Biologie clinique : Vers la mise sur pied d’une direction de laboratoires au Cameroun
C’est l’un des objectifs des 2e journées scientifiques de la Société camerounaise de biologie clinique (SCBS) qui se tiennent depuis le 02 mai 2023, et ce, jusqu’à ce jour, 04 mai 2023.
« Pour ma part, je serai de ceux qui défendront l’arrivée d’une direction des laboratoires ».
C’est la promesse du Secrétaire général, représentant du ministère de la Santé publique à l’ouverture des 2e journées scientifiques de la Société camerounaise de biologie clinique qui se tiennent depuis le 02 mai 2023 à Yaoundé. Bien avant la cérémonie protocolaire d’ouverture des travaux, les participants ont eu droits à divers exposés animés par des experts et spécialistes du secteur mis en exergue. Par exemple, ils ont été entretenus sur le thème de « l’assurance-qualité ou management de qualité ». « Nous sommes obligés de rejoindre la nomenclature des actes et de définir les principes de tarification pour que le danger de voir chacune des communes gérant un Cma, Csu ne fasse ses tarifs à elle », a déclaré le représentant du ministre de la santé publique.
Pendant les quatre jours d’échanges d’expertises, les activités sont meublés autour d’une thématique principale : « évolution de la biologie clinique au Cameroun : enjeux et perspectives ». Tout de même, la présidente de la Scbc, Dr Adelaide Kouinche Matagne, a tenu à faire l’état de lieu de ce secteur de santé au Cameroun. « Entre 2013 et 2022, notre organisation s’est intéressée à l’organisation des laboratoires, la question de formation et ressources humaines, les équipements, réactifs et consommables etc.. », a-t-elle énuméré. Il a été révélé que les laboratoires représentent 60% dans le processus de prise en charge des patients dans une formation hospitalière.
Classification des laboratoires
Il est attendu de s’accorder, au sortir de ce colloque, sur la nécessité de mise en place d’un réseau national fonctionnel des laboratoires, le respect de l’éthique de la déontologie professionnelle, le plaidoyer pour une médecine de Laboratoire performante au Cameroun, l’avancée considérable avec la publication du document de politique nationale des laboratoires, le document de normes et classification des laboratoires au Cameroun. Il ne faut pas perdre de vue que le Cameroun a ratifié le traité qui met en place l’agence africaine de médicaments.
Emmanuel Eboua
Réactions
« Le secteur a deux préoccupations »
« J’ai accepté de traverser avec un très grand plaisir, la méditerranée et le Sahara pour venir assister à l’ouverture de ces 2e journées Camerounaises de biologie clinique. Et c’est, surtout, avec beaucoup d’enthousiasme et d’espoir que j’y assiste. Le secteur a deux préoccupations. La première est le système de qualité. Il faut qu’on soit sûr que les résultats qu’on vous délivre sont fiables et valides et sont exprimés selon la règlementation. La deuxième chose est que c’est un domaine extrêmement délicat. On a besoin de compétence humaine pour le faire avancer. Et cela nécessite une certaine régulation de l’ensemble du secteur public e privé. Et je me félicite en écoutant le document de politique nationale qui a été élaboré ».
« Mise sur pied de la politique nationale des laboratoires »
« Nous venons d’avoir la leçon inaugurale de la présidente de la Société camerounaise de biologie clinique et celle de la direction de la pharmacie du médicament et des laboratoires. Nous croyons qu’il faudrait commencer par la mise sur pied de la politique nationale des laboratoires. Que tout le monde soit impliqué et sache ce qu’est cette politique. Quelle soit véritablement impliquée. Cela faciliterait la tâche à chaque élément de la pyramide sanitaire de savoir qui fait quoi ? L’urgence est de mettre sur pieds une direction des laboratoires afin que les biologistes puissent être mieux impliqués dans la prise des décisions les concernant. Vous savez, nous sommes dans un pays en voie de développement. Et malheureusement, nous n’avons pas souvent accès à ces nouvelles technologies. Ces technologies se rapprochent de plus en plus de nous et sont robustes pour être utilisée chez nous. Il nous manque encore de formation pour ces technologies. Nous avons parlé par exemple de l’innovation en bactériologie avec la technique d’image disoft et l’appareil bitake qui vont permettre aux biologistes de rendre les résultats en 24h et non en 72h, comme cela était le cas avant. Nous aurons une session qui va être dédiée à la biologie moléculaire, la biochimie, qui est transversale à toutes les sciences de la biologie. Cela va permettre d’intensifier jusqu’aux gènes de certaines pathologies, afin d’être sûr de pouvoir adapter le traitement chez les patients ».
« La médecine de laboratoire contribue à 60% dans la prise en charge des malades »
« L’objet de cette activité est l’évolution de la biologie clinique au Cameroun. Enjeux et perspectives. Et pourquoi ce thème ? La biologie médicale ou la médecine des laboratoires est une entité incontournable dans le parcours diagnostique de prévention des suivis et contrôle des maladies. Nous voulions donc faire le point ce jour. Le chemin parcouru jusqu’à nos jours. Il y a eu une évolution fulgurante avec des technologies innovantes. Depuis les années 80, la biologie a complètement changé de paradigme. Elle doit rester l’élément essentiel dans la prise en charge des malades. Elle contribue à 60% à la prise en charge des malades. Que ce soit la gynéco, la pédiatrie, la chirurgie, toutes les socialités ont besoin des résultats de laboratoires de qualité pour bien prendre en charge et suivre leur patient ».
« Que le décret qui porte création de laboratoire privé soit revu et appliqué »
« On a un comité scientifique qui est à l’œuvre. Tous se passent bien. Nous ne sommes pas à notre première expérience. Avec les défaillances de la première édition, nous en avons profité pour aller plus vite cette fois. Nous sommes confiants. Je préside la sous-commission Management de qualité. Donc, nous avons toute une session sur le management de qualité qui est tout ce qui est mis au laboratoire pour avoir des résultats de qualité, qui répondent aux attentes implicites et explicites du patient. Mais, ce que nous rencontrons comme difficulté est la pléthore de laboratoires qui ouvrent à tort et à travers. Et souvent sans agrément. Nous avons déjà interpellés la direction de la pharmacie et de médicament de laboratoire là-dessus. Mais en tant que société de biologie clinique camerounaise, nous n’avons aucune pression sur ces laboratoires clandestins qui sont ouverts. Nous n’avons pas de moyens de pression sur eux. Mais, ces laboratoires fonctionnent au vu et su de tout le monde. Nous demandons aujourd’hui au gouvernement de revoir simplement le décret qui porte création de laboratoire privé au Cameroun. Ce décret est obsolète depuis 1990. Ce décret ne précise pas véritablement qui peut être directeur technique. Et il faut également l’appliquer ».
Propos recueillis par E.E