Ces chiffres ont été révélés, ce 22 août 2019 à Yaoundé au cours de la cérémonie de lancement officiel de la Semaine Camerounaise de l’Allaitement Maternel (SCAM) présidée le ministre de la Santé Publique, Dr MANAOUDA Malachie au Centre Mère et enfant de la Fondation Chantal BIYA.
D’après les autorités sanitaires, seuls 40% des nourrissons âgés de 0 à 5 mois bénéficient d’un allaitement exclusif au sein au Cameroun. Selon l’Association camerounaise des femmes médecins, en effet, ce taux devait être d’au-moins 50% jusqu’à l’âge de 6 mois. Les bienfaits de l’allaitement maternel sont en effet nombreux. Selon le Fonds des nations unies pour l’Enfance (Unicef), 40.000 vies pourraient être sauvées au Cameroun si l’allaitement maternel exclusif était de vigueur jusqu’à 6 mois.
Face à cette situation, Dr Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique a appelé les parents, les professionnels de la santé, les organisations de la société civile à se mobiliser pour la promotion de l’allaitement maternel dans le pays. Cette année, le Cameroun célèbre cette semaine sous le thème: « autonomiser les parents, faciliter l’allaitement ». Pour la circonstance, outre le Secrétaire Général de la Fondation Chantal Biya, y prenaient également part, le Représentant Résident de l’OMS, les Organisations de la société civile œuvrant dans la promotion de l’allaitement maternel, les membres des sociétés savantes et des personnalités diverses.
Le lait maternel est le premier élément d’alimentation et constitue à bien des égards un aliment irremplaçable pour le nouveau-né. En effet, le lait maternel de par ses propriétés (stérile, riche en anticorps et en éléments nutritifs nécessaire à la croissance et au développement harmonieux du nourrisson) prévient la sous-alimentation et les maladies infectieuses et particulièrement la diarrhée.
De même, l’allaitement maternel à la demande et prolongé favorise l’augmentation de la durée de l’aménorrhée post-partum. Cela peut avoir un effet favorable sur la fécondité et l’état de santé de la mère et sur la croissance et le développement de l’enfant grâce à son influence sur l’intervalle intergénésique.
Les facteurs défavorisant l’allaitement maternel
L’insuffisance des pratiques d’allaitement au Cameroun est en partie due à une méconnaissance des bienfaits de l’allaitement maternel sur la santé des mères et des enfants, mais aussi aux pratiques de commercialisation abusives et non encadrées des substituts au lait maternel. La commercialisation abusive des laits de substitution entrave la promotion de l’allaitement et met en danger la santé des enfants camerounais Au niveau international les laits de substitution sont encadrés par le Code international de l’OMS sur la commercialisation des substituts du lait maternel.
Au Cameroun, le Décret national de 2005 reprend les dispositions du Code de l’OMS mis en place en 1981 afin de stopper la promotion abusive des laits infantiles. Malgré l’existence de ce cadre juridique, de nombreuses violations du Code sont constatées dans les établissements de santé et les pharmacies ; dons d’échantillons et de cadeaux au personnel de santé, prises de contact directes de représentants d’entreprises commercialisant les laits infantiles avec les femmes enceintes et allaitantes, publicités idéalisant de manière abusive les laits infantiles dans les pharmacies. Dans certaines conditions la consommation des substituts au lait maternel peut constituer un danger pour la santé de l’enfant. Trop dilué ou mélangé avec de l’eau non potable, le lait de substitution peut être facteur de malnutrition, de maladies telles que des diarrhées, voire de décès chez l’enfant. De plus, le faible niveau d’instruction ou le manque d’éducation peuvent entraver un suivi adéquat des instructions d’utilisation et dosages des laits de substitution.
Joseph MBENG BOUM