Agence Africaine du Médicament: Les enjeux d’une autorité de réglementation

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En tant qu’autorité devant agir afin de minorer les coûts des médicaments vendus sur le continent africain, promouvoir l’industrie pharmaceutique locale, harmonier les réglementations sur le médicament, l’Agence Africaine du Médicament est d’une nécessité vitale qui s’impose d’elle-même.

La question se pose : pourquoi la création d’une Agence Africaine du Médicament? Les réponses sont nombreuses et pertinentes. L’Afrique à elle seule représente 17% de la population mondiale. Les 55 pays qui la composent comptent 1,3 milliards d’habitants. C’est le continent où le taux de morbidité mondiale est le plus élevé. L’Afrique héberge 60% des personnes vivant avec le Vih/Sida et plus de 90% des cas annuels de paludisme dans le monde. L’Afrique représente aujourd’hui 1% seulement du marché pharmaceutique mondial. Le continent ne produit que 3 % des médicaments consommés par ses habitants.  Les chaînes d’approvisionnement pharmaceutique comptent de multiples intermédiaires, contribuant à ce que les médicaments vendus en Afrique subsaharienne soient souvent les plus chers du monde.  L’Afrique c’est aussi  la  plus forte prévalence de médicaments de mauvaise qualité (20%), non conformes aux normes et falsifiés, et dont sont victimes les patients, et la persistance dans de nombreux pays du phénomène du médicament de la rue.

L’Agence Africaine du Médicament vient donc en sapeur pompier pour adresser les multiples problèmes que pose l’accès au médicament de qualité sur le continent.L’Agence réglementera l’accès à des médicaments essentiels et à des technologies de santé sûrs, efficaces, de bonne qualité et abordables. Elle y parviendra en coordonnant les systèmes de réglementation existantes, en renforçant et en harmonisant les efforts des organisations régionales de santé et des États membres, en fournissant des orientations réglementaires. Elle aidera à promouvoir la croissance économique en encourageant le développement de l’industrie pharmaceutique locale.

Dans le cadre de développement de son infrastructure qualité, le gouvernement du Cameroun s’est mobilisé pour la ratification du traité d’Addis-Abeba sur l’Agence Africaine du Médicament. C’est en effet le 09 juillet 2021 que le chef de l’Etat camerounais a ratifié le traité en signant la Loi N°2021/012 du 09 juillet autorisant le président de la République à ratifier le traité portant création de l’Agence Africaine du Médicament, adopté le 11 février 2019 à Addis-Abeba.

Le traité portant création de l’Agence africaine du médicament a été adopté par les chefs d’État et de gouvernement lors de leur 32e session ordinaire de l’Assemblée Générale  de l’Union Africaine le 11 février 2019 à Addis-Abeba, en Éthiopie.

L’Agence Africaine du Médicament entrera en vigueur une fois ratifiée par quinze États membres de l’Union africaine, et qui fera office d’organe de réglementation continental. L’Agence assurera le leadership afin de garantir l’existence de systèmes réglementaires harmonisés et renforcés, qui régissent la réglementation des médicaments et des produits médicaux sur le continent africain.

L’Agence tirera profit de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine pour renforcer les capacités de l’Afrique en matière de règlementation dans l’enregistrement des médicaments, aider les pays à se conformer aux meilleures pratiques et aux normes internationales, renforcer la lutte contre les médicaments et produits médicaux de mauvaise qualité et les contrefaçons,  favoriser la création d’un environnement favorable à la production continentale de médicaments et de vaccins. La mise en œuvre rapide de cet instrument innovant est essentielle pour la mise en place de la couverture santé universelle afin de mieux répondre aux besoins des couches défavorisées de la population. Seul hic pour le moment, de nombreux pays trainent encore les pieds dans le cadre de leur processus de ratification.

C.M

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