Avortement sécurisé, Un groupe de réflexion voit le jour
Les membres de réflexion sur les droits de santé de la reproduction y compris l’avortement sécurisé-Cameroun, (GODAS-CAM), ont été installés le 10 juillet 2023 à Yaoundé, par Aboudou Nabiehoua Soro, regional Policy & partnership Advisor IPAS Francophone Africa. La mission de ce groupe est de trouver des moyens efficaces de lutte contre l’avortement non médicalisé qui est l’une des principales causes de mortalité maternelle au Cameroun.
Selon une étude du Pr. Leke de février 2009, sur un total de 7289 patientes reçues en urgence à la maternité principale de Yaoundé sur une période de trois mois, on dénombre 2324 cas, soit 32 % environ, présentant des complications liées à l’avortement dont 88 clandestins. Parmi ces derniers cas de complications, 34 % étaient des hémorragies, 23 % des lacérations cervicales et 10 % de lacérations vaginales. Chaque année, on dénombre 32 à 46 avortements pour 1000 femmes en âge de procréer. Selon Mounah Dipita, sur les 10 dernières années, les complications liées à l’avortement sont devenues la deuxième cause de mortalité maternelle dans cette formation hospitalière. En 1995/96, 40 % des décès maternels observés dans cette maternité étaient dus aux complications post-abortum. On note également que plus de 85 % des cas d’infertilité sont une conséquence des avortements. Par ailleurs, une étude réalisée à la maternité principale de l’hôpital Laquintinie de Douala a montré que le nombre d’avortements clandestins augmente de façon constante. C’est ainsi qu’entre janvier 1990 et mars 1991, le nombre d’avortements clandestin est passé de 12 à 24. Et la situation est la même aujourd’hui jusque dans les campagnes camerounaises.
Selon le quotidien national bilingue Cameroon Tribune de septembre 2022, près de 7000 nouveau-nés et 830 femmes décèdent en donnant la vie chaque jour dans le monde. Au Cameroun, on a enregistré 406 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2011 et 2018. Pour ce qui est du taux de la mortalité néonatale, il est de 28 décès pour 1000 naissances vivantes entre 2014 et 2018. Quant à la mortalité infantile, elle est de 48 décès pour 1000 naissances vivantes en 2018. L’Organisation pour le dialogue pour l’avortement sécurisé en Afrique francophone (ODAS), veut tordre le cou à ce fléau en Afrique francophone. Ainsi, un groupe de réflexion national sur la thématique de l’avortement sécurisé a vu le jour ce 10 juillet à Yaoundé. La rencontre initiée par ODAS, en collaboration avec IPAS a été dédiée prioritairement au droit de santé, de la reproduction y compris l’avortement sécurisé.
La présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC), Annie Hortense Atchoumi, a été portée à la tête du groupe de réflexion sur les droits de santé de la reproduction y compris l’avortement sécurisé-Cameroun. A côté d’elle, nous avons deux rapporteurs, deux personnes chargées de relations publiques et deux personnes chargées de la communication. Les membres de l’association ont droit à trois rencontres trimestrielles virtuelles ou en présentielles, et une réunion physique par an.
Ils sont aujourd’hui, plus d’une dizaine d’experts camerounais engagés sur les droits de santé de la reproduction y compris l’avortement sécurisé-Cameroun (GODAS-CAM). Ils ont été installés le 10 juillet 2023, à Yaoundé, par Aboudou Nabiehoua Soro, regional Policy & partnership Advisor IPAS Francophone Africa et Merveille Ayihounton. « Il était question pour nous de développer les connaissances des participants, sur les questions liées à l’avortement afin de réduire la mortalité maternelle. Il a été également question de renforcer les connaissances des différents participants sur les différents types d’avortement, ses causes, ses complications et ses conséquences. Les stratégies de préventions. Les éléments de prise en charge des avortements incomplets et de plaider pour la législation sur les avortements au Cameroun. Nous avons également parlé des avortements médicaux et ses avantages ; les conditions légales pour un avortement », explique Annie Hortense Atchoumi, présidente de GODAS-CAM.
Soutien technique
La présidente de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC), Annie Hortense Atchoumi a rappelé que la vision du plaidoyer pour l’avortement médical est conforme aux directives du ministère de la Santé publique. Elle a noté que l’avortement non médicalisé est l’une des principales causes de mortalité maternelle au Cameroun. La communication de la présidente de l’ASFAC portait sur les normes et standards en matière de santé de reproduction et de planning familial dans notre pays. Elle a décrit entre autres la conduite à suivre en cas d’avortement, entendu comme toute interruption (volontaire ou nom) de la grossesse avant la 28ème semaine. Le protocole recommande par exemple que « la méthode chirurgicale qui est l’aspiration manuelle intra-utérine [soit] utilisée lorsque l’âge de la grossesse est inférieur ou égal à 28 semaines ». Tandis que « au-delà de 28 semaines, on aura recours au curage ou aux traitements médicamenteux ». Le Centre fournira un soutien technique et opérationnel au GODAS-CAM en offrant aux membres les moyens de poursuivre un programme pays ambitieux qui élargira l’accès à l’avortement dans le pays. À travers l’ensemble de la région francophone, des représentants de gouvernements, des prestataires de santé, des groupes de jeunes, des réseaux féministes, des associations professionnelles et des organisations non gouvernementales s’efforcent à combattre la stigmatisation liée à l’avortement, de mettre en lumière les conséquences des avortements à risque et de défendre la santé et les droits sexuels et reproductifs.
Elvis Serge NSAA