Marché huitième Du cochonnier à l’assiette : les coulisses d’un métier méconnu à Yaoundé

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Derrière chaque morceau de viande de porc grillé que l’on déguste dans les rues de Yaoundé, se cache une chaîne humaine méconnue. Du petit éleveur au vendeur ambulant, en passant par le nettoyeur de porcherie et le boucher, chacun joue un rôle essentiel dans cette filière. Reportage au cœur du marché huitième, où la vie d’un porc se transforme en un véritable ballet de savoir-faire.

Le marché huitième de Yaoundé, c’est un peu le ventre de la ville. C’est là que bat le cœur de l’alimentation de nombreux Yaoundéens. Et parmi les produits les plus prisés, la viande de porc occupe une place de choix. Tout commence bien avant l’aube, dans les petites fermes périphériques de la ville. C’est là que les éleveurs, souvent des hommes et des femmes d’une expérience transmise de génération en génération, élèvent leurs bêtes. « C’est un métier dur, mais c’est notre passion », confie un éleveur rencontré sur place. « On s’occupe de ces animaux comme de nos propres enfants ».

Une fois le porc prêt à être vendu, il est conduit au marché. Là, un personnage central entre en scène : le convoyeur. C’est lui qui accompagne l’animal depuis la ferme jusqu’au lieu de vente, veillant à ce qu’il arrive en bon état. « C’est un travail qui demande beaucoup de patience et de douceur », explique un convoyeur, un brin ému. « On crée un lien avec chaque animal ». Au marché, le porc est confié au “monsieur clean”, un personnage incontournable. Chaque matin, il nettoie la porcherie, prépare la nourriture et l’eau pour les animaux. Mais son rôle ne s’arrête pas là. C’est aussi lui qui prospecte de nouveaux clients et qui touche une commission sur chaque vente. « C’est un métier polyvalent », sourit-il. « Il faut aimer les animaux et être bon commerçant ».

Parallèlement, les enfants du quartier jouent un rôle essentiel en vendant de la nourriture pour les porcs : des peaux de plantain, de l’herbe… « C’est un petit boulot qui nous permet d’aider nos parents », explique un jeune garçon. Lorsque le porc est vendu, un boucher expérimenté procède à l’abattage, suivi du nettoyage et du découpage de la carcasse. La viande est ensuite transportée vers les lieux de cuisson, où elle sera préparée selon les recettes traditionnelles. « C’est un métier qui demande de la force et de la précision », confie un boucher, brandissant son couteau. « Chaque geste doit être maîtrisé pour obtenir une viande de qualité ».

Enfin, les brochettes fumantes sont vendues aux passants, qui se pressent pour déguster cette spécialité locale. « C’est un plat que j’adore”, avoue une cliente. “C’est savoureux et ça me rappelle mon enfance.” Au-delà de l’aspect économique, ce reportage met en lumière le savoir-faire et la passion de tous ceux qui œuvrent dans cette filière. C’est un hommage à ces hommes et ces femmes qui, souvent dans l’ombre, contribuent à nourrir la ville. Mais c’est aussi un appel à la valorisation de ces métiers, trop souvent considérés comme modestes. Car derrière chaque morceau de viande, il y a une histoire, une tradition et un savoir-faire qui méritent d’être reconnus.

Angélique EKAMAN Stg

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