Assurance maladie : Les travailleurs du secteur informel invités à la caisse

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C’était au cours d’une conférence débat, organisée par la Fondation Denis & Lenora Foretia, le 30 mars 2023, à la Fondation Salomon Tandeng Muna à Yaoundé.

Au Cameroun, d’après les statistiques du Bureau international du travail (BIT), en 2011, sur une population active estimée à 8,4 millions, seuls 580 200 personnes sont couvertes par la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) (ce qui correspond à un taux de couverture relativement bas de moins de 7 %). Cette couverture sociale concerne uniquement les salariés du secteur privé structuré régis par le Code du travail et exclut une grande majorité des travailleurs du secteur privé informel qui représentent plus de 50% du PIB (Produit intérieur brut) et environ 90% de la population active, dans l’économie du Cameroun. Face à cette incohérence, la fondation Denis & Lenora Foretia plaide pour leur adhésion à l’assurance maladie. C’était au cours d’une conférence-débat organisée le 30 mars 2023, à la Fondation Salomon Tandeng Muna à Yaoundé. Cette foire des intellectuels a vu la participation de Yannick  de l’Institut de recherche pour la santé et le développement (IRESADE), Dr Christelle Nguessié, médecin et économiste de santé publique, Dr Ghislaine Lienou, Conseillère exécutive chez Prudential Beneficial Life Insurance et le Dr Fabien Sundjo, chercheur, chargé des affaires économiques à Nkafu policy institute.

Pendant près de 03 heures d’horloge, les panélistes ont échangé avec le public sur les thématiques tels que : l’inscription des travailleurs du secteur informel aux régimes d’assurance maladie, l’identification des travailleurs du secteur informel, des propositions et des recommandations pour réduire les obstacles de l’adhésion des travailleurs du secteur informel aux régimes d’assurance maladie. Le malheureux constat qui a été fait est que les travailleurs du secteur informel sont pour la plupart laissés pour compte, à tel point qu’ils sont qualifiés de « chainon manquant », pourtant, selon le Dr Christabelle Nguessié, les études ont prouvé que le modèle de santé communautaire fonctionne bien dans certains pays en Afrique. Pour le comité d’organisation, l’objectif de ce banquet des intellectuels était d’identifier les défis de l’engagement des travailleurs du secteur informel face aux régimes d’assurance maladie d’abord, ensuite, présenter la situation de l’implication du secteur informel dans l’assurance maladie, identifier les obstacles à l’adhésion du secteur informel aux régimes d’assurance maladie et enfin, proposer des stratégies pour réduire les obstacles de l’adhésion du secteur informel aux régimes d’assurance maladie au Cameroun.  « L’assurance maladie à sa place dans la société. L’assurance maladie n’est pas encore vu par les camerounais comme étant quelque chose d’important et de prioritaire. Or la santé n’a pas de prix », confie le Dr Ghislaine Lienou.

Economiste de la santé

Il a fonctionné au Ghana, au Rwanda et grâce à ce modèle, ils sont en chemin pour atteindre la Couverture santé universelle (CSU). « Moi je parle en tant qu’économiste de la santé et médecin de santé publique. Je plaide pour que la santé communautaire soit appliquée au Cameroun. C’est un modèle qui est basé sur la solidarité. La solidarité fonctionne chez-nous. On vie en communauté, on mange en  communauté et on s’aime en communauté. Donc on a cette culture de la solidarité qui est dans nos valeurs. Je pense que ce modèle peut vraiment être implanté au Cameroun et à base de ce modèle et l’étendre dans tout le territoire du Cameroun et éventuellement, ça nous aidera à atteindre la CSU », a proposé l’économiste de la santé. L’extension de la protection sociale au secteur informel exige d’innover et de prendre en compte les caractéristiques de ces travailleurs, dont l’activité est irrégulière et relativement peu rémunératrice et qui ont besoin d’avoir facilement accès à des fonds. Un système permettant à la fois de se constituer une épargne de court terme, dans laquelle puiser en cas d’inactivité, et une épargne de plus long terme, pour les vieux jours, semble particulièrement adapté. Classé 165e économie sur 189 dans le classement « Doing Business », l’environnement des affaires camerounais freine les initiatives de formalisation. Les procédures administratives particulièrement lourdes et coûteuses font le lit du secteur informel, où l’entrée est libre et sans coût.

Elvis Serge NSAA

Réactions

Dr Christabelle Nguessié, Médecin et économiste de santé publique

 « Il y a une méconnaissance des produits de l’assurance santé »

« Les assurances de santé rencontrent beaucoup de challenge pour assurer les populations, ou les travailleurs du secteur informel à souscrire à une assurance maladie. Principalement, c’est la méconnaissance des produits de l’assurance santé et comment est-ce qu’ils peuvent bénéficier de ces produits-là. Ils ne comprennent pas comment les produits de l’assurance santé fonctionnent, ils ne comprennent pas comment est-ce que ça peut les protéger quand ils ont des factures de santé qui montent à des taux extrêmes.

Le deuxième challenge c’est le prix des produits de l’assurance maladie qui sont extrêmement chers. Le prix moyen de l’assurance maladie au Cameroun est de 20 000Fcfa par mois et 20 000 Fcfa par mois c’est pour les personnes qui ont des salaires minimum de 40 000 Fcfa. Ça représente près de la moitié de leur salaire. Donc, ce n’est pas du tout accessible ».

Dr Ghislaine Lienou G, Conseiller exécutif chez Prudential Beneficial Life Insurance

« L’assurance maladie devrait être adaptée en fonction des couches sociales »

« Je pense que la communication est à prioriser. Il faudrait développer les axes de communication et tout le monde est concerné. Le gouvernement est concerné, je suis concernée, tu es concerné, les compagnies d’assurances de maladies sont concernées, parce que si on met en avant la promotion de la communication, je pense que chacun sera interpelé à son niveau, pour comprendre l’importance de l’assurance maladie, parce que l’assurance maladie à sa place dans la vie de chacun. Maintenant c’est la façon avec laquelle nous pourrons la mettre sur pied  qui pourra nous donner sa place.

L’assurance maladie en principe devrait être adaptée en fonction des couches sociales. Parce que dans le secteur informel, il  y a beaucoup de couches, si nous essayons de faire des groupuscules, c’est-à-dire les ménagères, on groupe les ménagères on les donne une assurance maladie; on essaie de formaliser un peu les différentes couches sociales. On se dit, si nous mettons ça en commun, l’assurance maladie du côté des ménagères ou alors du côté des Bayam sellam, on essaie d’adapter, je pense que chacun pourrait en profiter ».

Propos recueillis par Elvis Serge NSAA

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