Malnutrition au Burkina Faso et Mali : L’ONU annonce une hausse de 83%
L’insécurité a gravement entravé l’aide humanitaire dans ces deux pays. « Pour la première fois au Sahel, 45.000 personnes connaîtront des niveaux de faim catastrophiques (phase 5) à un pas de la famine -dont 42.000 au Burkina Faso et 2.500 au Mali », signale l’analyse de la sécurité alimentaire du Cadre harmonisé de mars 2023, expliquant que « les effets combinés des conflits, des chocs climatiques, de la COVID-19 et des prix élevés des denrées alimentaires continuent d’aggraver la faim et la malnutrition dans la région ». Le même rapport fait savoir que le nombre de personnes n’ayant pas un accès régulier à des aliments sains et nutritifs devrait atteindre 48 millions pendant la période de juin à août 2023, soit 4 fois plus au cours des cinq dernières années. «Il est crucial d’investir massivement dans le renforcement des capacités des communautés et des individus à résister aux chocs, tout en donnant la priorité aux solutions locales et à long terme en matière de production alimentaire, de transformation et d’accès pour les groupes vulnérables», a déclaré le Directeur régional du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’Afrique de l’Ouest, Chris Nikoi.
Par ailleurs, la situation nutritionnelle déjà difficile des communautés de la région se dégrade également : 16,5 millions d’enfants de moins de 5 ans seront confrontés à la malnutrition aiguë en 2023, dont 4,8 millions d’enfants souffriront de la forme sévère débilitante. Il s’agit d’une augmentation de 83% de la malnutrition aiguë globale par rapport à la moyenne de la période 2015-2022. L’ONU fait savoir qu’entre 2019 et 2023, les incidents de sécurité ont augmenté de 79% dans la région, provoquant des déplacements massifs de population et perturbant l’accès aux terres agricoles et au fourrage. « L’insécurité et les conflits croissants signifient que la vulnérabilité augmente dans la région et qu’il est de plus en plus difficile d’aider les communautés dans les zones isolées », a fait savoir la Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Marie-Pierre Poirier. Malgré l’amélioration des précipitations en 2022, l’accès aux denrées alimentaires et leur disponibilité restent une préoccupation majeure.
Appel d’aide
Les régions restent dépendantes des importations nettes, et la dépréciation de la monnaie et l’inflation élevée font augmenter les factures des importations alimentaires dans la région, alors même que les pays sont confrontés à d’importantes contraintes fiscales et à des défis macroéconomiques. « Il est temps d’agir pour stimuler la production agricole afin de parvenir à la souveraineté alimentaire dans notre région », a exhorté le Coordonnateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, Robert Guei, appelant à s’attaquer aux causes profondes de cette crise de manière concertée et immédiate. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l’UNICEF et le PAM renouvellent leur appel aux partenaires humanitaires et de développement ainsi qu’au secteur privé pour qu’ils soutiennent les gouvernements nationaux dans le renforcement de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans la région. Il s’agit spécifiquement de mettre en place des systèmes d’alimentation, de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des programmes de protection sociale tenant compte de la nutrition et ciblant les groupes vulnérables tels que les femmes et les jeunes enfants.
Divine KANANYET/news.un.org