Fonction publique : Les sages-femmes plaident pour un corps spécifique

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La présidente nationale de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (ASFAC), Annie Hortense Atchoumi, a plaidé pour la création d’un corps professionnel spécifique à la sage-femme et leur recrutement à la fonction publique, au cours des 14èmes journées scientifiques nationales qui se sont tenues du  03 au 05 mai 2023, à Bertoua.

Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC )

Avant, pendant et après la célébration de la journée internationale de la sage-femme, la question de la création d’un corps professionnel spécifique de la sage-femme  à la fonction publique, se pose avec acuité. « Le métier de sage-femme doit-il être reconnu comme une profession médicale à part entière.  Nous les sages-femmes, nous souhaitons sortir de la précarité et obtenir un statut de praticien hospitalier sur le modèle des médecins », fulmine une sage-femme, avec les nerfs à fleur de peau. Cette déclaration est l’une des grandes résolutions de la célébration de la journée internationale de la sage-femme, le 05 mai dernier à Bertoua, dans la région du soleil levant. La présidente nationale de l’Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC), Annie Hortense Atchoumi, souhaite la création d’un statut spécifique de sages-femmes à la fonction publique camerounaise.

La nécessité de réglementer la profession de sage-femme revêt un caractère indéniable, en raison, d’une part, du rôle important assuré par celle-ci auprès des femmes et des nouveaux nés, et d’autre part, le lancement de la première phase la Couverture santé universelle au Cameroun, le 12 avril 2023.  « Mieux vaut la création d’un statut de profession médicale à part entière et unique, parce qu’on ne peut pas parler d’un ordre s’il n’y a pas un corps professionnel spécifique de sage-femme », confie la présidente nationale. Il est important de rappeler que les sages-femmes forment un groupe professionnel actif qui s’est  rajeuni et développé ces dernières années. Bien que les écoles soient dirigées par les médecins, les sages-femmes défendent l’autonomie de leur profession. Leur argumentation ne se fonde pas sur une expertise technique mais sur un statut donné par l’Etat.

célébration de la Journée internationale de la sage-femme par l’ASFAC Au Cameroun

Valoriser les compétences médicales des sages-femmes

Les sages-femmes occupent dans le système de santé, une place tout à fait particulière en tant que profession médicale et en tant que profession féminine. L’histoire de l’obstétrique s’inscrit dans le cadre d’une lutte pour l’exercice de la profession entre les accoucheurs, essentiellement des hommes et les sages-femmes. La médicalisation de la grossesse, le développement du savoir médical et du nombre de médecins contribuent à un affaiblissement progressif de la profession. En Afrique subsaharienne, la mortalité maternelle est un problème de santé publique. Les causes les plus citées invoquent les attitudes de la population et le défaut de personnels qualifiés (qualitativement et quantitativement). Valoriser les compétences médicales des sages-femmes serait un grand pas vers la réduction de la mortalité maternelle et infanto-juvénile.

1000 naissances

Les sages-femmes ont la compétence pour assurer le suivi gynécologique de prévention et la prescription de la contraception aux femmes en bonne santé. L’organisation mondiale de la santé, le fonds des nations unies pour les enfants (UNICEF) et le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) soulignent l’importance de la pratique sage-femme, qui contribue non seulement à améliorer la santé maternelle et infantile, mais aussi à aider les pays à tenir leurs engagements relatifs aux Objectifs de développement durable (ODD). L’une des cibles de l’Objectif de développement durable 3 (ODD) est de faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes et celui de la mortalité néonatale à 12 pour 1 000 naissances vivantes au plus.

Elvis Serge NSAA

Annie Hortense Atchoum, présidente nationale de l’Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC)

« Ce sont les gens qui ne sont pas sages-femmes qui s’occupent des femmes et des bébés dans les hôpitaux »

Selon la présidente nationale de l’Association des Sages-Femmes et Assimilés du Cameroun (ASFAC), il faut que les  sages-femmes qui sont au chômage travaillent dans leur domaine de spécialité, parce qu’elles ont été formées pour cela.

Association des sages-femmes du Cameroun, apparemment vous n’êtes pas si sage que ça. Qu’est-ce qui se passe ?

Non les sages-femmes sont sages. Pourquoi vous dites qu’elles ne sont pas sages ? Parce que, presque tout le monde à presque une histoire personnelle avec une sage-femme. Il y a beaucoup de de belles histoires avec les sages-femmes. Dans chaque profession, il y a toujours des bonnes et des mauvaises histoires, mais il y a beaucoup de belle histoire quand on donne la vie. C’est l’une des plus belles professions du monde. Donner la vie.

Sage-femme de sexe-masculin, il en existe. Ils sont habituellement désignés par le terme maïeuticien.  Mais à bien des égards, les femmes préfèrent les femmes ?  

Il y a des cultures qui préfèrent que leur femme soit examinée par des hommes, mais aussi de plus en plus, je crois que beaucoup préfèrent aussi les femmes, mais ça dépend de tout un chacun et de l’histoire personnel que le patient a eu avec le professionnel.

Sage-femme est aussi valable pour les garçons ? 

Oui. C’est un nom qui est masculin et féminin. Maïeuticien n’est pas le masculin de sage-femme. C’est parce que c’est devenu une profession médicale dans le monde entier. Ce qui fait que l’homme s’appelle aussi sage-femme.

Mais maintenant, comme c’est une profession qui va maintenant jusqu’au doctorat, le courant médical philosophique de la sage-femme est appelle maïeutique, c’est pourquoi on dit maïeuticien et maïeuticienne.

On voit de plus en plus, des conflits de compétences. Dites-nous. Est-ce que la sage-femme est autorisée à réaliser les examens cliniques et techniques, prescrits par un médecin, en cas de pathologies maternelles ?

Oui. Dans ses compétences c’est assez clair. On a eu, une réunion avec la communauté mondiale, donc les six continents étaient présents. Deux représentants de l’Afrique, j’ai eu la chance d’être présente, c’était en 2020. Elles ont l’autonomie de prescrire, de consulter une femme jusqu’à ce qu’elle sorte de l’hôpital.

C’est pourquoi les donne  le kit d’une profession médicale parce que c’est une profession autonome et de  plus en plus, il y a beaucoup de compétences qu’on les confit. En France par exemple, le gouvernement est passé à 6 ans de formation et au Canada, c’est de 4 à 5 ans. A l’origine, la sage-femme était une profession médicale, c’est même la profession qui est née avec la médecine. Mais seulement avec le temps, les hommes sont venus s’imposer avec la médecine et ont pris le devant et c’est comme ça qu’elles ont relaxées, mais c’est en train de reprendre sa place médicale de base.

Les 14emes journées scientifiques nationales de l’Association Nationale des sages-femmes et Assimilés du Cameroun se sont tenues du 03 au 05 mai 2023, sous le thème : « Humanisation des soins pour une maternité à moindre risque ». Ça c’est un thème qui nous interpelle dame la présidente ?

C’est parce que de plus en plus on a besoin dans les hôpitaux, les malades qui sont pris aux soins, qui sont bien écoutés, parce qu’il y a aussi l’écoute qui est très importante et aussi, on a besoin d’être aussi patient avec les malades. Donc, il y a beaucoup d’humanisation que nous devons mettre à l’endroit de ceux qui souffrent, parce qu’ils sont déjà diminués. Quand on va dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant, c’est déjà fragile, c’est pourquoi, nous avons mis ce thème pour sensibiliser, tout le monde que c’est la mère et l’enfant qui est dans notre pays, le taux de mortalité maternelle reste très élevé malgré la légère baisse, sur le thème international qui est de l’évidence à la réalité.

Nous avons choisi, l’humanisation des soins parce que, on avait décidé d’ouvrir l’école des sages-femmes au Cameroun, et on a ouvert, mais les ¾ sont au chômage, plus de 5000 sages-femmes. Paradoxalement, dans les services de santé-mère et enfant, les salles d’accouchement et consultations ; ces sont les aides-soignantes qui sont les plus nombreuses et alors que les sages-femmes sont au chômage.

Dites-nous de façon succincte ce que vous avez fait pendant ces trois jours ?

Nous avons offert des services gratuits à la communauté à Yaoundé et à Bertoua. Nous avons choisi le Centre d’arrondissement de Tsinga à Yaoundé et l’hôpital régional de Bertoua, dans la région de l’Est. Nous avons travaillé avec la directrice de l’hôpital ; les services du gouverneur et le conseiller régional de Bertoua. Toutes les autorités étaient mobilisées autours de nous, pour que nous puissions offrir ce service de façon assez efficace à la communauté.

Nous disons merci aux partenaires comme l’UNFPA, Cheque santé et le président des gynécologues, qui a dit qu’il veut aussi participer à la réduction de la mortalité maternelle au Cameroun. C’est un plaidoyer à l’endroit de tout le monde. Je veux qu’on puisse permettre aux sages-femmes qui sont au chômage de travailler dans leur domaine de spécialité. Elles ont été formées pour cela, mais, elles chôment. Ce sont les gens qui ne sont pas sages-femmes qui s’occupent des femmes et des bébés dans les hôpitaux.

Décrypter par Elvis Serge NSAA

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