Selon une étude menée en France, la combinaison d’une immunothérapie et d’une chimiothérapie réalisées avant la chirurgie permettrait d’améliorer nettement la survie des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules.
Le pronostic vital des patients atteints d’un cancer du poumon est souvent sombre, même si ce dernier est opérable. En effet, si de nombreux patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) à un stade précoce sont guéris par la chirurgie, 30 à 55 % vont développer une récidive, et potentiellement en mourir. Pour la première fois, une étude internationale, coordonnée depuis 2017 par les équipes françaises de l’Institut du thorax Curie-Montsouris, a mis en évidence les bénéfices d’un traitement supplémentaire, administré avant la chirurgie, chez les patients atteints de CPNPC non métastatiques.
Une réduction de près de 40 % des récidives
Ce traitement associe une chimiothérapie et une immunothérapie, le « nivolumab », un anticorps dont le principe est d’aider le système immunitaire à mieux combattre les cellules cancéreuses. Il a pu être évalué chez 358 patients. Les résultats observés sont très prometteurs. Lorsqu’il est réalisé avant la chirurgie, le traitement associant immunothérapie et chimiothérapie réduit de 37 % le risque de récidive de la maladie. Et la survie des patients est aussi améliorée, avec une réduction du risque de décès de 43 %, ajoutent les chercheurs.
Le Pr Nicolas Girard, pneumologue à la tête de l’institut du thorax Curie Montsouris, et coordinateur de l’étude, s’est félicité des bons résultats apportés par ces nouveaux traitements : « Je suis aujourd’hui très heureux de présenter les résultats (…) qui changent véritablement la donne pour nos patients », a-t-il détaillé dans un communiqué.
Désormais, avec ce traitement néo-adjuvant (NDLR : c’est-à-dire un traitement réalisé avant la chirurgie) associant de l’immunothérapie avec de la chimiothérapie, nous diminuons considérablement ce risque de rechute et améliorons la survie des patients- Pr Nicolas Girard, pneumologue
Autre bonne nouvelle révélée par l’étude : pour 24 % des patients ayant reçu cette nouvelle association de traitement, on n’observe plus aucune trace de cellules cancéreuses dans les tissus prélevés lors de l’opération pour enlever la tumeur.
Un traitement récemment approuvé aux Etats-Unis
Preuve des bons résultats obtenus, la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis a déjà approuvé le 4 mars dernier ce nouveau traitement. Cependant, des questions restent en suspens : quels sont les patients atteints de cancer du poumon qui peuvent spécifiquement recevoir ces traitements par immunothérapies ciblées ? Faudra-t-il des traitements supplémentaires après l’étape de la chirurgie pour améliorer encore la survie des malades ?
Quoiqu’il en soit, ce traitement élargit déjà de manière révolutionnaire les perspectives de traitement du cancer du poumon localisé. Ces résultats « devraient changer les pratiques » insiste même Pr Christine M. Lovly, cancérologue américaine, dans un éditorial de la revue New England Journal of Medecine, dans laquelle a été publiée l’étude.
Des résultats encourageants qui permettent une nouvelle avancée dans la lutte contre le cancer du poumon, alors que la Haute autorité de Santé vient d’approuver en février 2022 le lancement d’un programme pilote de dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs.
Rédaction