Fouet à l’école : Le châtiment corporel n’est pas sans conséquence

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Pédiatre et psychologue, s’accordent à dire que les violences physiques rencontrées sont souvent des contusions, des plaies et les fractures.

Ce qui est arrivé à Junior ne devrait plus, en aucun cas, se reproduire dans nos campus scolaires. Cet élève âgé de 11 ans, est passé à tabac pour une futilité, le lundi 16 janvier 2023. Un violent coup de fouet aux fesses entraînant une blessure, nécessitant quatorze jours d’incapacité physique. « Junior lève-toi, maman t’appelle. Christiane, je ne pars pas à l’école », répond-t-il. Le gamin est décidé à ne plus remettre ses pieds à l’école, après les coups de fouet infligés par sa maitresse. « Tu as quoi sur le corps, c’est même quoi, cette histoire-là ! Cette histoire de fouetter les enfants a commencé quand ? Elle te fouette parce que tu n’as pas eu la moyenne comment ? On va aller nous deux, elle doit m’expliquer ça », s’offusque Hermine, la maman de junior. Joyce, âgée de 07ans, a été aussi victime des sévices corporels à l’école, il y a deux mois. « La maîtresse m’avait donné 10 exercices, j’ai fait neuf et j’ai oublié un, la maitresse m’a puni, elle m’a tapé jusqu’à ce que j’ai eu une blessure », raconte la jeune fille.

Les sévices que n’oublient pas facilement ces élèves victimes. Solange est aujourd’hui, mariée et mère de 04 enfants, mais garde un mauvais souvenir. « J’étais à l’école publique et derrière moi, il y avait la fille de la maitresse, elle m’a demandé mon stylo, je lui ai dit que je n’avais pas de stylo et elle a sorti de son sac, le tuyau à gaz, elle s’est mise à me taper avec, j’ai arraché, je lui ai aussi donné deux coups. Lorsque la maitresse vient intervenir, les autres camarades et moi essayons de justifier que c’est elle qui a commencé, directement, la maitresse a pris la chicotte, elle m’a fouetté, c’est lorsqu’elle a vu du sang coulé de ma jupe qu’elle a arrêté. Elle m’a fouetté, ça créé des œdèmes et je me suis blessée. Dans toute sa colère-là, elle m’a envoyé au coin de la classe. J’ai gardé une très mauvaise image d’elle. Elle a vraiment tué l’amour de l’école en moi », confie-t-elle. Heureusement une loi est venue sonner le glas, c’est la loi 1998/004/avril 1998. En son article 5, elle interdit l’usage de la chicotte en milieu scolaire. C’est cette loi que la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga a rappelé par un communiqué, le 16 janvier 2023 à la rentrée du deuxième trimestre. Il ne  faut pas taper mes gamins. Curieusement, ce point de droit, ils l’entendent, les galopins. Faire rentrer les leçons dans la cervelle. Par contre, assimiler les règles et usages disciplinaires ne passent plus, ou pas assez vite. La chicotte, outil pédagogique, ça se discute.

Constitution affective

Pédiatre et psychologue, s’accordent à dire que les conséquences tant morales et physiques de ces châtiments corporels ne sont pas, sans risque sur la croissance de ces enfants victimes des sévices corporels. « Il existe des violences physiques et des violences psychologiques. Les violences physiques rencontrées sont souvent des contusions, des plaies, mais on a souvent des lésions plus graves comme les fractures. On a eu chez un adolescent une fracture qui s’est compliquée, en provoquant une inégalité des longueurs de  ses jambes, sachant que cet adolescent, voulait devenir un militaire. Je pense qu’on lui a déjà causé un préjudice qui est énorme », souligne Audrey Yonga, psychologue. Et au pédiatre, d’ajouter « au point de vue physique, c’est une violence qui pourrait laisser des cicatrices permanentes et affecter l’enfant, ça peut altérer l’image et le schéma corporel de l’enfant. Chaque enfant a sa constitution affective et chez certains, ça pourra les frustrer et avoir des incidences sur les résultats scolaires.  Et beaucoup plus loin, si les châtiments sont importants, ils pourraient développer chez eux, une sorte de phobie scolaire ».

Elvis Serge NSAA

 

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