Soins de santé : Le Nord face à une crise de l’employabilité des diplômés de santé
Dans un contexte marqué par une forte demande en soins de santé et une insuffisance d’infrastructures médicales, une crise silencieuse se déroule dans le Nord : l’employabilité des diplômés des écoles de formation médicale.
« J’ai obtenu mon diplôme d’infirmière il y a deux ans, mais je n’ai pas encore trouvé d’emploi stable », confie Aïcha, une jeune diplômée de l’école des infirmiers diplômés d’état de Garoua. « J’ai postulé à plusieurs postes, mais les offres sont rares et la concurrence est rude. J’envisage même de changer de carrière.» s’exprime Nestor dans un ton essoufflé. Chaque année, les écoles de formation médicale ouvertes dans la région du Nord forment de nombreux jeunes professionnels de santé, nourrissant l’espoir d’un avenir meilleur dans un secteur qui a cruellement besoin de main-d’œuvre. Mais la réalité est bien différente.
Demandes élevées, offres réduites
Le paradoxe est saisissant, alors que la demande en personnel de santé dans la région est élevée, les offres d’emploi sont réduites. Les raisons de cette situation sont multiples. La région souffre d’un manque d’hôpitaux et de centres de santé, ce qui limite le nombre de postes disponibles. Le problème trouve également sa source ailleurs. Les formations sanitaires étant déjà saturées de personnel de santé, il n’est pas évident pour les responsables d’en recruter davantage. Pourtant, dans les campagnes, la réalité en est autre. Les offres sont assez avec un faible taux de demande. Les diplômés sont réticents à l’idée d’aller dans ces campagnes exercer. C’est aussi le contraste de ce qui se passe dans la ville.
Une conversion forcée vers d’autres activités
Face à l’absence de perspectives d’emploi dans le domaine de la santé, de nombreux diplômés se tournent vers d’autres activités, souvent non qualifiées, pour subvenir à leurs besoins. « J’ai travaillé pendant un an comme vendeur dans un marché local. Je suis diplômé en pharmacie, mais je n’avais pas d’autre choix », témoigne Moussa, un jeune pharmacien. « Je suis déçu, mais je n’ai pas envie de perdre tout ce temps d’étude. J’espère trouver un emploi dans mon domaine un jour », réplique Nadine.
La crise de l’employabilité des diplômés de santé a de lourdes conséquences pour la région. La saturation des postes existants et la surcharge de travail des professionnels en place peuvent affecter la qualité des soins prodigués. Le manque de perspectives d’emploi incite de nombreux diplômés à abandonner leur carrière, ce qui représente une perte importante de compétences et de connaissances pour le système de santé. La crise de l’employabilité des diplômés de santé dans le Nord est un véritable défi pour le développement de la région. Si des solutions ne sont pas trouvées rapidement, la situation risque de s’aggraver, affectant la qualité des soins de santé et l’avenir de toute une génération de professionnels.
Pour résoudre la crise de l’employabilité des diplômés de santé, il est crucial de mettre en place des solutions à long terme ; notamment Investir dans la construction et l’équipement de nouveaux hôpitaux et centres de santé sont essentiels pour créer des emplois et améliorer l’accès aux soins. Des budgets plus importants permettraient à l’Etat et les administrations des hôpitaux de recruter davantage de personnel et d’améliorer leurs conditions de travail. Le développement du secteur privé dans la santé, notamment à travers des initiatives de micro-assurance, pourrait créer de nouveaux emplois pour les diplômés. Des programmes d’incitation à l’entreprenariat pourraient permettre aux diplômés de santé de créer leurs propres structures de soins.
Marcus DARE
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