Souscription à l’assurance maladie; Ce que propose la Fondation Denis & Lenora Foretia au gouvernement
D’après les experts de l’économie de la santé, l’Etat du Cameroun devrait créer les conditions du plein emploi pour permettre aux travailleurs du secteur informel d’immigrer vers un emploi décent afin de souscrire à une assurance maladie.
Malgré le lancement de la première phase de la Couverture santé universelle (CSU), plus de la moitié des camerounais renoncent aux soins pour des raisons financières. Il est évident que, la crise économique qui accroît les inégalités et crée de nouvelles vulnérabilités fait de l’accès à un régime d’assurance maladie au Cameroun un luxe pour les travailleurs du secteur informel et une déclaration de naissance pour les fonctionnaires immatriculés. Ces questionnements étaient au cœur d’un banquet des gladiateurs de l’économie de la santé, le 30 mai 2023, à la Fondation Tandeng Muna. D’après les experts, les entrepreneurs du secteur informel sont moins enclins à adhérer à un système de protection sociale parce que leurs revenus mensuels ne les permettent pas de souscrire à une assurance maladie. Le diagnostic posé par la Fondation Denis & Lenora Foretia vise à apporter un substrat matriciel à la réussite de la CSU au Cameroun. Pour l’analyste des politiques publics et consultant, Romeo Marc Bihina, le premier avantage c’est que, souscrire à une assurance santé maladie, facilite l’accès aux soins de santé. « Quand on a souscrit à une assurance maladie, en cas de maladies, on n’a plus la pression d’où est-ce qu’on va aller. On sait déjà qu’en cas de maladies, ma compagnie d’assurance m’oriente vers une formation sanitaire », renseigne le consultant.
Cette douzième table ronde a pour finalité, sensibiliser la population camerounaise à la nécessité de souscrire à un régime d’assurance maladie. Ont pris part à cette messe scientifique, des économistes de la santé, des prestataires de soins de santé, des chercheurs en santé, des organisations de la société civile, des défenseurs de l’équité en matière de santé, des décideurs politiques ainsi que le grand public. Au-delà du fait qu’elle va permette d’améliorer les conditions de vie des ménages, la Couverture santé universelle ne fait pas l’unanimité, surtout en ce qui concerne son financement. « Le second avantage est sur le poids financier de la prise en charge de la maladie. L’assurance maladie a un impact sur le revenu du malade. Lorsque je suis malade, je ne vais plus supporter à 100% les frais de la maladie. Certes il y a un pourcentage que je pourrais payer, mais la grande part des dépenses liées à ma maladie sera supporté par ma compagnie d’assurance, ou par l’Etat à travers la Couverture santé universelle (CSU) », a ajouté le consultant.
D’après Olama Désiré, consultant des politiques publiques, l’assurance maladie n’est qu’une dimension de la sécurité sociale. Cette sécurité sociale est là pour gérer les dépenses liées à la santé. C’est également un moyen de régulation des dépenses liées à la prise en charge des problèmes de santé en cas de maladie. Néanmoins, pour arriver à ce stade, il faut rétablir le climat de confiance entre le gouvernement et les gouvernés. « La crise de confiance est déjà palpable. Maintenant, il faut pouvoir rétablir cette confiance. Cela dépend du service rendu aux populations. Il faut davantage interpeller les citoyens qui ne sont pas encore intéressés à la chose, à y adhérer. Nous pensons que l’élément clé ici, c’est la qualité du service que rendront les compagnies d’assurance ainsi les Etats, ou des gouvernements », a-t-il conclu.
Souscriptions individuelles
Les modalités de financement de la santé d’un pays déterminent qui a accès à quels services de santé et le niveau de protection financière offert à la population. En ce qui concerne le Cameroun, l’on ne peut que s’alarmer devant le nombre de personnes qui n’arrivent pas à faire face à leurs dépenses en matière de santé. Dans le volet des ressources financières présentées par le ministère de la Santé publique, on constate que la dépense totale de santé / habitant est de 3 400 Francs CFA par an alors que le paiement direct des ménages qui représente 70% est ”très élevé”. Pour certains économistes de la santé, c’est trop lourd. Du coup, bon nombre de patients camerounais reportent leurs consultations médicales, et certains n’arrivent pas à acheter tous les médicaments prescrits. Or, l’assurance maladie est considérée comme un moyen de protéger les risques financiers et de permettre aux pays à faibles et moyens revenus d’avoir accès aux soins de santé. Il est important de noter que la souscription à l’assurance maladie fait partie des stratégies utilisées par les pays à faibles revenus pour permettre à leurs populations d’avoir accès aux soins de santé. « Si l’Etat du Cameroun est capable de donner 6 millions d’emploi au Cameroun, ces travailleurs peuvent souscrire à une assurance maladie », suggère Désiré Olama, Consultant des politiques publiques. Le plein emploi est une situation économique dans laquelle la quasi-totalité de la population active a un emploi.
Les individus qui souhaitent trouver un emploi n’éprouvent aucune difficulté pour en trouver un. Le seuil du plein emploi est fixé à moins de 5 % de la population active d’un territoire donnée. Pour Gustave Item, il faut souscrire les travailleurs en masse, ce qui va permettre à la compagnie de pouvoir tenir. Les souscriptions individuelles ne sont pas à encourager.
Elvis Serge NSAA
Réactions
« Ce 12ème panel de discussions nous a permis d’avoir des recommandations fortes »
« Nous sommes très honorés de vous parler de notre projet qui était de réduire les barrières à l’assurance privée. Ce projet, nous l’avons monté pour répondre justement aux questions de soins de santé qui sont chères pour les populations. Alors, dans le cadre de ce projet, nous avons organisé 12 panels de discussions qui nous ont permis d’avoir des recommandations fortes, qui vont permettre d’améliorer les propositions en matière d’assurance sur la Couverture santé universelle. Voilà en fait, le but de ce projet.
A travers ce projet, il n’y a pas eu que des panels de discussion qui ont été organisés, il y a également des panels scientifiques qui sont mis en place, il y a également les vidéos qui sont tournées pour parler autour de ce thème. Nous sommes entièrement reconnaissants à notre partenaire qui a financé ce projet, qui nous permet de travailler, à promouvoir cette assurance privée sur la Couverture santé universelle. Nous avons déjà soumis le rapport de ce projet à notre partenaire et nous allons également faire des recommandations que nous allons mettre à la disposition des compagnies d’assurance, à la disposition du gouvernement, à tous ceux qui interviennent dans le cadre de la Santé ».
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA