Entretien: «La ville de Yaoundé affiche un déficit en chirurgien orthopédiste» Dr Hermann Fossoh, chirurgien orthopédiste et traumatologue
Vous avez lancé une campagne d’opération qui était normalement produit pour un mois, mais a été prolongée à une semaine de plus. Au terme de cette campagne qui s’achève bien évidemment ce 26 juillet 2021, quelles sont vos impressions par rapport à cette campagne ?
Premièrement, les besoins en termes de soins orthopédiques et de traumatologiques au Cameroun sont très importants. On a beaucoup de patients malades qui ont besoin de cette spécialité et vraiment, chacun à son niveau et selon ses compétences devrait faire le maximum d’effort pour que certaines initiatives puissent se faire un peu partout dans le pays. La deuxième chose est qu’on a forcément besoin de beaucoup de moyen pour faire des choses bien. Avec une bonne organisation, un personnel motivé et en respectant les règles d’éthique et de déontologie, on arrive avec le peu de moyen qu’on a, à faire des choses importantes pour les populations.
Au terme de cette campagne, qu’est-ce qu’on retient en termes de médecins consultés, de patients opérés de manière générale ou en termes de statistiques ?
Au début on a commencé par la phase d’enregistrement, pratiquement 1 500 patients ont été consultés. Sur les patients consultés on en a retenu environ 200 et à la fin de la campagne, on s’est retrouvé en train d’opérer environ 140 personnes donc, on est autour de 70% des objectifs atteints. Certains malades n’ont pas pu être opérés pour des raisons pratiques c’est-à-dire soient qui étaient liées au patient ou à son environnement familial et les difficultés à se déplacer ou bien de trouver un garde malade pendant la période ; soient liées à des raisons techniques telles que l’impossibilité de se faire anesthésier, l’indisponibilité du matériel nécessaire pour une telle ou telle chirurgie. Il y a eu des malades qui ont eu besoin de soins et qui étaient vraiment très handicapés. Ils ont pu être restaurés.
Quel est le type de pathologie qui était plus présente et est-ce qu’on peut avoir une fréquence d’âge ?
On s’est arrangé à couvrir nos indications chirurgicales et à satisfaire une large plage de pathologie. Ont reçu une prothèse, le patient le plus jeune avait 18 mois et le patient le plus âgé, 83 ans. En termes de pathologie, s’était la même chose, on avait un large éventail, on a eu une cinquantaine de cas de mal formation congénitale qui affectent les membres des enfants. On a eu des patients qui avaient des fractures et qui n’ont pas été prises en charge, sauf des patients qui avaient des maladies graves de la colonne vertébrale et qui nécessitaient une chirurgie pour pouvoir remarcher.
A quand la prochaine campagne ?
Les campagnes sont des évènements sociocommunautaires. C’est un peu du marketing médical en ce sens où c’est d’apporter les soins qui ne sont pas disponibles à une tranche possible de la population. Le plus important n’est pas cette campagne qu’on organise, c’est juste de façon temporaire. Sinon que c’est notre capacité à rendre disponible un service permanent.
Durant vos activités, qu’elle est la fréquence de fréquentation des patients de votre hôpital ? y a-t-il des accidentés, y a-t-il des personnes qui souffrent de males formations ?
En règle générale, les cas que nous avons pendant la campagne sont des cas que nous recevons au quotidien. Actuellement à Yaoundé, il n’y a pas beaucoup de chirurgien orthopédique. Le nombre général qui est au Cameroun est très insuffisant. Ça veut dire que pour un spécialiste qui veut être accessible, je crois qu’il sera submergé de malades. Pour moi c’est un honneur et un privilège de pouvoir servir dans ce sens. Le fait d’avoir beaucoup de patients est une forme de reconnaissance aussi.
Propos recueillis par Jean-Claude KENDEG