Maternité: Les sages-femmes montent au créneau

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Lors des 12è journées scientifiques nationales des sages-femmes et assimilés du Cameroun, elles ont émis  le vœu de la création de leur propre ordre spécifique.

Au Cameroun, le métier de sage-femme est assimilé à celui des infirmières. Aujourd’hui, ces sages-femmes regroupées en association veulent changer la donne. « La sage-femme n’est pas une infirmière, c’est une profession distincte, une profession médicale spécifique », martèle Annie Hortense Atchoumi, présidente nationale de l’Association des sages-femmes et assimilés du Cameroun (Asfac) et de l’Afrique centrale des sages-femmes et spécialiste en santé de reproduction.

Au cours des 12è journées  scientifiques nationales de l’Asfac, elle a évoqué auprès des autorités de la ville de Douala,  la détermination des sages-femmes à se constituer en profession spécifique. « Les sages-femmes lancent un appel fort au gouvernement, pour les aider dans la création de leur propre ordre »,  affirme la présidente nationale de l’Asfac. Dont l’association a pour objectif de contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité maternelle, néonatale et infantile à travers : la protection et promotion de la profession de Sage-femme au Cameroun, le renforcement des capacités pour assurer une prise en charge holistique de qualité de la mère et de l’enfant.

Cette profession qui occupe une place de choix dans le système de santé dans le monde en général et au Cameroun en particulier, connait cependant de nombreuses difficultés sur le plan local.  En premier, les sages-femmes sont confrontées à un problème criard de chômage. « ¾ de sages-femmes sont au chômage, il y a plus de 1000 sages femmes qui ont été formées mais qui sont au chômage au Cameroun », dévoile l’Asfac.

En 2011, le Cameroun ne comptait que 122 sages-femmes diplômées dont seulement 4 dans le secteur public,  pour un besoin estimé à 5 400 selon les normes internationales. D’après le rapport produit en 2011 sur la pratique sur la pratique de sage-femme dans le monde, ce déficit en sages-femmes explique, en partie, l’augmentation du ratio de mortalité maternelle ces dernières années. En effet, celui-ci est passé de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes à 782 décès entre 1998 et 2011 (Enquête Démographique de Santé II et IV).

Avec pour objectif de lutter contre la mortalité infantile, elles peinent cependant à trouver un emploi. De surcroît, certaines font face à un refus de stages dans certains hôpitaux. Une situation qui amenuise leur compétence et leur font perdre la main. « Certains hôpitaux n’acceptent pas les sages-femmes sous prétexte qu’elles manquent véritablement d’expérience, pourtant elles ont besoin de faire valoir leur efficacité  », nous fait-on savoir.  Dans certaines régions du pays, l’absence de sages-femmes a un impact sur les accouchements.  Dans la région de l’Est par exemple, le taux de natalité en 2019 dans les FOSA est de 23%. « Nous observons une hausse de 26% en 2020. Par contre, dans la communauté, ce taux est de 5% en 2019 et 6% en 2020 (RMA de la région de l’Est). Dans les deux cas, on constate une augmentation considérable du taux de naissances. Mais le problème d’accouchement septique reste un problème majeur de Santé publique  dans la région de l’Est, compte tenu des complications tant pour la mère que pour le nouveau-né et enfin pour la matrone », détaille Aubry Geneviève Marie Bissangue, Sage- femme.

Dans cette région du septentrion, les accouchements à domicile sont très répandus. Les éventuelles complications qui peuvent subvenir chez la mère sont : l’hémorragie en per partum et post-partum ; déchirures cervicales, vaginales, périnéales ; des infections : puerpérales, vaginites, endométrites, vulvites ; les fistules obstétricales ; le risque de transmission du VIH et de l’hépatite B de la mère à l’enfant, les dystocies mécaniques et dynamiques ; la rupture utérine due a l’utilisation des ocytociques traditionnel abusif et la  mort.

Et « compte tenu des complications et des risques encourus par les femmes, fœtus et nouveau- nés, il est donc important de miser sur la mobilisation sociale », conseille Aubry Geneviève Marie Bissangue, sage-femme.

Le thème des 12è journées scientifiques des sages femmes et assimilés n’est donc pas fortuite. « Mobilisation sociale dans la lutte  contre la Covid-19 : les femmes et familles ». Ce thème a été choisi dans l’optique de communiquer et sensibiliser sur la profession des sages-femmes au Cameroun, mais surtout sur la situation de l’accouchement au Cameroun. Au cours de ces journées qui a duré trois jours, du 13 au 15 octobre 2021 à Douala, plus de 400 femmes ont été réunies.  Les prochaines journées sont prévues  à Yaoundé, capitale politique du Cameroun.

Ghislaine Deudjui

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