même plus se plaindre car ils pensent que ça ne change rien. Les habitants sont condamnés à vivre en permanence dans des odeurs nauséabondes. Ils essaient de se protéger en gardant les portes et les fenêtres fermées mais, bien sûr, cela n’arrête pas les odeurs. De plus, certains résidents m’ont confié qu’ils avaient des irritations permanentes à la gorge. Le problème, ce n’est pas le manque de moyens, c’est la volonté. Les autorités ne veulent pas dépenser de l’argent pour vidanger les fosses. La dernière fois qu’elles ont essayé de s’occuper de ces problèmes de fuite, c’était deux semaines avant la Coupe d’Afrique des Nations 2021. Mais depuis, rien n’a changé !
ESN