Interview : Dr. Djamilatou Leila

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« La Santé est un secteur sensible et la vie humaine n’a pas de prix. Le cap a été fixé par la plus haute autorité de notre pays et en relais les instructions du Ministre de la Santé Publique sont sans ambiguïté ».

L’année 2023 s’est achevée, que peut-on retenir des activités menées par la délégation régionale de la santé publique pour l’Adamaoua ?

Les activités menées ont été si fastidieuses que les colonnes de votre journal  ne suffiraient pas pour les énumérer toutes. Prenez par exemple le volet  vaccination, plusieurs campagnes ont été organisées à l’effet de prévenir voire d’éradiquer les maladies telles que la poliomyélite la fièvre jaune, la rougeole, la covid 19, le paludisme pour ne citer que celles-ci. Il faut dire en ce qui nous concerne, nous travaillons d’arrache-pied avec pour ambition d’immuniser toute la population.

S’agissant du VIH Sida, 99,8% des cibles ont été dépistées en 2023 avec un taux de séropositivité 2,5% et un taux de prévalence régional de 4,1%. La tuberculose, la malnutrition et bien d’autres problèmes de santé font l’objet d’une attention toute aussi particulière.

Il importe également de mentionner que 70 prestataires  ont bénéficié d’une formation en Soins obstétricaux Néonatals Essentiels d’Urgence(SONEU) dans le cadre de la Santé de Reproduction ceci dans le but de réduire le taux de mortalité et de morbidité de la mère et l’enfant dans notre région. Sans oublier l’extension de l’unité Soins Mère Kangourou  dans les  Districts de Santé de Tibati, Meiganga, Tignère, Ngaoundéré Urbain, Ngaoundal.

Deux faits majeurs méritent également d’être mentionnés à savoir : la réunion de coordination régionale tenue et qui a  regroupé tous les 11 Districts de santé, les Formations Sanitaires, les services et programmes de la délégation ainsi que les Partenaires Techniques et Financiers à l’effet d’évaluer toutes les activités en termes d’impact sur la population. La Phase 1 de la CSU qui est un axe central de la politique de Santé du Chef de l’Etat Son Excellence Paul Biya et implémenté par le Gouvernement de la république par l’entremise du Dr Manaouda Malachie Ministre de la Santé Publique fait également l’objet de toute notre attention.

Le Cameroun est de pleins pieds dans la Couverture Santé Universelle (CSU) phase 1. Quelles sont les données de la région au bout d’un an de mise en œuvre ?

Concernant  la CSU, les chiffres sont dynamiques. A date,  plus de 291 000 personnes ont été pré enrôlées avec plus de 224 000 enrôlements. Globalement la région est à 62,50% de personnes enrôlées. Il faut dire que la Phase 1 de la couverture Santé Universelle  a été lancée officiellement le 12 avril dernier dans la ville de Bertoua région de l’Est par, le  Ministre de la Santé Publique. Le  Dr Manaouda Malachie à travers ce nouveau mécanisme, traduit en réalité concrète dans le secteur de la santé, la vision stratégique du  Chef de l’Etat son Excellence Paul Biya à savoir garantir un accès équitable aux soins de santé  de qualité à l’ensemble de la population Camerounaise.

Cette dynamique nationale sanitaire trouve un terrain fertile dans la région de l’Adamaoua. Ainsi, plus de 28 patients souffrants d’insuffisance rénale font deux séances d’hémodialyse par semaine au centre de d’hémodialyse de l’Hôpital Régional de N’Gaoundéré en déboursant juste 15000frs l’année contre 520000 frs il y a peu. Les enfants de moins de 5ans sont consultés gratuitement dans les formations sanitaires, les femmes enceintes  sont suivies du début de leur grossesse, jusqu’à 42 jours de vie de leur nouveau-né à 6000frcfa. Plus de 17459 personnes vivantes avec le VIH SIDA soit 74% de la file active régionale bénéficient d’un traitement gratuit de même que ceux souffrants de la tuberculose. Nous poursuivons sans relâche avec la sensibilisation et l’enrôlement des cibles prioritaires dans les Formations Sanitaire et dans les communautés afin que chacun puisse bénéficier des avantages de cette nouvelle donne dans le secteur de la Santé.

Selon le Conseil Régional, l’Adamaoua accuse un déficit de près 3000 personnels soignants toutes spécialités et grades confondus. Si ce n’est un secret, peut-on avoir le tableau général en matière de personnels (médecins, infirmiers, techniciens, sages-femmes, spécialistes etc.) ?

Le déficit en personnel n’est pas spécifique à la région de l’Adamaoua et bien avant le conseil régional le Ministre de la Santé Publique nous avait déjà instruit de dresser un état de la situation. Au moment où nous parlons ce chiffre n’est plus exact. Le chef de département ministériel en a conscience et les personnels sont en train d’être  progressivement affectés en qualité et dans les quantités disponibles dans les différentes régions notamment celle de l’Adamaoua. Ce qui va davantage réduire le gap entre l’offre et la demande

Selon le Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées de 2019, les communes doivent participer au recrutement des personnels de santé et leur prise en charge salariale. Cette donne est-elle effective dans notre région ?, surtout qu’il est dit çà et là que cette catégorie de personnels a des arriérés de salaire allant jusqu’à 6 mois.

C’est une donne effective mais il faut rester prudent. La Santé est un secteur sensible et la vie humaine n’a pas de prix. Le cap a été fixé par la plus haute autorité de notre pays et en relais les instructions du Ministre de la Santé Publique sont sans ambiguïté. Il nous revient à la base de matérialiser en réalités concrètes les dispositions légales. Le dialogue est maintenu. Il faut maintenant s’accorder sur certaines modalités. Les priorités étant différentes d’une CTD à une autre. Globalement, les parties prenantes regardent toutes dans la même direction. Nous avons en commun un nourrisson  et comme tous les nourrissons il nécessite une attention et une vigilance de tous et de chacun.

Quant aux arriérés de salaires c’est une réalité et elle est déjà portée à la haute attention de la tutelle. Nous prônons à notre niveau le dialogue et la concertation permanente. L’Etat du Cameroun n’a jamais failli à ses engagements

On reproche généralement aux hôpitaux de la région, son faible plateau technique. Comment faites-vous pour répondre aux sollicitations des patients malgré ce déficit ?

Comparativement, il y a peu de temps,  beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire dans l’amélioration du plateau technique qui  est par ailleurs un  chantier prioritaire du Ministre de la Santé Publique et les résultats sont palpables à travers la République. Tenez par exemple dans notre région, nous avons reçu  une dotation en couveuses dans 8 Districts de Santé de la région, des réfrigérateurs pour la conservation des Vaccins dans les Formations Sanitaires, des matériels roulants pour faciliter le déploiement des personnels dans les zones enclavées… C’est le lieu ici pour moi de saluer le dévouement du personnel de santé de la région de l’Adamaoua qui exerce dans des conditions parfois difficiles.

Après Meiganga, l’Adamaoua vient d’enregistrer 2 nouveaux hôpitaux régionaux annexes, Banyo et Tibati. Qu’est-ce qui va désormais changer dans la prise en charge des patients?

Vous faites bien de relever cet acquis qui traduit une fois encore la matérialisation par le Gouvernement de la République à travers le Ministère de la Santé Publique de la volonté du Chef de l’Etat d’offrir aux camerounais des soins de santé de qualité, de proximité  et à des coûts avantageux.

 Pour la région c’est une énième bouffée d’oxygène qui va désengorger les grands pools sanitaire, réduire les coûts dont le transport n’est pas des moindres. A cela il faut ajouter une prise en charge immédiate et de qualité sans oublier l’agrandissement de la carte sanitaire.

Nous avons constaté madame, une multiplication des cabinets d’optique médicale dans la ville de Ngaoundéré particulièrement. Et selon l’ordre des opticiens, certains de ces cabinets exercent sans autorisation du ministère de la santé. Comment faites-vous pour assainir le milieu ?

Les clandestins gangrènent tous les secteurs malheureusement et c’est encore plus  préoccupant lorsqu’il s’agit des domaines aussi sensibles que la santé. Lorsque nous constatons ce type de dérive contraire à l’éthique et à la déontologie, nous rendons compte à notre hiérarchie et nous faisons appliquer la loi dans toute sa rigueur. Actuellement, des missions de contrôles de la conformité des Formations Sanitaires et assimilés sont en cours dans la région et à  l’issue de celles-ci les structures clandestines seront purement et simplement fermées.

Quels sont vos principaux défis pour 2024 qui sont déjà sur les rails depuis ?

Globalement, c’est d’appliquer avec rigueur la feuille de route validée par la haute hiérarchie avec un accent sur la CSU, les activités préventives et curatives, le  renforcement de l’éthique et la déontologie. Tout ceci en synergie avec les autres acteurs de la Santé Publique.

 

Interview réalisée par Jean Besane Mangam

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