Ngaoundéré : L’inquiétante perte de vue des enfants PVVIH. 

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Une étudiante en santé en fin de formation alerte sur les défis de la rétention aux soins. Les résultats d’une étude menée à l’hôpital régional de Ngaoundéré mettent en lumière les difficultés rencontrées pour maintenir les enfants vivant avec le VIH sous traitement. La méconnaissance, les contraintes d’accès aux soins et les effets secondaires des médicaments sont autant d’obstacles à surmonter.

 

Un constat alarmant a été dressé par Housseina, étudiante en fin de formation des infirmiers diplômés d’Etat à la Fondation la Sahélienne à Ngaoundéré, lors de son stage au centre d’excellence pédiatrique de l’hôpital régional de Ngaoundéré. En collaboration avec un accompagnateur psychosocial, il a mené une étude approfondie sur les pertes de vue parmi les enfants vivant avec le VIH (PVVIH) âgés de 4 à 14 ans.

Les résultats de cette étude révèlent une situation préoccupante malgré les efforts déployés, un nombre significatif d’enfants interrompent leur traitement antirétroviral (ARV). Cette discontinuité thérapeutique, souvent appelée « perte de vue », met en péril la santé et le bien-être de ces jeunes patients.

« En travaillant sur les données, nous avons réalisé que la tranche d’âge des 4-14 ans était particulièrement touchée par ce phénomène », explique Housseina. Et d’ajouter, « Cela nous a amenés à nous interroger sur les facteurs qui empêchent ces enfants de poursuivre leur traitement de manière régulière. »

Selon l’étudiante en fin de cycle, plusieurs obstacles à la rétention pour le traitement de la tranche d’âge considérée dans ses travaux. il s’agit entre autres de la méconnaissance des parents quant à l’importance des ARV. De nombreux parents ne sont pas suffisamment informés sur le rôle crucial de ces médicaments dans la lutte contre le VIH et sur les conséquences d’une interruption du traitement.

 A cette méconnaissance des parents, s’ajoutent les difficultés liées à l’accès aux soins. Des contraintes géographiques, financières ou organisationnelles peuvent rendre difficile pour certaines familles d’amener régulièrement leur enfant au centre de santé. Les effets secondaires des traitements sont également à souligner. Certains enfants peuvent éprouver des effets indésirables liés aux ARV, ce qui peut les amener à refuser de prendre leurs médicaments.

Face à ces défis, Housseina souligne l’importance de renforcer les actions de sensibilisation auprès des parents et des communautés. « Il est essentiel de les informer sur les bénéfices du traitement et de les accompagner dans la prise en charge de leurs enfants », insiste-t-elle.

Enthousiasmée par cette première expérience de terrain, l’étudiante envisage de poursuivre ses études afin d’approfondir ses connaissances dans le domaine de la santé publique et de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des PVVIH. « Je souhaite m’investir davantage dans la recherche de solutions pour réduire la non-observance thérapeutique et améliorer la qualité de vie des enfants vivant avec le VIH », confie Housseina.

Elle appelle les autorités sanitaires, les associations et les professionnels de la santé à unir leurs efforts pour lutter contre ce problème de santé publique. En renforçant les actions de prévention, de dépistage et de prise en charge, il est possible de réduire considérablement le nombre de pertes de vue et d’améliorer le pronostic des enfants PVVIH.

Kalneché, responsable du programme de la transmission mère-enfant, par ailleurs président du jury de ces travaux souligne : « J’ai été très impressionné par la qualité de son travail, parce que ça nous révèle vraiment le problème de fond, les causes profondes qui maintiennent les enfants hors du traitement. J’ai été très ému d’être président du jury pour pouvoir examiner ce travail. C’est vrai qu’au niveau du CTA, de l’Hôpital Régional de Ngaoundéré, la rétention est au-delà de 95%. Mais cette poussière de pourcentage qui reste encore n’est pas à négliger ».

Ces travaux qui marquent la fin de la formation de l’étudiante remettent sur la table des discussions, selon les membres du jury, la nécessité de l’observance du protocole des soins au CTA de l’Hôpital Régional de Ngaoundéré. L’inobservance qui peut être fatale pour le patient.

Jean Besane Mangam

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