Consultation gynécologique, Comprendre la réticence de certaines femmes

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La cause serait une absence d’éducation à la sexualité et à la santé reproductive. Une absence non justifiée, qui pourtant est un atout majeur pour l’épanouissement de la jeune fille sexuellement active.

Consultation gynécologique

Les jeunes filles sont des grandes absences des salles de consultation en gynécologie au Cameroun. D’après les gynécologues, la cause serait une absence d’éducation à la sexualité et à la santé reproductive. Une absence non justifiée, qui pourtant est un atout majeur pour l’épanouissement de la jeune fille sexuellement active. « Je n’ai jamais consulté un gynécologue. Je ne vois réellement pas mon intérêt à me faire consulter.  En plus je n’en ai même pas la motivation », confie Ninelle Mang, étudiante en géographie à l’université de Yaoundé I.

Pour elle, la consultation gynécologique n’est pas importante. Or, selon les gynécologues, une consultation gynécologique est d’une importance cruciale dès l’atteinte de l’âge pubère car c’est une lanterne qui permettrait d’éclairer la fiabilité de la santé sexuelle de la jeune fille. En effet, elle permet d’inclure la jeune fille dans le bain de la sexualité notamment pour répondre aux questions ayant trait au corps, à la vie intime, et à la sexualité.

 La consultation gynécologique permet de prévenir et de dépister au plus tôt, les pathologies infectieuses.  Il est à noter que l’éducation à la sexualité et à la santé reproductive, n’est pas très souvent effective dans les familles camerounaises.  La jeune fille se retrouve donc abandonnée à elle-même. Si elle est faible d’esprit, en cas de problème lié à sa sexualité, elle va préférer écouter ce que son entourage dira et lui montrera. En outre, on retrouve également des filles qui se mettent à l’écart juste par honte. « Ce n’est pas très souvent facile pour les femmes d’aller voir un gynécologue. Moi au début j’avais un peu honte lorsqu’il me demandait de me déshabiller. Mais, au bout de quelques temps, je m’y suis habituée et j’ai compris que c’était nécessaire de le faire pour savoir ce qui ne va pas dans mon corps », explique Sandrine Akoa Owona, étudiante en journalisme niveau 2. Et d’ajouter « D’un autre côté, il y a des gynécologues mal intentionnés. Après consultation, ils te pointent du doigt n’importe comment en te demandant comment tu as fait pour que ton organe sexuel pue de la sorte. Ce qui crée cette réticence des femmes à s’y rendre ».

Toutefois, il est connu que le gynécologue est le spécialiste de l’appareil génital de la femme. C’est la raison pour laquelle le consulter devrait être une routine malgré les épis de maïs qui tapissent le chemin menant vers lui.  « Toute femme qui mène déjà une vie sexuelle devrait se faire consulter par un gynécologue pour son propre état de santé. Parfois même tu as une infection sexuellement transmissible ou une maladie sexuellement transmissible sans le savoir. C’est une fois que tu tombes enceinte qu’on le constate et ça te crée des problèmes. Là ça devient plus dangereux pour toi et pour le bébé parce que tu te retrouves avec une charge que tu aurais pu éviter si tu avais songé à te faire consulter. Il en va de même pour celles qui mettent des produits dans le vagin pour le rétrécir. Tout ce qui touche l’organe sexuel doit susciter un examen gynécologique», conscientise Raïssa Mbock, résidante au quartier Nsimbock, dans 6eme arrondissement de la ville de Yaoundé. Ainsi dit, la sonnette d’alarme est désormais déclenchée dans la vie de la gent féminine pour qu’elle puisse comprendre l’importance d’aller en consultation gynécologique et par conséquent venir à bout des préjugés et complexes qui l’entourent.

SOPPI EYENGA (Stg)

Interview-

Dr Averel Ngnintedem

« La jeune fille doit consulter un gynécologue avant ou après l’acte sexuel »

Médecin Gynécologue spécialiste de la chirurgie endoscopique, qui exerce aux USA et en Russie pour les missions, l’importance pour la jeune fille de consulter un gynécologue n’est plus à démontrer.

A partir de quel âge faut-il consulter un gynécologue ?

Normalement c’est lorsque la femme entre dans sa période pubère, lorsqu’elle devient adolescente car avant l’adolescence, il incombe de rencontrer un pédiatre lorsqu’il y a un souci de santé. Nous savons tous que la pédiatrie c’est une branche de la médecine qui s’occupe de l’enfance c’est-à-dire depuis la sortie des voies génitales. Une fois que l’enfant est donc adolescent et qu’il développe des problèmes liés à la sexualité, liés à son appareil génital, il peut rencontrer déjà un gynécologue.

Quelles sont les pathologies qui doivent impliquer une consultation ?

Elles sont multiples. On distingue entre autres la puberté précoce car le saignement d’une jeune fille à partir de 8 ou 9 ans peut être un signe d’alerte ; la puberté tardive ; les problèmes de ménorragie c’est-à-dire les saignements abondants qui surviennent avec les règles ; les démangeaisons vaginales ; les douleurs ou saignements après les rapports pour les enfants qui sont sexuellement actives à cet âge.

A quelle période la jeune-fille devrait se faire consulter ? Est-ce que, c’est après les rapports sexuels ou le début des règles ?

Dans les pays sérieux, l’adolescence commence à partir de 10-11 ans, une période à laquelle il est plutôt proscrit d’avoir un rapport sexuel. Un tel acte est considéré comme viol parce que l’enfant n’est pas encore adulte, il faudrait au minimum le consentement des parents. Mais si cela s’effectue, il serait judicieux que la jeune fille consulte un gynécologue avant ou après l’acte sexuel.

Les gynécologues présents au Cameroun sont-ils suffisants ?

Je dirais pas vraiment, parce qu’il y a encore des hôpitaux au Cameroun où on ne rencontre pas de gynécologues. C’est vrai il y en a qui sortent des écoles mais, la plupart préfèrent aller en Europe parce que le salaire n’est pas très consistant ici et les conditions de vie sont peu adéquates. Raison pour laquelle s’ils trouvent une bonne opportunité en Europe, où d’ailleurs ça paye très bien, ils y vont. Lorsqu’ils finissent, ils ne reviennent très souvent pas au pays. Il y a également des hôpitaux hors de Yaoundé et de Douala, où on affecte des médecins gynécologues mais ils n’y vont pas parce que là ils trouvent qu’ils n’ont pas assez de quote-part, assez de cas, qu’on appelle  dans le corps  narco.

Quelle est donc l’importance de la consultation gynécologique pour la jeune fille ?

C’est crucial pour l’initier à la sexualité, pour savoir si son cycle sera saignable au bon âge, pour voir si on n’a pas de problème au  niveau de sa sexualité, pour voir si les organes génitaux internes et externes sont bien formés, pour voir si les caractères sexuels primaires et secondaires sont là.

Propos recueillis par SOPPI EYENGA (Stg)

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