La dépravation scolaire à Garoua : Des maisons meublées transformées en lieux de débauche

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La ville de Garoua, connaît une expansion démographique et urbaine rapide, accompagnée malheureusement de phénomènes sociaux préoccupants. Parmi ceux-ci, la dépravation scolaire, qui prend une ampleur alarmante, est particulièrement inquiétante.  Des élèves, garçons et filles, désertent les salles de classe pour se réfugier dans des maisons meublées, les transformant en lieux de débauche sexuelle, de consommation excessive d’alcool et de stupéfiants.

Le phénomène de dépravation scolaire n’est pas nouveau, mais il semble prendre de l’ampleur à Garoua.  Plusieurs facteurs contribuent à son expansion.  La facilité d’accès aux maisons meublées, souvent peu coûteuses et discrètes, en constitue un élément clé.  Ces lieux, initialement destinés à un hébergement temporaire, offrent un espace d’anonymat propice aux activités illicites, à l’abri des regards des familles et des autorités scolaires.  La faiblesse des contrôles et la relative impunité dont bénéficient les responsables de ces maisons contribuent également à l’expansion du problème.  L’absence d’un encadrement familial suffisant, la pression des pairs, et l’influence néfaste des réseaux sociaux amplifient ce phénomène.  La pauvreté, le manque d’opportunités et la recherche de sensations fortes constituent également des facteurs explicatifs de ce comportement à risque.

Des maisons meublées, lieux de perdition

Les maisons meublées de Garoua ne sont plus seulement des lieux de passage pour les voyageurs ou les étudiants en déplacement.  Elles sont devenues des repaires pour des élèves qui s’y réfugient à longueur de journée, loin du contrôle de leurs familles et de l’environnement scolaire.  Ces lieux deviennent le théâtre d’activités sexuelles débridées, souvent impliquant des élèves mineurs.  L’alcool coule à flots, les stupéfiants circulent, et des scènes sexuelles sont filmées au risque de se retrouver sur les réseaux sociaux, entraînant une exposition et des conséquences dramatiques pour les jeunes concernés.  Les conséquences de ces actes sont multiples et peuvent laisser des traces indélébiles sur la vie des élèves.  L’anonymat offert par ces maisons facilite la mise en place de relations sexuelles à risques, augmentant ainsi les risques de grossesses non désirées, d’infections sexuellement transmissibles (IST), y compris le VIH/SIDA.  La consommation excessive d’alcool et de stupéfiants conduit à des problèmes de santé physique et mentale, des troubles du comportement, et une dégradation du rendement scolaire.  L’addiction à ces substances peut affecter le développement cérébral des jeunes, entraînant des conséquences irréversibles sur leurs capacités cognitives et leur insertion sociale future.

Des conséquences dévastatrices sur la vie des élèves

Les conséquences de ce phénomène sont multiples et désastreuses pour les élèves impliqués.  Les grossesses précoces sont fréquentes, jetant un voile sombre sur l’avenir des jeunes filles concernées, contraintes d’abandonner leurs études et confrontées à la stigmatisation sociale.  Les IST, dont certaines incurables, représentent une menace pour leur santé et leur fertilité future.  La consommation excessive d’alcool et de drogues peut entraîner une dépendance, des problèmes de santé mentale, une désocialisation progressive, et des comportements agressifs ou autodestructeurs.  Sur le plan scolaire, la fréquentation irrégulière des cours, la baisse des résultats et l’abandon scolaire deviennent inévitables, fermant ainsi la porte à toute perspective d’avenir professionnel et d’épanouissement personnel.  Au-delà des conséquences individuelles, ce phénomène a des répercussions sur la famille et la société dans son ensemble.  La honte et la stigmatisation associées à ces comportements peuvent déstabiliser les familles et détériorer les relations entre parents et enfants.  Le phénomène contribue également à la dégradation de l’image de la jeunesse camerounaise et affaiblit la cohésion sociale.  L’utilisation des réseaux sociaux pour diffuser des images et vidéos de ces scènes sexuelles expose les élèves à la cybercriminalité, à la pédophilie et au harcèlement en ligne.

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Des solutions urgentes à promouvoir

Pour lutter efficacement contre cette dépravation scolaire, une approche multidimensionnelle est nécessaire.  Il est impératif de renforcer la surveillance et le contrôle des maisons meublées, en collaboration avec les autorités municipales et les forces de l’ordre.  Des contrôles réguliers et des sanctions dissuasives envers les propriétaires qui ferment les yeux sur les activités illicites doivent être mis en place.  Parallèlement, une campagne de sensibilisation massive auprès des élèves, des parents et des communautés est indispensable.  Il s’agit d’éduquer les jeunes sur les dangers de la débauche sexuelle, de la consommation de drogues et d’alcool, et de promouvoir les valeurs morales et citoyennes. Le renforcement du rôle des familles dans l’éducation et l’encadrement des enfants est crucial.  Une communication ouverte et de confiance entre parents et enfants est nécessaire pour prévenir les comportements à risques.  L’implication des leaders religieux, des associations de jeunesse et des organisations de la société civile est fondamentale pour mobiliser les communautés et promouvoir des valeurs positives.  La mise en place de centres d’écoute et de soutien psychologique pour les jeunes victimes de ces phénomènes est également essentielle.  L’amélioration des conditions socio-économiques dans les quartiers défavorisés pourrait également contribuer à réduire la vulnérabilité des élèves à ces comportements déviants.  La lutte contre la dépravation scolaire est un défi de société qui nécessite une action concertée de tous les acteurs impliqués.

Marcus DARE

Réaction

« Cependant, les conséquences de ces comportements sont loin d’être anodines »

 

Mme Ortance Nguemo Epse FOKI, Psychologue clinicienne/Psychothérapeute

Dans les villes camerounaises, notamment à Garoua, un phénomène inquiétant a émergé ces dernières années. Les jeunes, souvent âgés de 18 à 25 ans, louent des maisons de luxe pour des buts immoraux. Ces lieux deviennent des scènes de débauche, où l’alcool, les activités sexuelles à outrance et les selfies compromettants sont monnaie courante. Selon des experts, plusieurs facteurs contribuent à ce phénomène. La pression sociale par exemple, les réseaux sociaux, tels que Instagram, Facebook et TikTok, créent une pression pour paraître réussi, riche et populaire. Les jeunes veulent montrer leur statut social et leur capacité à s’amuser. La recherche de sensations fortes ; en effet,  Les jeunes sont attirés par l’excitation et la transgression. Les maisons de luxe offrent un cadre pour expérimenter de nouvelles choses et pour se sentir libres. Il faut aussi ajouter à cela, l’influence de la culture populaire. Les médias, la musique et les séries télévisées véhiculent souvent des messages qui valorisent la consommation excessive et les comportements à risque. Cependant, les conséquences de ces comportements sont loin d’être anodines. Les vidéos et les photos compromettantes qui se retrouvent dans les réseaux sociaux peuvent avoir des impacts dévastateurs sur la santé mentale de ces jeunes. La honte et la culpabilité, Les jeunes qui sont identifiés dans ces vidéos ou photos peuvent ressentir une profonde honte et culpabilité, ce qui peut entraîner des problèmes d’estime de soi et de confiance en soi. L’anxiété et la dépression ne sont pas à négliger. La pression sociale et la peur d’être jugé peuvent conduire à l’anxiété et à la dépression. Les vidéos et les photos compromettantes peuvent nuire à la réputation des jeunes et affecter leur avenir professionnel et personnel. Il est essentiel que les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé mentale s’impliquent pour prévenir ce phénomène et pour soutenir les jeunes qui en sont affectés. Les jeunes doivent être éduqués sur les risques associés à ces comportements et sur l’importance de prendre soin de leur santé mentale.

Propos recueillis par Marcus Dare

 

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