Lutte contre la tuberculose au Cameroun: Un silence de mort sous le poids du sous-financement
Tandis que le monde s’active à éradiquer la tuberculose d’ici 2030, le Cameroun semble sombrer dans un silence assourdissant. Selon les chiffres de Stop TB Partnership, le paysage de financement de la tuberculose au Cameroun est préoccupant. En 2022, seulement 6 millions de dollars ont été fournis pour la réponse nationale, soit moins de la moitié des besoins estimés. Pour 2023, les prévisions sont de 13 millions de dollars, mais seulement 42% de ces ressources sont allouées par les apports externes, tandis que 18% proviennent de ressources nationales et que 39% restent non financés.
Atelier de la revue de la vision de stop TB Partnership Cameroun 15 octobre 2024
C’est dans le cadre de l’atelier de revue de la vision de la Stop TB Partnership Cameroun, qui s’est tenu le 15 octobre 2024 à Yaoundé, que le Directeur Exécutif de l’ONG-Fis-Cameroun a présenté ces statistiques alarmantes, soulignant ainsi l’urgence de la situation.
La tuberculose, maladie infectieuse transmissible touchant principalement les poumons, continue de sévir au Cameroun. Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment grâce à l’engagement de certaines organisations non gouvernementales et de partenaires techniques et financiers, la lutte contre cette maladie reste confrontée à un défi majeur : le sous-financement. De nombreux Camerounais ignorent qu’ils sont atteints de la tuberculose, faute de dépistage systématique et accessible à tous. Les personnes vivant dans les zones rurales, les populations les plus pauvres et les migrants sont particulièrement vulnérables.
Le recours à des traitements incomplets ou mal adaptés favorise l’émergence de souches de tuberculose résistantes, difficiles à traiter et extrêmement coûteuses. Chaque année, des milliers de Camerounais meurent de la tuberculose. Cette maladie raccourcit considérablement l’espérance de vie et prive les familles de leurs membres. La tuberculose a des conséquences désastreuses sur le plan économique. Tandis que le monde s’active à éradiquer la tuberculose d’ici 2030, le Cameroun semble sombrer dans un silence assourdissant. Selon les chiffres de Stop TB Partnership, le paysage de financement de la tuberculose au Cameroun est préoccupant. En 2022, seulement 6 millions de dollars ont été fournis pour la réponse nationale, soit moins de la moitié des besoins estimés. Pour 2023, les prévisions sont de 13 millions de dollars, mais seulement 42% de ces ressources sont allouées par les apports externes, tandis que 18% proviennent de ressources nationales et que 39% restent non financés. Lors de l’atelier de revue de la vision de la Stop TB Partnership Cameroun, organisé le 15 octobre 2024 à Yaoundé, le Directeur Exécutif de l’ONG-Fis-Cameroun a dévoilé ces statistiques, mettant en évidence la gravité de la situation et l’impérieuse nécessité de prendre des mesures efficaces pour y faire face.
Bâtir une nouvelle vision consensuelle du partenariat national halte à la tuberculose afin de contribuer à un meilleur soutien aux personnes touchées par la tuberculose grâce aux ressources mieux coordonnées et un partenariat renforcé entre les principales parties prenantes. Adopter une vision commune et consensuelle pour le partenariat STOP TB Cameroon. Elaborer une cartographie des ressources des parties prenantes nationales en appui au Plan stratégique de lutte contre la tuberculose 2024-2026.
Validé un plan d’action national en intégrant les rôles et responsabilités de chaque partenaire. Mettre à jour la structure de gouvernance du Partenariat National Halte à la Tuberculose. Promouvoir la campagne 33% pour le financement mondial de la lutte contre la tuberculose. Un cadre de partenariat est redéfini avec une vision et des objectifs partagés entre les acteurs. Une cartographie des ressources des parties prenantes nationales en appui au Plan stratégique de lutte contre la tuberculose 2024-2026 est validée. Un plan d’action national conjoint, incluant les rôles et responsabilités des différentes parties prenantes sont validé. La structure de gouvernance du Partenariat National Halte à la Tuberculose est mise à jour. La campagne 33% pour le financement mondial de la lutte contre la tuberculose est mieux comprise par les parties prenantes nationales.
La tuberculose est encore trop souvent perçue comme une maladie du passé. Le manque de sensibilisation de la population et des décideurs politiques contribue à minimiser l’importance de cette problématique. Il est essentiel de sensibiliser les autorités sur les enjeux de la lutte contre la tuberculose et de les inciter à augmenter les budgets alloués à ce secteur. Les organisations de la société civile, les bailleurs de fonds et les partenaires techniques ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre la tuberculose. Ils doivent unir leurs forces pour mettre en œuvre des programmes de prévention et de traitement efficaces. Il est nécessaire de diversifier les sources de financement et de mettre en place des mécanismes pérennes pour garantir la pérennité des programmes de lutte contre la tuberculose.
L’objectif est de sensibiliser les gouvernements et les organisations internationales à la nécessité de financer la lutte contre la tuberculose. « Nous avons besoin de l’appui de tous pour financer la lutte contre la tuberculose au Cameroun », a déclaré le Président de Stop TB Cameroun. « Nous sommes convaincus que, ensemble, nous pouvons mettre fin à la tuberculose d’ici 2030 ».
Elvis Serge NSAA
Interview
Selon le Directeur Exécutif de l’ONG-Fis-Cameroun, il faut éradiquer la tuberculose d’ici 2030 au Cameroun. Ainsi, le Cameroun doit relever plusieurs défis, notamment un gap de financement et des difficultés en termes de sous-notifications. Dans ce contexte, les universités peuvent jouer un rôle crucial en apportant leur expertise scientifique pour éclairer les décisions et développer des politiques et des stratégies adaptées au contexte national.
« La lutte contre la tuberculose au Cameroun est un défi qui nécessite une réponse coordonnée et collective »
Que pensez-vous de cette initiative?
L’initiative est très louable. Et vous savez que, comme on l’a dit, la tuberculose est un fléau qui tue les populations, qui tue nos compatriotes. Quelque chose doit être faite pour arrêter, stopper la tuberculose au Cameroun. L’intérêt, c’est que nous sommes presque à 5 années de l’objectif de l’OMS pour mettre fin à la tuberculose en 2030. Et dans ce contexte-là, le pays a plusieurs défis, notamment un gap de financement. Il y a près de 38% de la réponse nationale qui n’est pas financée. Le pays a quelques difficultés en termes de sous-notifications. Le déficit de sous-notifications est d’environ 50%. Le taux de co-infection est très élevé, 18%. Et les résultats, de la tuberculose sur l’enfant sont encore faibles, environ 6%. Tous ces défis-là ne peuvent pas être atteints dans le cadre d’une réponse non coordonnée.
Cette réponse a besoin de l’appui individuel et collectif de l’ensemble des parties prenantes. Et en mutualisant les efforts, on peut avoir la chance que chaque acteur apporte son expertise unique comme complément à la mise en œuvre complète du plan stratégique national de lutte contre la tuberculose 2024-2026.
En termes de recommandations, qu’est-ce qu’on peut attendre ?
Nous aurons bâti une nouvelle vision consensuelle où tous les principaux acteurs, tous les principales parties prenantes, se seront engagés autour d’un objectif commun d’accompagner le programme national pour, effectivement, mettre fin à la tuberculose d’ici 2030.
Monsieur le Président, pourquoi associer les universités à la tuberculose ?
Mettre fin à la tuberculose demande d’aller au-delà du volet médical. Il y a le volet des déterminants. La tuberculose est une maladie ancrée dans la pauvreté. Il faut comprendre les déterminants de cette réponse. Avec les universités, ils peuvent permettre d’augmenter la réflexion, mieux comprendre l’implication sociale, sociologique, anthropologique qui font des barrières à l’accès au traitement. C’est une contribution qui est exceptionnelle et qui nous manquait. En comblant ce déficit, on pense que nous aurons des politiques, des plans et des stratégies qui seront adaptées à notre contexte national parce que les universités auront apporté leur science.
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA