Réaction: « Nous souhaiterons avoir une direction de la santé bucco-dentaire au ministère de la Santé publique »
Dr. Chantal Tankoua Sunou, Chirurgien-dentiste, Présidente Nationale de l’Ordre National des Chirurgiens-dentistes du Cameroun
C’est toujours avec beaucoup d’émotion et d’honneur que je prends la parole, à chaque fois, devant vous les confrères, les valeureux chirurgiens-dentistes. Je veux juste présenter les doléances de mes confrères au ministre de la Santé Publique, le Dr. Manaouda Malachie. En ce qui concerne les professionnels médico-sanitaires, odontostomatologie que nous avons vue, nous pouvons dire qu’en 3 ans, nous avons formé plus de 1500 techniciens dentaires. Nous attirons votre attention, monsieur le Ministre, sur le fait que, ce métier noble avait été créé en 1960 par l’Organisation Mondiale de la Santé, en même temps que les médecins de brousses, quand il n’y avait pas suffisamment de médecins ou de chirurgiens-dentistes qualifiés partout dans notre pays. Depuis le temps que les médecins de brousse ont disparus, ils ont été remplacés par les docteurs de la médecine, nos chers confrères bien-aimés. Les techniciens dentaires n’ont pas été remplacés; ils continuent de travailler dans des conditions difficiles. Monsieur le ministre de la Santé publique, nous vous demandons, humblement, de vous attarder sur le sujet-là, parce que, le nombre de chirurgiens-dentistes dans notre pays est de plus en plus important.
L’Etat ne recrutant plus systématiquement ces jeunes confrères, ils se retrouvent dans la nature, dans des conditions quelquefois, qui nous donne à réfléchir. Nous attirons votre attention depuis de nombreuses années. Nous vous avons écrit à ce sujet pour vous dire non. Il faut revoir la politique globale de la santé bucco-dentaire dans notre pays. Il y a suffisamment de médecins dentistes maintenant pour remplacer positivement auprès de leurs confrères ainés, ces techniciens dentaires que nous apprécions. Ce sont nos confrères d’un autre ordre, mais qui étaient là, pour servir comme collaborateurs auprès des dentistes qui existaient.
L’autre point sur lequel j’ai été interpellé monsieur le ministre en tant que Présidente, porte-parole des doléances de mes confrères, c’est celui du manque de représentativité des médecins bucco-dentaires au sein de l’administration centrale. Nous irons plus loin, monsieur, le ministre de la Santé. La médecine bucco-dentaire est une médecine transversale; on la retrouve dans toutes les directions de la santé publique. Que vous preniez la direction de la promotion de la santé, il y devrait avoir des confrères qui s’occupent de la promotion de la santé bucco-dentaire, que ce soit la lutte contre la maladie, on devrait avoir un confrère qui s’occupe de la lutte contre les maladies buccodentaires, que ce soit même au niveau de la DOST, on devrait avoir des chirurgiens-dentistes, pas un, pas deux, mais plusieurs, parce que c’est l’organisation des soins.
Qui mieux qu’un praticien pour parler de sa profession. Monsieur le ministre, nous le demandons, avec beaucoup d’humilité. Nous sommes conscients de la difficulté de votre profession, de votre métier, de l’immense tâche, que vous a confié Monsieur le Président de la République, mais nous avons le devoir de vous rappeler que cette profession est là, qu’elle existe, comme nous vous l’avons dit, elle mérite une direction à part entière de notre système de santé.
Nous souhaiterons avoir une direction de la santé bucco-dentaire au ministère de la Santé publique. Nous sommes persuadés que nous allons demander de nombreuses audiences à notre tutelle pour vous présenter l’exposé de motif de la nécessité de cette direction et nous allons vous accompagner auprès des instances supérieures pour pouvoir voir en fin la création de cette direction de la santé bucco-dentaire. Comme vous le savez, la santé bucco-dentaire est un corps de médecine à part entière avec de nombreuses spécialités.
Le troisième point sur lequel on m’a également demandé d’insister, c’est l’élaboration d’une politique nationale bucco-dentaire, qui prendra en compte cette discipline dans sa globalité, utile à la promotion de la santé bucco-dentaire en s’appuyant sur des données factuelles et réelles comme on le fait avec les autres pathologies, telle que le paludisme.
Apporter des solutions plus adaptées aux problèmes bucco-dentaires en fonction de leur prévalence, de leur incidence, et autres… Monsieur le ministre, quand vous regardez, pour preuve la stratégie sectorielle de la santé 2020/2023, rien n’est dit concernant la santé bucco-dentaire, pourtant, nous avons été invités et nous avons participé de nombreuses fois à l’élaboration de la stratégie sectorielle de la santé. A la partie réservée à la santé bucco-dentaire, nous voyons écrit « absence de politique sanitaire ».
Nous pensons que s’il y a une direction de la santé bucco-dentaire, nous ne verrons plus une absence de politique sanitaire, en ce qui concerne la santé bucco-dentaire. On verra tout le travail effectué par cette direction, par les professionnels concernés.
Monsieur le ministre de la Santé Publique, nous sommes infiniment reconnaissants à notre tutelle, de nous imprégner de la Couverture Santé Universelle (CSU). Chacun d’entre nous doit se sentir concerné par la CSU, qui est une immense opportunité offerte à notre pays par le Président de la République. Les chirurgiens-dentistes doivent prendre leur part dans la mise en place de l’élaboration de nos structures sanitaires publiques et privées confessionnelles auprès de nos malades, des bienfaits de la CSU.
Nous sommes certains que, Monsieur le Ministre de la Santé Publique, dans le deuxième panier de cette couverture santé universelle, dans les perspectives, il y aura des maladies bucco-dentaires, si tant que la maladie bucco-dentaire devrait être une maladie qui est prise en charge en priorité, pourquoi monsieur le ministre ? Quand vous avez un enfant qui a une pupille dentaire, l’enfant ne dort pas, les parents ne dorment pas.
Il ne va pas à l’école, absentéisme scolaire; les parents ne vont pas au travail parce qu’ils vont amener l’enfant à l’hôpital, absentéisme professionnel, d’où la nécessité que cette maladie fasse partie de la CSU, pour ne prendre que cette maladie. Elle peut causer des fausses couches et des accouchements prématurés. Elle concerne la mère et l’enfant, dont sa prise en charge dans le prochain panier des soins de la CSU est nécessaire.
Nous ne pouvons pas demander. Nous devons remercier notre tutelle, le ministre de la Santé publique, le Dr. Manaouda Malachie, pour les efforts qu’il met pour nous écouter. Il est toujours là, quand l’ordre national des chirurgiens-dentistes a besoin de lui, pour parler de leurs professions, pour les accompagner.
Nous le remercions infiniment pour cette plateforme qu’il a créée pour nous permettre de travailler ensemble, les ordres professionnels de santé et les responsables du ministère de la Santé Publique. La moisson sera laborieuse. Nous remercions notre tutelle pour tout ce qu’elle fait déjà de la médecine en général dans notre pays, mais en particulier pour la médecine bucco-dentaire.
Monsieur le Ministre, ces 4 points étaient très importants. Il était et nécessaires que nous vous en parlions aujourd’hui et que nous attirions votre attention là-dessus.
Chers confrères, chers consœurs, Je suis ravie que cette salle soit pleine, parce que beaucoup m’ont appelé pour me dire qu’on ne vient pas, parce que les élections sont terminées, il y a plus d’enjeu. Les élections sont terminées, mais l’Assemblée Générale est un enjeu majeur, parce que c’est au cours de celle-ci que nous prenons des résolutions et des décisions qui sont légitimes et que nous pouvons porter avec force au niveau des autorités telles que le ministère de la santé publique. Votre présence massive ici prouve encore de l’intérêt que vous portez pour votre profession. Je vous félicite d’être là.
Je ne peux pas continuer sans remercier les membres du Conseil National des Chirurgiens-dentistes du Cameroun, qui ne ménagent aucun effort pour faire avancer la santé bucco-dentaire au Cameroun.
Le Pr Tetanyé Ekoé c’est le père de l’odontostomatologie au Cameroun.