Journée de l’Enfant africain : 4 000 enfants en situation de traite au Cameroun

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Selon le pasteur Jean-Blaise Kenmogne de l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), porte-parole de la coalition « Protégeons nos enfants », à la suite d’une étude révélant que « sur un échantillon de 336 points d’exploitation des enfants au Cameroun, environ 4.000 enfants sont en situation de traite ».

La Journée de l’enfant africain instituée par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine (UA), en souvenir du massacre de quelque 500 élèves en 1976 à Soweto en Afrique du Sud a été célébrée jeudi 16 juin 2022 au Cameroun avec en toile de fond une sonnette d’alarme contre la traite des enfants à des fins d’exploitation sexuelle.

 Pauline Irène Nguéné, ministre des Affaires sociales, a présidé hier, la 32eme édition de la Journée de l’Enfant africain, sous le thème : « Elimination des pratiques néfastes affectant les enfants : Progrès sur les politiques et pratiques depuis 2013 ». Cette édition vise à dégager à une appréciation globale des avancées réalisées par le Cameroun, en matière de lutte contre les pratiques néfastes affectant cette couche sociale au cours des dix dernières années. Au Cameroun, ce concept fait référence à certaines pratiques traditionnelles contraires aux droits en général, et aux Droits de l’enfant en particulier.

Il s’agit des mutilations génitales féminines, du mariage précoce ou forcé des jeunes filles, de l’exploitation économique et/ou sexuelle des enfants, de différentes formes de maltraitances, des situations d’abandon d’enfants, ou encore de traitement discriminatoire des enfants issus des groupes minoritaires telles que les populations autochtones vulnérables, des rites dégradants, entre autres.

Selon le pasteur Jean-Blaise Kenmogne de l’Eglise évangélique du Cameroun (EEC), porte-parole de la coalition « Protégeons nos enfants », « la traite des enfants à des fins d’exploitation économique est bien connue au Cameroun et tout le monde en parle. Plusieurs études ont d’ailleurs été réalisées pour documenter ce phénomène. Mais la traite des enfants à des fins d’exploitation sexuelle (TEFES) n’a pas encore attiré la curiosité des acteurs sociaux camerounais ». Pourtant, note le responsable religieux, par ailleurs promoteur du Centre international pour la promotion de la création (CIPCRE), une étude commanditée par cette ONG a montré que 40% de préadolescentes et d’adolescentes sont victimes de l’exploitation sexuelle aux fins commerciales avec plus ou moins la complicité des parents.

A en croire la nouvelle enquête réalisée avec la participation d’un sociologue politique, le Pr Claude Abé, enseignant à l’université catholique d’Afrique centrale à Yaoundé, et d’un psychiatre, le Dr Daniel Mbassa, en service dans les hôpitaux publics, parmi les quelque 4.000 enfants dénombrés 36% des victimes sont âgées de moins de 13 ans, 40% ont un niveau d’études zéro tandis que 56% n’ont pas dépassé la deuxième année du collège et 30% de ces enfants sont de sexe masculin.

« Les exploiteurs exercent un contrôle permanent sur leurs victimes, les empêchant ainsi de jouir de leur liberté d’aller et de venir. Tout au plus leur accordent-ils, lorsqu’une brèche s’ouvre, une liberté de déplacement encadré », instruit l’étude. « Les régions anglophones (Nord-ouest et Sud-ouest), poursuit-elle, enregistrent à elles seules 89 des 329 victimes camerounaises (27, 1%) suivies par les régions septentrionales (Extrême-Nord, Nord et Adamaoua à concurrence de 107 victimes (32,4%) ». De l’avis du Pr Claude Abé, cette étude marque “une avancée” dans la connaissance du phénomène. Car, « les études antérieures ont davantage servi à caractériser le phénomène, à démontrer qu’il existait ». La nouvelle quant à elle « rentre dans la quantification. Aujourd’hui au moins, on peut affirmer un chiffre à partir de données fiables ».

Un autre avantage est qu’au plan juridique elle interroge la législation camerounaise qui, en dehors de la loi du 29 décembre 2005 relative à la lutte contre le trafic et la traite des enfants, punissant d’un emprisonnement de 5 à 20 ans et des amendes allant de 10.000 (équivalent de 20 dollars US) à 10 millions (environ 20. 000 dollars US) de francs CFA les coupables de ce délit, elle ne s’est pas encore penchée sur ce drame silencieux. « C’est tout un chantier qui est ouvert pour le législateur camerounais. Ce d’autant plus qu’aujourd’hui le Cameroun commence à devenir une destination touristique enviable et donc il y a une peur ici qu’on ne voie se reproduire ce qui se reproduit en Asie du Sud-Est dans notre contexte », remarque le sociopolitique.

Elvis Serge NSAA

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