Lutte contre le paludisme au Cameroun en péril : Un financement insuffisant de 39,42%
Le Cameroun, pays d’Afrique centrale, est confronté à l’un des défis de santé publique les plus pressants: le paludisme. Selon les statistiques récentes, le pays se classe au 11ème rang des nations les plus touchées par cette maladie mortelle, avec au moins 6 millions de cas et 4000 décès chaque année.
Pour répondre à ce fléau, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a élaboré un nouveau plan stratégique pour la période 2024-2028. Cependant, l’analyse des besoins de financement révèle des gaps significatifs qui nécessitent une attention urgente.
Au Cameroun, le paludisme est responsable de près de 50% des causes d’hospitalisation, représentant ainsi un fardeau considérable pour le système de santé.
Les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement vulnérables, représentant 60% des décès liés à cette maladie. Les femmes enceintes, quant à elles, constituent également un groupe à risque élevé. Les indicateurs de santé montrent que le paludisme est responsable de 10% du taux de mortalité toutes causes confondues chez les enfants de cette tranche d’âge et chez les femmes enceintes.
Cette situation ne se limite pas aux aspects sanitaires. Le paludisme freine la croissance économique du Cameroun et perpétue la pauvreté à travers plusieurs mécanismes. Tout d’abord, les pertes directes de productivité dues à la morbidité entraînent une baisse significative de la main-d’œuvre disponible. Les travailleurs malades sont souvent incapables de remplir leurs fonctions, ce qui impacte la productivité globale du pays.
De plus, les coûts de soins de santé continuent d’augmenter, mettant une pression supplémentaire sur les ménages déjà en difficulté. Les familles, contraintes de dépenser des sommes considérables pour traiter le paludisme, voient leur budget familial s’effondrer, ce qui contribue à un cercle vicieux de pauvreté.
Enfin, les pertes indirectes, provoquées par une mauvaise fonction cognitive due à la maladie, nuisent également à l’éducation des jeunes. Les enfants malades ont des difficultés à se concentrer et à réussir à l’école, ce qui compromet leur avenir et celui du pays.
Ces informations sont issues d’un atelier de Formation des Médias sur la Lutte contre le Paludisme au Cameroun organisé à Yaoundé en septembre 2024 par le Ministère de la Santé Publique et le Programme National de Lutte contre le Paludisme, en collaboration avec le Ministère de la Communication, l’ONG Impact Santé Afrique (ISA) et l’Association des Journalistes Scientifiques et Communicateurs pour la Promotion de la Santé au Cameroun (AJC-PROSANTE).
Face à ce défi majeur, il est impératif que le gouvernement camerounais, en collaboration avec des partenaires internationaux et des organisations de santé, intensifie ses efforts pour lutter contre le paludisme. Des campagnes de sensibilisation, la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide, et l’accès à des traitements efficaces sont des mesures essentielles pour réduire l’incidence de cette maladie.
Analyse des Gaps de Financement de la Lutte Contre le Paludisme au Cameroun: Un Appel à l’Action
Le paludisme ne doit pas seulement être considéré comme un problème de santé publique, mais aussi comme un obstacle au développement économique et social du Cameroun. Il est temps d’agir, pour protéger la santé des plus vulnérables et assurer un avenir meilleur pour les générations à venir.
Budget Prévisionnel du PSNLP 2024-2028
Le budget global du PSNLP pour les cinq prochaines années est estimé à 102 530 148 869 FCFA. Ce budget vise à soutenir diverses initiatives, notamment la prévention, le traitement et la sensibilisation sur le paludisme. Le financement est crucial pour atteindre les objectifs fixés, notamment : réduction de 75% de la mortalité liée au paludisme d’ici 2028 par rapport à 2015 et réduction de 75% de la morbidité liée au paludisme d’ici 2028 par rapport à 2015.
Gap de Financement
Malgré un budget ambitieux, la prévision de financement pour les années 2024 à 2028 montre des lacunes importantes :
Au total, pour la période 2024-2028, le gap de financement s’élève à *23 447 432 885 FCFA, représentant **39,42%* des besoins de financement couverts.
Sources de Financement
Selon le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), les sources de financement actuelles sont insuffisantes pour couvrir les besoins. Les contributions se répartissent comme suit: État Camerounais – 6,16%, Fonds Mondial de Lutte contre le Paludisme (FMSTP) – 19,31% , Organisation Mondiale de la Santé (OMS) – 0,05%, Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) – 0,19% et Clinton Health Access Initiative (CHAI) – 0,16%.
Stratégies de Mobilisation des Ressources
Pour combler ces gaps, plusieurs stratégies de mobilisation des ressources doivent être mises en œuvre : Plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour augmenter la contribution du budget de l’État à la lutte contre le paludisme de 20% chaque année. Implication des grandes entreprises nationales pour investir dans la lutte contre le paludisme. Renforcement de la collaboration intersectorielle pour diversifier les sources de financement. Mobilisation des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) pour une participation active à la lutte contre le paludisme.
Le financement de la lutte contre le paludisme au Cameroun présente des gaps significatifs qui pourraient compromettre les efforts déployés pour réduire l’impact de cette maladie sur la santé publique. Une mobilisation concertée des ressources, tant au niveau national qu’international, est essentielle pour garantir l’accès universel et équitable aux interventions de lutte contre le paludisme. Les acteurs impliqués doivent intensifier leurs efforts pour atteindre les objectifs du PSNLP 2024-2028 et œuvrer ensemble pour un Cameroun émergent sans paludisme.
Mireille Siapje
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