Au moment où les camerounais s’interrogent sur les contours de la mise en place de la couverture santé universelle, le Docteur Fanne Mahamat, directeur de la Promotion de la santé au Ministère de la Santé publique apporte quelques précision sur le démarrage effectif de la CSU.
En tant que Directrice en charge de la promotion de la santé, que doit-on savoir de la Couverture Santé universelle qui sera mise en place très bientôt par le Cameroun ?
La mise en place imminente de la couverture santé universelle au Cameroun est une initiative de la plus haute hiérarchie de l’Etat. En effet, le Président Paul Biya, chef de l’Etat du Cameroun, a inscrit le bien-être des populations camerounaises dans sa vision, et a initié ce projet de couverture santé universelle. (Référence : Pour le LIBERALISME COMMUNAUTAIRE) et lui a d’ailleurs donné une dynamique, en rappelant sa nécessité chaque fois que l’occasion se présentait.
C’est donc une haute directive conduite et coordonnée depuis 2019 par le Premier Ministre chef du Gouvernement, Chief Doctor Joseph Dion NGUTE. Il est le haut responsable chargé du délicat processus de mise en œuvre des partenariats dans le pays. Et Il a par un communiqué de presse signé de lui et publié en juin 2020, l’adjudication du projet.
A l’échelle du Ministère de la santé un travail acharné est fait en continu autour de la Direction De Promotion de la Sante pour implémenter les fondements de ce projet stratégique sur le terrain. La DPS assure le secrétariat technique du groupe technique national qui a été créé par le premier ministre, et qui transcende toutes les entités multisectorielles coprésidées par le Ministre de la Santé Publique, le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale.
Il y a donc eu une implication forte, continue et multisectorielle autour de ce projet.
Le ministère des Affaires Sociales fait un gros travail d’œuvres. Pour illustration, ce ministère a déjà pu évaluer certaines données clés, environ 1 060 000 personnes indigentes pour le compte de l’année 2020 qui seront prises en charge, et cela à la charge totale de l’Etat.
Le ministère des Finances a la mission de garantir la soutenabilité budgétaire, en identifiant les sources de financement de l’Etat qui devront lui permettre de soulager effectivement les populations du poids des charges de santé.
Quant au Minsanté, les fondements dont je parlais, ont consisté à établir les postulats de base relatifs à l’offre, la demande, la gouvernance et les finances, notamment, le panier des soins, en estimer le coût en s’appuyant sur l’assurance qu’une bonne part de ce projet est supporté par l’Etat. Tout ce qui est paquet de gratuité (pour les populations) mais supporté par l’Etat est ses Partenaires. Nous disposons déjà des protocoles de soins et les critères d’accréditation des FOSAs.
On sait déjà que ce projet est conduit dans un souci de pérennité, parce qu’il faut s’engager en s’assurant dans trente ou quarante ans, que le camerounais pourra toujours en bénéficier. Bref, ce travail préalable a été fait par tous et c’est cette dynamique d’équipe que nous transposons au sein du groupe technique national.
Au niveau de la gouvernance un projet de loi avait déjà été proposé au niveau des services du premier ministre – et c’est l’une des attentes – pour pouvoir déclencher effectivement la CSU. Nous avons avancé avec ce partenaire qui a fait une offre spontanée et qui a été retenu après examen de son offre finale.
Après l’adjudication, des négociations ont été mené par un comité multisectoriel (autour du Ministère de la Santé Publique) et avec un Représentant des services du Premier Ministre. Cette opération et a abouti à la signature du contrat que nous avons eu récemment. Nous évoluons donc actuellement à grand pas et il faut déjà se réjouir de cette avancée que constitue la signature de ce contrat.
En somme, on a une assurance que les populations pourront très prochainement bénéficier de la CSU.
Est-ce qu’il y’a des projections de date d’un possible démarrage ?
Les dates sont importantes et constituent des points de coordination et d’évaluation. Le chantier a déjà démarré, tout a déjà été enclenché et l’engagement est déjà pris par la signature effective du contrat.
Les commandes pour la construction d’un data center à Yaoundé et d’un autre à Douala ont déjà été enclenchées. Le projet prévoit environ 100 unités sur l’étendue du territoire, mais également des postes avancés pour pouvoir enrôler le maximum de population.
Comme vous le savez, un gros effort d’investissement est fait par le MINSANTE pour améliorer le plateau technique, les ressources humaines, là où les populations ont le plus besoin de soins et services de santé, dans les Centres de Santé Intégrés (CSI), les Centres Médiaux d’Arrondissement (CMA), les Hôpitaux de District et régionaux.
A la lumière de tout ce qui précède, la CSU pourrait donc très bien démarrer en 2021. On devra bien sûr commencer avec une phase pilote. En fait l’enrôlement aussi va être progressif. L’objectif serait d’atteindre – pourquoi pas – au courant de la première année 60% des camerounais, car on ne peut pas enrôler tout le monde le à la fois.
Comment est-ce que l’enrôlement va se passer ?
Toute l’étendue du territoire sera couverte. Les villages et les grandes agglomérations. Tous les camerounais sont concernés, y compris les non camerounais résidants, par exemple le réfugié, clairement identifié et qui dispose d’une carte CSU. En plus des 100 postes d’enrôlement, il y aura des postes en stratégie avancée dans les lieux tels que les marchés, les communes, les hôpitaux. Et une communication appropriée sera faite au moment opportun pour faciliter cela.
Qu’en est-il des camerounais qui parlent de filouterie, d’une tentative de détournement de la vision réelle du projet du chef de l’Etat ?
Chacun est libre de dire ce qu’il pense. « Quand le sage montre la lune, une catégorie de personnes ne voit que le doigt », dit la sagesse chinoise. Ce projet est conduit en exécution des instructions de la très haute hiérarchie par le premier ministre. C’est un travail effectué avec ardeur par tous les ministères, le ministère de la santé n’est pas le seul concerné. La CSU tient à cœur ma hiérarchie, Dr Manaouda Malachie, le Ministre de la Santé Publique. C’est un projet de qualité dont l’importance sera comprise à la faveur de la communication qui y sera associée.
De façon pratique comment va s’effectuer l’accès aux soins?
De manière schématique : une fois le lancement effectif de la CSU, l’acquisition de la carte CSU et la contribution seront préalablement nécessaires. Outre les actes médicaux, on aura toutes les activités promotionnelles, de prévention, disponibles dans la communauté. Tous les statuts sociaux seront concernés, du secteur formel et informel, « bye and Sellam », fonctionnaires ou indigents.
Interview réalisé par Joseph mbeng boum.