BTS/HND/DSEP/HPD en santé au Cameroun : Près de 25 000 diplômés des IPES en santé dans un coma juridique profond.
Le BTS/HND/DSEP/HPD en santé n’est pas reconnu par l’Ordre des professions médico-sanitaires du Cameroun. Selon le président sortant de l’ordre des professions médico-sanitaires (OPMS), le décret 80, portant organisation de la formation des professionnels médico-sanitaires, a donné l’exclusivité pour la formation de ces personnels sanitaires au ministère de la Santé publique.
Dans une vidéo en circulation sur les réseaux sociaux, la chaine de télévision Nadia TV, dans un reportage de Brand Kamga, met en évidence les BTS en santé. Il y a péril sur la formation des personnels médico-sanitaires dans certains instituts privés de l’enseignement supérieur au Cameroun. Le BTS en filière santé n’est pas reconnu par l’Ordre des professions médico-sanitaires, sages-femmes et infirmiers. « C’est le profil qui fâche, parce qu’on ne peut admettre que des enfants, des candidats, n’est-ce pas, suivent des formations qui ne reposent pas sur la loi, et que, à la fin de cette formation, on leur attribue des titres qui ne correspondent pas avec la réglementation en vigueur », explique Richard Tchapda, président du conseil des professionnels médico-sanitaires.
Un diplôme d’État minimum bac + 3, les promoteurs d’IPES rejettent cet avis, pourtant endossé sur le décret de 1980. « Ils ne peuvent pas remettre en cause la légalité de la formation, et ils sont dans l’obligation d’admettre ces enfants à l’ordre des professions médico-sanitaires. » Sinon, ici, imaginez-vous 25 à 30 000 jeunes désemparés qui décident de faire quelque chose. « Nous ne serons pas nous dans la capacité de les contenir », indique Cabrel Djankou Nkuissi, secrétaire exécutif de l’association nationale des institutions.
Le BTS en santé ne repose sur aucune réglementation, il n’a donc aucune valeur. « Tout ce qui se forme dans le régime des techniciens supérieurs en santé, à la fin de leurs formations, ils n’ont aucun titre. » Ces personnes formées n’ont pas l’autorisation de s’inscrire à l’ordre, ajoute Richard Tchapda, président du conseil des professionnels médico-sanitaires.
Impossible de recruter officiellement ce type de diplômé. C’est un débat qui a été mis sur la table à l’issue d’une concertation avec le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, le 05 juin 2024. « Nous attendons les recommandations fortes qui vont sortir de cette concertation ». Que ce soit arrêté, je dis bien arrêté, pas suspendu, les formations en BTS et les autres formations de courte durée en profession médico-sanitaire au Cameroun », précise le président du conseil des professionnels médico-sanitaires.
Pour certains promoteurs d’établissements, les débats sont ailleurs, la manne financière échappe progressivement au chef d’école, agréé par le ministère de la Santé publique. « Les étudiants viennent naturellement beaucoup plus vers les IPES ». D’autant plus qu’il n’y a pas de concours d’accès dans les IPES et que la formation est de meilleure qualité, les infrastructures sont de meilleure qualité, je pense que du coup, il y a eu cette attraction plus forte vers les IPES. D’où cette campagne qui est généralement orchestrée pendant les périodes de recrutements pour diaboliser, disqualifier et discréditer les IPES, en parlant d’une illégalité présumée, et pensant pouvoir donc faire revenir ceux qui voudraient se faire former en soin de santé, ajoute Cabrel Djankou Nkuissi, secrétaire exécutif de l’association nationale des institutions.
Il y a comme un laissé aller, dans les autorisations de formations. « Il y a certaines de ces formations qui échappent à monsieur le ministre d’État, voyez-vous ? » Quelqu’un peut avoir son IPES, mais que, préalablement, la formation des médico-sanitaires, c’est-à-dire les infirmiers et les sages-femmes et les techniciens médicaux sanitaires, n’était pas prévue dans l’agrément. Mais, parce qu’il n’y a pas ce travail de contrôle, de supervision des écoles, alors, on a versé à un certain moment, dans le désordre », explique Richard Tchapda.
Un désordre qui plonge près de 25 000 diplômés des IPES dans un coma juridique profond. Il faut agir. « Nous appelons de manière très responsable l’OPMS, peut-être pas le ministère, à réviser sa position, et d’une manière plus générale, nous appelons le gouvernement à trouver une solution à cette situation, afin que nous puissions préparer la rentrée académique dans les meilleures conditions », affirme Cabrel Djankou Nkuissi, secrétaire exécutif de l’association nationale des institutions.
Des mesures conservatoires proposées dès la rencontre du 05 juin, un arrêté conjoint, Minsanté/MINESUB est attendu. Dans notre quête de l’information sur le rôle de chacun dans la formation de ce corps de métier, l’on apprend qu’un projet de degrés portant sur le régime général de formation des personnels médico-sanitaires est en gestation dans les services du Premier ministre. Sa signature pourrait mettre fin à cette cacophonie, dont les grands perdants sont les étudiants et les parents.
Frieda NGO YEM Stg
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