Yaoundé : la pharmacopée traditionnelle gagne du terrain

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De plus, de nombreux camerounais moins nantis n’ont pas d’autre choix que de faire recours aux médecins traditionnels. Ces derniers sont le plus souvent les premiers et les derniers remparts des maladies contagieuses.

Difficile de traverser un carrefour de la ville de Yaoundé, sans apercevoir un vendeur de produits traditionnels. Se baladant dans les coins et recoins de la cité capitale, ces derniers proposent des médicaments liquides faits à base d’écorce et de plante. « Mes produits sont faits avec des écorces d’arbre et quelques plantes de la forêt, que j’écrase afin d’avoir cette concoction », confie Amadou vendeur. Ayant une coloration maronne pour ce qui est du « sawara », ce médicament serait la « solution miracle » contre plusieurs maladies. « Le sawara traite la typhoïde, le palu, et le mal de reins », déclare Thomas commerçant.

Transportant avec eux le long des rues leur petit panier dans lequel on y trouve des produits dans des bouteilles transparentes, ces vendeurs ont en plus du « sawara », un autre produit appelé « soukoudaï ». Ce liquide, scintille dans la bouteille blanche, comme le diamant. « Le soukoudaï est un produit très fort qui est utilisé pour lutter contre la toux et le mal de gorge », explique Mohammed. La consommation de ces produits se fait partout et sans Protocol. « Lorsque le client m’approche, il doit juste déboursé une somme de 100F Cfa pour avoir un verre de sawara et une somme de 50F Cfa pour avoir un verre de soukoudaï. Je propose ces produits à mes clients dans des bouteilles d’un litre et demi à 2000 F Cfa », explique Moustapha. Dans la cité capitale, ce produit est très sollicité. « Je consomme le soukoudaï depuis plusieurs années et je suis vraiment satisfaite », avoue une cliente. Ce produit combat également les petites maladies rebelles, il est aussi une alternative contre la fatigue générale. « Lorsque je rentre de ma séance d’entrainement, je ne manque pas de prendre un verre de soukoudaï pour recharger mes batteries », déclare Antony.

Médecine traditionnelle : une alternative pour les moins nanti ?

De plus, de nombreux camerounais moins nantis n’ont pas d’autre choix que de faire recours aux médecins traditionnels. Ces derniers sont le plus souvent les premiers et les derniers remparts des maladies contagieuses. La démarche est simple : lorsqu’il est frappé par une maladie infectieuse, le patient moins nanti ou ignorant va d’abord voir chez un médecin traditionnel ou tradipraticien. C’est lorsqu’il n’obtient pas la guérison qu’il frappe à la porte de la médecine moderne.

Et à l’inverse aussi, les cas les plus désespéré de la médecine moderne finissent par se diriger vers la médecine traditionnelle. Le rôle de la médecine traditionnelle dans les soins de santé a reçu un sérieux coup de pouce après la publication en 2013 d’une mise à jour de la « Stratégie de médecine traditionnelle », un ouvrage rédigé par Dr Luis Sambo, directeur régional de l’Oms pour l’Afrique.

Ceci redonne espoir aux défenseurs de la médecine traditionnelle en mettant l’accent sur certaines actions importantes que les pays doivent mener pour sa sauvegarde. Même en l’absence d’un cadre réglementaire, le fossé qui sépare les médecins modernes et les tradi-praticiens s’est considérablement résorbé ces dernières années. En avril 2007, le gouvernement camerounais, avait introduit un projet de loi visant non seulement à assainir le secteur de la médecine traditionnelle mais surtout résoudre certains problèmes para physiques auxquels la médecine moderne est souvent confrontée. Ce texte permettra aux corps de métiers se rattachant à la médecine traditionnelle d’être éclaircis.

Il en sera ainsi des naturopathes, la pharmacopée, la phytothérapie, la pharmacie traditionnelle africaine et la voyance. En plus, une collaboration doit désormais exister entre les praticiens de la médecine traditionnelle et ceux de la médecine moderne. Ce qui évitera des situations de dérive comme il y a quelques années où l’autorité en charge de la santé publique avait frappé le poing sur la table en fermant systématiquement des cliniques de médecine naturelle dont les promoteurs prétendaient soigner le Vih/sida. Il n’était pas possible à cette époque d’évaluer ces affirmations sans l’existence d’un organe comme le Conseil national des tradi-praticiens du Cameroun ou le comité consultatif national du même corps prévu dans la nouvelle loi cadre.

Elvis Serge NSAA

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