Les chéloïdes sont des tumeurs fibreuses bénignes (non cancéreuses) de la peau. Les personnes dont la peau est plus foncée les observent plus fréquemment, surtout si elles ont entre 10 ans et 30 ans.
Bonjour docteur, « je m’appelle Steve Elanga, j’ai 42ans et j’ai une grosse cicatrice dernière la nuque. J’étais chez le barbier il y a un mois, pour un relooking habituel comme chaque fin de week-end. Cependant, j’ai été surpris de constater deux semaines après que les boutons sortent derrière ma tête. J’ai d’abord négligé, pensant que ça va passer, mais je constate que les blessures forment des pus et ça fait mal. J’aimerais savoir ce que c’est docteur », explique cet opérateur économique dans la salle de consultation de dermatologie de l’Hôpital Laquintinie de Douala.
D’après le Dr. Judethaddeus Ndifor, la chéloïde commence par un petit bouton qui naît généralement après un passage chez le coiffeur du coin qui ne désinfecte pas ses instruments. Cette patte de crabe ou chéloïde s’attaque précisément à la nuque. En effet, lors du processus de cicatrisation, la prolifération anormale de tissu fibreux dans le derme entraîne l’apparition d’une cicatrice de surface plus importante que celle de la plaie initiale. En d’autres termes, c’est la cicatrisation en cours qui s’affole. Ces tumeurs de la peau apparaissent fréquemment chez les hommes. Elles sont plus remarquables chez les personnes de teint sombre.
Des manifestations peu communes
Toutefois, les hommes et les femmes ont la même probabilité d’être atteints de chéloïdes. « Les chéloïdes font suite à une plaie. Elles peuvent survenir après un geste chirurgical, traumatisme (même mineur), une brûlure, une lésion dermatologique (acné, zona, varicelle), une piqûre, un piercing, des tatouages, une scarification etc. », explique la dermatologue Angèle Tchatchouang. Les chéloïdes sont habituellement fermes, surélevées, luisantes et lisses. Elles sont souvent roses ou rouges, ou d’une couleur beaucoup plus foncée ou plus pâle que celle de la peau adjacente. Les chéloïdes sont plus susceptibles d’apparaître sur les bras, le dos, les oreilles, la partie inférieure des jambes, le centre de la poitrine et le cou. Elles peuvent se former pendant la cicatrisation de la lésion ou prendre plusieurs mois et même des années à se développer, et il arrive que leur croissance se continue indéfiniment. Les cicatrices chéloïdiennes occasionnent habituellement peu de complications.
Selon leur apparence et leur localisation, elles peuvent provoquer une certaine détresse psychologique, car elles sont susceptibles de devenir très saillantes. Les chéloïdes peuvent nuire à certains mouvements, en particulier si elles siègent sur une articulation. Il est possible que les chéloïdes deviennent cancéreuses, mais c’est très rare. Les sites les plus fréquemment atteints sont : les parties supérieures du corps (région deltoïdiennes, pré-sternales, pré-claviculaires, scapulaires et la nuque), la région sous-ombilicale (pubienne) et les oreilles (surtout les lobules). À l’opposé, certaines zones ne sont pratiquement jamais atteintes : les paupières, les zones génitales, les paumes des mains et les plantes des pieds. Il est intéressant de souligner que ces lésions apparaissent principalement dans des régions exposées à d’importantes tensions cutanées.
Méthode efficace pour traiter les chéloïdes
Il n’y a pas de méthode efficace à l’heure actuelle pour traiter les chéloïdes ni pour prévenir leur formation. Toutefois, il est possible de diminuer leur apparition avec l’application d’une série de remèdes-maison qui, grâce à leurs propriétés, récupèrent la texture et la santé de la peau. Le bicarbonate de soude : Dans un récipient, mélangez une dose de bicarbonate de soude dans trois doses d’eau oxygénée et faites-en une sorte de pâte que vous appliquerez directement sur la zone affectée, trois à quatre fois par jour, pour réduire l’inflammation et accélérer la guérison. Le jus de citron : Appliquez un peu de jus de citron directement sur la zone affectée. Laissez agir pendant une demi-heure et rincez bien à l’eau tiède. Répétez le traitement tous les soirs. L’aloe vera : Extrayez le gel de l’aloe vera et appliquez-le directement sur les cicatrices, deux fois par jour. L’oignon : Coupez en dés un oignon blanc. Mettez les morceaux d’oignon dans un mouchoir et faites un nœud. Ensuite, écrasez les morceaux d’oignon pour en extraire le jus. Servez-vous d’une boule de coton pour appliquer le jus d’oignon sur vos chéloïdes.
Elvis Serge NSAA
Interview
« Il faut avoir une prédisposition génétique à développer les chéloïdes»
Dr. Judethaddeus Ndifor, dermatologue
Comment définissez-vous la chéloïde ?
Pour parler de chéloïde, il faut d’abord se situer dans la cicatrisation des plaies. La cicatrisation est le processus par lequel une lésion sur la peau se répare. Maintenant, il existe ce que l’on appelle «cicatrices vicieuses» parmi lesquelles les cicatrices en excès, constituées des cicatrices hypertrophiques et des cicatrices chéloïdiennes. La chéloïde est donc une tumeur fibreuse bénigne (non cancéreuse) de la peau.
Quelle différence faites-vous entre une cicatrice chéloïde et une cicatrice hypertrophique ?
En réalité, dans le processus de cicatrice chéloïde, le processus de cicatrisation n’a pas tendance à s’arrêter parce que l’organisme est conçu de manière à ce que lorsqu’un processus de cicatrisation commence, à un moment donné, on arrive à maturation et nous avons une cicatrisation normale. Mais dans le cadre de la chéloïde, la cicatrice continue à proliférer, à grandir sans jamais redresser, et donc finalement, vous allez avoir une espèce de lésion qui dépasse largement le niveau de la cicatrice qui s’étend dans les côtés : dans notre jargon, on appelle cela «pattes de crabe», un peu comme les pseudopodes qui viennent autour de la lésion initiale. Par opposition, la cicatrice hypertrophique va grandir et, à un moment donné, va redresser.
Comment se présente une chéloïde ?
Dans la présentation clinique de la chéloïde, on a généralement une lésion qui est de nature tumorale qui se développe au-dessus de la cicatrice. C’est donc une lésion extrêmement ferme qui a tendance à déborder la zone de cicatrice. Il y a des signes qui peuvent s’y ajouter : elle peut être prurigineuse, elle peut entraîner des douleurs chez certaines personnes. Et puis, dans la clinique, vous avez un corps étranger qui peut suppurer à un moment.
Qu’est ce qui selon vous, peut causer cette cicatrisation anormale ?
Les causes réelles ne sont pas connues, mais on pense que la chéloïde est liée à la personne, c’est-à-dire qu’il faut avoir une prédisposition génétique à développer les chéloïdes. Vous allez trouver des familles dans lesquelles il y a des personnes avec plein de chéloïdes. A ces causes, on peut ajouter celles liées à la cicatrisation de l’acné, des piercings et toute lésion qui cicatrice. Il faut aussi ajouter les chéloïdes spontanées qui se développent sur une zone de peau qui n’a jamais eu de lésion.
Existe-il propices au développement de ces cicatrices ?
Les chéloïdes peuvent s’installer n’importe où sur la peau. Majoritairement, nous observons des chéloïdes au niveau de la poitrine, des oreilles et dans le dos. Et puis viennent les autres parties du corps comme le ventre, les jambes… Elles peuvent se former pendant la cicatrisation de la lésion, ou pendre plusieurs mois et même des années à se développer.
En quoi consiste le traitement ?
Il existe d’abord certaines techniques jugées préventives. Il s’agit de l’application d’une crème hydratante pour maintenir la souplesse de la peau et diminuer la rougeur et la vascularisation ; des massages ou pétrissages pour casser la fibrose de la cicatrice, la pressothéraphie ou élasthothérapie réalisée avec des vêtements sur mesure à garder au moins 12 heures par jour pendant un an. Puis, quand la cicatrice est déjà boursouflée et douloureuse, on procède à une exérèse (amputation) chirurgicale au laser, ce qui a souvent des risques de récidive, les causes de l’évolution hypertrophique n’étant pas connues On peut également faire recours aux injections corticoïdes à l’intérieur de la cicatrice. Cette pratique est assez douloureuse, et l’utilisation de corticoïde ne peut pas être recommandée chez certains patients. Et enfin, vous avez l’application de films silicone.
Que faire pour prévenir ces cicatrices?
La prévention passe par l’application de gel de silicone et le port de vêtements compressifs dès le début de cicatrisation et ce pendant plusieurs mois.
Propos recueillis par E.S.N