Paludisme : L’OMS enregistre environ 4000 décès par an au Cameroun

Selon cette organisation, la plupart des victimes sont des enfants âgés de moins de 05 ans.
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C’est un fait, le paludisme est endémique au Cameroun. D’après les acteurs du secteur sanitaire, le Cameroun fait partie des pays les plus touchés par le paludisme, avec 2,9 % de tous les cas de paludisme et de décès dans le monde et 2,4 % des décès dus au paludisme en 2020 ; « cela en fait le troisième pays le plus touché d’Afrique centrale, 12,6 % des cas en 2020 », relève ainsi la plateforme  Severe Malaria Observatory (SMO). D’après les données publiées par cet organisme, entre 2017 et 2020, le nombre de cas de paludisme  a augmenté de 3,8 %, passant de 250 à 260 pour 1 000 habitants à risque. Durant la même période, le taux de mortalité a légèrement augmenté de 0,8 %, passant de 0,55 à 0,56 pour 1 000 habitants à risque. Moins de 30 % des enfants qui présentaient de la fièvre ont eu un test de dépistage du paludisme. Du côté de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce sont tous les Camerounais qui sont régulièrement exposés à la maladie. Pour argumenter cela, le  Dr Dorothy Achu, Secrétaire permanente du Programme national de lutte contre le paludisme, Ministère de la santé publique du Cameroun (Minsanté) relevait lors  du lancement de la campagne de sensibilisation au paludisme au Cameroun l’année dernière, que chaque année, il est enregistré  six millions de cas de paludisme et les  établissements de santé déplorent 4000 décès environ, dont la plupart touchent les enfants de moins de cinq ans.

Cependant,  tous les cas ne sont pas enregistrés et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’environ 11 000 personnes meurent du paludisme au Cameroun chaque année. 30%  environ des visites ambulatoires dans les établissements de santé sont liées au paludisme, ce qui en fait une maladie importante dans “notre pays”. Sur une note positive, les rapports de surveillance nationale font état d’une baisse de la part des décès imputables au paludisme, passé de 18 % en 2019 à 13,5 % aujourd’hui. Les efforts entrepris sur le plan international, sont relayés au niveau national par un fort engagement de l’Etat. En 2002, le Cameroun a élaboré un Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme et restructuré le Programme National de Lutte contre le Paludisme pour le rendre plus opérationnel et plus efficace. L’actuel Plan stratégique national (PSN) du Cameroun pour la lutte antipaludique couvre la période 2019-2023 et constitue la cinquième version d’une stratégie nationale.

Couverture santé universelle

Avec la mise en place de la Couverture santé universelle (CSU), dont l’objectif est de consolider les différents traitements/soins gratuits et subventionnés mis en œuvre dans le pays, l’on retient également que cette première phase lancée il y a quelques jours, s’articule autour d’un panier de soins couvrant les aspects préventifs, curatifs et promotionnels. Avec pour cibles les enfants âgés de 0 à 5 ans, les femmes enceintes et les personnes de tout âge souffrant de certaines pathologies.  La consultation et la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans souffrant de paludisme simple et grave. Lors du lancement de cette première phase, le Dr Manaouda Malachie, Ministre de la Santé publique a indiqué  que l’ambition affichée étant d’améliorer l’accès aux soins et services de santé pour tous et garantir en même temps la dignité des personnes. «  Cette démarche s’inscrit en effet dans un ensemble de mesures visant à garantir un accès universel et digne aux services aux services et soins de santé essentiels pour une meilleure protection sociale de toutes les personnes sur le territoire national », a-t-il dit. En prenant en compte le paludisme dans la CSU, le gouvernement vient à nouveau confirmer sa position dans la prise en charge gratuite de cette maladie qui tue de nombreuses personnes dans le monde en général et en Afrique en particulier. Selon l’OMS, le paludisme tue entre 1,1 et 2,7 millions de personnes dans le monde chaque année, dont environ un million d’enfants de moins de cinq ans résidant en Afrique subsaharienne.

Avant le lancement de la CSU, le gouvernement camerounais a entrepris de nombreuses initiatives visant à limiter les dégâts au niveau local, à travers les méthodes préventives telles que la distribution des moustiquaires imprégnées, curatives, comme l’accès aux soins gratuit ou à coût réduit pour les enfants âgés de 0 à 05 ans et les femmes enceintes et les méthodes promotionnelles avec travers la sensibilisation. Ce packaging est subventionné par l’Etat « à plus de 26 milliards de Fcfa », nous confie un cadre au Ministère de la Santé Publique.

Un problème majeur de santé publique

Le paludisme est une maladie vectorielle (transmise par un moustique, l’anophèle) grave, potentiellement mortelle, très répandue en zone tropicale.

Il existe plusieurs espèces de parasites responsables du paludisme. Plasmodium falciparum est l’espèce la plus dangereuse, car elle est responsable des formes mortelles, c’est également la plus fréquente (en Afrique tropicale surtout, mais aussi en Amérique et en Asie forestière). C’est prioritairement contre cette espèce que sont dirigées les mesures préventives.  C’est dans ce sens que l’OMS et les gouvernements africains s’activent pour lutter contre cette maladie.  Car, le paludisme reste un problème majeur de santé publique et de développement. Au cours de l’année 2021,  environ 95 % des 228 millions de cas estimés ont été détectés dans la Région africaine de l’OMS,  pour 602 020 décès.

Selon les indications, les six pays  les plus durement touchés par le paludisme dans la Région concentrent près de 55 % de la morbidité et 50 % de la mortalité imputable à cette maladie dans le monde entier. Malgré un certain ralentissement des progrès accomplis en matière de réduction des cas et des décès dus au paludisme et en dépit des perturbations des services de santé liées à la COVID-19, l’OMS se réjouit de  constater que les pays  sont  bien plus lotis qu’ils ne l’étaient en 2000.  C’est pourquoi, il est important de recréer cette dynamique et consolider les avancées récentes. Par exemple, les campagnes de chimioprévention du paludisme saisonnier ont été mises en œuvre comme prévu en 2021, ce qui a permis de protéger 11,8 millions d’enfants supplémentaires. En outre, des opérations de pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent et de distribution de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action ont été menées, dans une large mesure conformément aux prévisions établies.

Concernant ces campagnes de chimioprévention, l’on retient du Dr Dorothy Achu qu’au Cameroun, « nous avons testé plusieurs méthodes visant à améliorer l’observance du traitement. L’une des plus grandes difficultés liées à la chimioprévention tient au fait que contrairement à la première dose administrée en présence des agents de santé communautaires, les deuxième et troisième doses sont données par le soignant sans aucune supervision. Comme nous ne pouvons pas envoyer les agents de santé communautaires dans les foyers à une fréquence suffisante pour vérifier l’administration des trois doses, nous avons fait en sorte de trouver des chefs  de foyer qui font office de mentors dans chaque village, dont le rôle est de rappeler aux parents ou aux soignants de donner les deuxième et troisième doses aux enfants ». La journée mondiale de lutte contre paludisme qui se célèbre chaque 25 avril, donne également l’occasion aux différents acteurs du secteur sanitaire  d’attirer l’attention du monde entier sur le paludisme et sur son impact dévastateur sur les familles, les communautés et le développement de la société, surtout en Afrique subsaharienne. Le thème retenu pour cette édition est « il est temps de parvenir à zéro cas de paludisme : investir, innover, mettre en œuvre ». 

Ghislaine DEUDJUI

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