Humanisation des soins : Des logements d’astreinte pour les personnels de santé, mais des défis persistants

0
21

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a annoncé la construction de logements d’astreinte pour les personnels de santé dans les hôpitaux publics du Cameroun, pour un montant de 10 milliards de francs CFA. Mais cette initiative, bien que saluée, ne suffit pas à résoudre les problèmes de fond du secteur de la santé, notamment l’insécurité, le manque de moyens et les problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité.

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a annoncé récemment la construction de logements d’astreinte pour les personnels de santé dans les hôpitaux publics du Cameroun, pour un montant de 10 milliards de francs CFA. Cette initiative, bien que saluée, suscite des interrogations. « C’est une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant », déclare Christelle ZOA, médecin exerçant dans un. « Nous avons besoin de moyens pour travailler correctement, pour soigner les patients dans des conditions dignes. Les logements, c’est un plus, mais ce n’est pas l’essentiel.

Selon Sylvain Nga Onanas, président du Syndicat National des personnels des établissements/entreprises du secteur de la santé du Cameroun (Cap/Santé), « le ministre de la Santé publique, lors du lancement du budget, a prévu la construction de logements d’astreinte pour les personnels de santé dans les hôpitaux publics. Cela pose la question de savoir si ces logements seront équipés de manière adéquate, notamment en termes de sécurité, d’eau, d’électricité et de sanitaires. Il va de soi que l’électricité, l’eau et les sanitaires sont des éléments essentiels pour des logements dignes. « On ne peut pas construire des logements sans prendre en compte ces aspects fondamentaux », ajoute-t-il.

Le secteur de la santé au Cameroun est confronté à des défis majeurs, notamment l’insécurité, le manque de moyens et les problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité. Selon le Comité International de la Croix-Rouge, le conflit armé dans l’Extrême-Nord a continué en 2021, maintenant son lot de vulnérabilités pour l’ensemble de la population de la région du lac Tchad. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun ont également connu, depuis 2018, une persistance de la violence armée et une détérioration des conditions de sécurité.

« Le logement, c’est le dernier des problèmes. Pour fidéliser le personnel, il faut qu’il soit plus motivé. Équipements d’accès à l’eau, l’électricité… Et surtout une compensation financière. Moi, j’ai travaillé dans l’une de ces zones enclavées. Mes enfants subissent encore les séquelles sur le plan scolaire », explique Richard Tchapda, infirmière à l’hôpital central de Yaoundé.

En 2021, 38 incidents graves contre les structures de santé, les patients et le personnel médical ont été enregistrés par certaines sources sanitaires. « Le personnel de santé sauve des vies. C’est pourquoi le droit international humanitaire protège les hôpitaux, le personnel soignant et les ambulances contre des attaques en temps de guerre», déclare un responsable de Médecins Sans Frontières (MSF).

A lire aussi: Centre Hospitalier Régional de Garoua : Le comité de gestion adopte un budget ambitieux pour la période 2025-2027

La question de l’accès à l’électricité et à l’eau potable est également cruciale dans le secteur de la santé. Selon la Banque mondiale, malgré d’importantes subventions gouvernementales et un vaste potentiel hydroélectrique, seulement 71 % de la population a accès à l’électricité, et le coût est parmi les plus élevés de la région. « Une énergie abordable, fiable et durable est essentielle pour alimenter les hôpitaux, maintenir les chaînes du froid et permettre aux entreprises de prospérer », déclare un expert de la Banque mondiale.

En outre, l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement est estimé à 3,9% et 34%, respectivement, au Cameroun. « Un accès insuffisant à l’eau potable et à un assainissement inadéquat a des graves conséquences sur la santé humaine. Il exacerbe également la pauvreté et freine le développement », déclare Doine Djuissi Tekam, auteur d’une étude sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement à Douala.

Le secteur de la santé au Cameroun est confronté à des défis majeurs qui nécessitent des solutions globales et durables. Les initiatives telles que la construction de logements d’astreinte pour les personnels de santé sont bienvenues, mais il est impératif de s’attaquer aux problèmes de fond, notamment l’insécurité, le manque de moyens et les problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité. La cérémonie de lancement du budget du ministère de la Santé publique et d’installation de l’inspecteur général des services médicaux et paramédicaux, le 30 janvier 2025, a été l’occasion pour le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, de faire une annonce retentissante : la construction de logements d’astreinte dans les hôpitaux publics du Cameroun, pour un montant de 10 milliards de francs CFA.

Elvis Serge NSAA

Leave a reply

ECHOS SANTE

GRATUIT
VOIR