Affaire de l’enfant blessé à HGOPY : Pas de négligence de l’enfant mais quelques défaillances à corriger

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Une vidéo devenue virale sur la toile dans la nuit du jeudi au vendredi 9 février 2024 présentant un homme portant un enfant blessé entre les mains sans une prise en charge  médicale donc la maman venait de décédée, couchée derrière un pick-up à l’entrée du service des urgences de l’Hôpital Gynéco-Obstétrique de Yaoundé continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Pour les autorités sanitaires du pays, en dépit de quelques défaillances il n’y pas eu de négligence. L’enfant a été prise en charge, ensuite référé à l’hôpital Général de Yaoundé pour un plateau technique plus adapté

Une vidéo devenue virale sur la toile dans la nuit du jeudi au vendredi 9 février 2024 présente un homme portant un enfant blessé entre les mains sans une prise en charge  médicale donc la maman venait de décédée, couchée derrière un pick-up à l’entrée du service des urgences de l’Hôpital Gynéco-Obstétrique de Yaoundé continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive.   Face à cette situation, situation qui a créé un tôlé  général sur la toile et dans les chaumières. Chacun y allait selon son entendement et son expérience avec les formations sanitaires au Cameroun.

Une situation qui a suscité l’intérêt des professionnels de la santé et de l’Ordre national des médecins du Cameroun.  « Sur la base des informations reçues des responsables hospitaliers et après recoupements des faits, il apparaît clairement que la prise en charge de l’enfant par le personnel médical de garde aurait été relativement correcte, avec son referement vers un établissement hospitalier disposant d’un plateau technique plus adapté : en aucun cas, le pronostic vital de l’enfant n’était nullement engagé », rassure le président de l’Ordre national des Médecins, Dr Rodolph Fonkoua.   « La séquence devenue virale sur les réseaux sociaux intervient après que l’enfant a été reçu, stabilisé et en partance vers l’établissement de référence.  L’on ne saurait donc parler d’une quelconque négligence médicale ou abandon de patient sur la seule base des éléments distillés sur les réseaux sociaux », conclut le patron des médecins du Cameroun. 

Au Ministère de la Santé publique, la situation préoccupe. Le patron de la Santé défenseur de l’humanisation des soins suit le dossier de près.  « Suite à la vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux sur la prise en charge d’un bébé reçu à l’hôpital gynéco de Yaoundé, j’ai saisi la direction  de cette structure pour des explications. En regrettant quelques défaillances, l’enfant polytraumatisé a été bien stabilisé et référé à l’hôpital général de Yaoundé », tweete,  le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie. Pour les professionnels de la santé, au-delà de quelques manquements professionnels, les soldats de la santé ont joué leur rôle.

Pour d’autres professionnels de la santé, toutes les dispositions doivent être prises pour garantir un accueil chaleureux à tous les patients même si l’hôpital doit référer.  « Le directeur de cet hôpital doit adresser une demande d’explication à tout le personnel de garde dans ce service cette nuit. Tout le personnel (agent d’entretien, aide-soignante, infirmier, médecin généraliste, chef de service)… Ils doivent nous donner le mode opératoire de gestion des cas d’urgence dans leur service. C’est effroyable ce genre d’image. Aucune empathie. Même mettre les gants et récupérer l’enfant ?  On ausculte l’enfant dans les bras du garde malade ? », s’indigne un médecin qui a requis l’anonymat.

Les faits

Dans la foulée, un personnel de santé en service à HGOPY lors du déroulement des faits raconte « En fait, les personnes qui amènent la fillette et le corps, sont des âmes de bonne volonté qui se retrouvent aux urgences sans aucun moyen de pouvoir faire face aux ordonnances remises par le médecin, d’où la réaction observée dans la vidéo. Il faut noter que le médecin avait déjà reçu et consulté l‘enfant dans la salle des soins et qu’elle les suivait simplement pour leur remettre l’ordonnance. Pour finir, une quête a été faite par le médecin et son équipe de garde, y compris les gardes malades présents dans le service pour les premiers soins de secours. Par la suite, le malade a été référé à l’hôpital général pour une meilleure prise en charge de la fracture de sa mandibule. Ces faits se sont déroulés dans la nuit de jeudi à vendredi ».

La version du médecin de garde

La version du médecin de garde. « Petit enfant d’environ 3 ans, amené en consultation pour l’AVP. » Il y’aurait environ quelques minutes avant la consultation et sa grand-mère se seraient fait percuter par un véhicule et nous aurions été amenés en consultation par un étranger qui les aurait retrouvés au bord de la route… Le diagnostic posé à l’arrivée était un polytraumatisme. Je préconise une immobilisation de l’enfant. Les paramètres : la saturation à 96, le pouls à 135… On a appelé la chiped, le numéro n’était pas disponible, on l’a envoyé chercher au service ainsi que la réanimation… On a fait les ordonnances pour la voie veineuse, pour les pansements compressifs et on a installé la malade… Les chiped sont arrivés. On a complété l’ordonnance, on a appelé le superviseur et rempli la fiche de prise en charge, on a cotisé pour acheter le matériel de 1er soin… Ensuite, on lui a mis la voie veineuse avec le salé en flash, une aspiration , le phénobarbital… fait un pansement compressif de la plaie sous mentonnière… posé l’attelle et ils ont ensuite demandé l’avis des supérieurs… Au vu de son Blantyre, ils ont estimé qu’il fallait un scanner et l’enfant a été référé ». C’est triste et ça fait peur de plus en plus…

Décret n° 83-166 du 12 avril 1983 portant sur le code de déontologie des médecins

Article premier, le respect de la vie constitue en toute circonstance le devoir primordial du médecin. Art. 2. Le médecin doit soigner avec la même conscience tout malade, quelles que soient sa condition, sa nationalité, sa religion, sa réputation et les sentiments qu’il lui inspire. Il ne doit en aucun cas exercer sa profession dans les conditions qui puissent compromettre la qualité de ses soins et de ses actes. Quelle que soit sa fonction ou sa spécialité, hormis le seul cas de force majeure, le médecin doit porter secours d’extrême urgence au malade en danger immédiat, sauf s’il s’est assuré que d’autres soins médicaux de nature à écarter le danger lui sont prodigués. Il ne peut abandonner ses malades, même en cas de danger public, sauf ordre écrit de l’autorité compétente. Sauf dispositions contraires de la loi, le secret professionnel s’impose au médecin tant qu’en conscience, il ne porte pas atteinte à l’intérêt du malade.

Relations médecin et le malade

Liberté de prescription pour le médecin ; règlement des honoraires par le malade. Le médecin ne doit pas aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit. Il doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci. Il ne peut exercer, en même temps que la médecine, toute autre activité incompatible avec la dignité de sa profession. La médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce.

Devoirs du médecin envers le malade

Selon l’article 22, le médecin, dès l’instant qu’il est appelé à donner des soins à un malade et qu’il a accepté de remplir cette mission, s’oblige à : lui assurer aussitôt tous les soins médicaux en son pouvoir et désirables en la circonstance, personnellement ou avec l’aide de tiers qualifiés ; agir toujours avec correction et aménité envers le malade et à se montrer compatissant envers lui. Lorsqu’il est appelé d’urgence auprès d’un mineur ou d’un autre incapable, et qu’il lui est impossible de recueillir en temps utile le consentement du représentant légal de celui-ci, le médecin doit donner les soins qui s’imposent. Hormis le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, le médecin peut refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou personnelles, à condition : de ne pas nuire de ce fait au malade ; de s’assurer de la continuité des soins prodigués au malade et de fournir à cet effet des renseignements utiles.

Le système de santé est largement sous-financé

 Le système de santé au Cameroun est sous-financé et sous pression. Les dépenses de santé représentent à peine un pour cent du PIB. Les ménages représentent la principale source de financement. Selon l’INS, en 2011, 51,4 pour cent des dépenses de santé étaient constituées par des paiements directs des ménages, le reste étant couvert par les administrations publiques 33,1 %, les partenaires 12,2 %, ainsi que des ONG, des entreprises privées et l’assurance maladie volontaire 3,3 %. Un système de santé inefficace et corrompu qui ne satisfait pas les besoins de santé d’une grande partie de la population. Selon l’OMS, les besoins en soins et services de santé ne sont pas ou peu satisfaits, notamment en raison d’une faible couverture des paquets minimums et des paquets complémentaires de santé. Manque d’équité dans l’accès aux soins de santé dû au manque d’équipements et à leur répartition inégale.

Accès aux soins de santé et aux médicaments limités par la pauvreté

Selon l’INS, la population a un accès physique insuffisant aux soins de santé. Ceci est notamment dû à la répartition inégale des infrastructures et des équipements de santé, à leur vétusté et au manque d’entretien. Accès aux soins de santé et aux médicaments limités par la pauvreté. Selon France Info, la pauvreté de plus d’un tiers de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté limite l’accès aux soins et aux médicaments. Les prix élevés des médicaments encouragent les gens à se fournir dans la rue, avec les risques que cela implique en termes de qualité. D’après l’OMS, outre de sérieuses lacunes au niveau du système d’information sanitaire, le système de santé souffre également de problèmes au niveau de l’approvisionnement de médicaments essentiels. La qualité des médicaments souffre également de l’absence d’une structure autonome de régulation du secteur pharmaceutique. La centrale nationale d’approvisionnement en médicaments essentiels connaît un essoufflement nécessitant une évaluation, et il n’existe pas de structure autonome de régulation du secteur pharmaceutique permettant de disposer de produits médicaux de qualité (y compris les vaccins). Malgré les efforts de recrutement, le déficit quantitatif et qualitatif en ressources humaines pour la santé demeure très important.

Que faire lorsque les droits du patient ne sont pas respectés ?

Malgré ces lois et ces déclarations de bonne volonté, les droits des patients ne sont pas toujours aussi bien respectés que dans la théorie. En cas de problème, il existe plusieurs interlocuteurs vers qui se tourner : La direction des usagers et de la clientèle : si le patient ne parvient pas à communiquer de manière satisfaisante avec les professionnels de santé, il peut s’adresser au chef de service. Lorsque là aussi, il n’est pas écouté, il est en droit de faire appel à la direction chargée du droit des patients, des usagers ou de la clientèle.

Elvis Serge NSAA

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