Extrême-Nord : Entre urgences sanitaires et défis humanitaires croissants

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Des sinistrés des inondations à l’extrême-nord du Cameroun. Septembre 2024.

Par Mireille Siapje | 13 mai 2025 | Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), révèle une dégradation de la situation sanitaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Entre insécurité, déplacements massifs et pénurie de ressources, les besoins de santé explosent tandis que la réponse humanitaire peine à suivre.

Selon le dernier rapport de situation publié par OCHA, plus de 9 298 consultations curatives ont été réalisées au cours du mois de mars. Les bénéficiaires sont majoritairement des personnes déplacées internes (PDI) nouvellement enregistrées dans les départements du Logone-et-Chari et du Mayo-Tsanaga, des réfugiés du camp de Minawao, ainsi que des populations affectées par les inondations dans le Mayo-Danay.

L’une des priorités du mois a été la prise en charge pédiatrique avec 325 enfants hospitalisés. Dans le camp de Minawao, 7 550 consultations ont été effectuées, dont plus de 4 500 auprès de femmes. Par ailleurs, 121 enfants de moins d’un an ont été complètement vaccinés dans le cadre du Programme élargi de vaccination, tandis que 163 nourrissons ont reçu le vaccin contre le paludisme.

En santé reproductive, les résultats restent mitigés. Sur 778 consultations prénatales, seuls 82 des 93 accouchements dans le camp de Minawao ont été assistés par un personnel qualifié, révélant une couverture toujours insuffisante. 186 consultations postnatales ont été assurées dans les services spécialisés.

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La santé mentale, souvent négligée, a fait l’objet d’un effort spécifique : 538 personnes, dont une majorité de femmes, ont bénéficié d’un accompagnement psychosocial pour des troubles tels que la dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique ou l’épilepsie. À Yagoua, 60 personnes ont été formées à la détection des signes cliniques liés à ces troubles.

Cependant, malgré ces efforts, les défis restent énormes. Le rapport signale une rupture de stock de perfuseurs, une insuffisance de personnel qualifié dans plusieurs centres de santé, et surtout une suspension de financements ayant entraîné l’arrêt de certaines activités. La campagne de riposte à la rougeole dans le district de Guere, où trois cas ont été confirmés, s’est ainsi heurtée à des contraintes logistiques et humaines.

L’accès aux soins secondaires, notamment pour les réfugiés, a pu être maintenu grâce à la collaboration entre les partenaires humanitaires et les hôpitaux régionaux de Maroua et de Mokolo, où 51 réfugiés ont été soignés, dont 28 femmes.

Cette situation sanitaire préoccupante survient dans un contexte global de crise : plus de 475 000 déplacés internes, des incendies ayant détruit des centaines d’abris à Kolofata et Doulo, et une insécurité alimentaire grandissante avec le début précoce de la période de soudure.

Alors que les acteurs humanitaires continuent de faire face à des conditions d’accès difficiles, à la violence des groupes armés et à la raréfaction des financements, les populations vulnérables de l’Extrême-Nord continuent de dépendre d’une assistance dont les marges de manœuvre se réduisent chaque jour un peu plus.

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