Dr. Biakolo Essomba: « l’hôpital de district de Nanga Eboko est en cours de modernisation.»

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Le Directeur de l’hôpital de district de Nanga Eboko s’exprimant sur la situation actuelle de la formation sanitaire qu’il dirige. 

Dr Biakolo Essomba, Directeur de l’hôpital de district de Nanga Eboko

Monsieur le directeur est ce que vous pouvez nous faire une présentation de votre hôpital ?

Merci pour cette opportunité que vous nous donné de parler de cet hôpital. Vous savez, les hôpitaux de district sont des hôpitaux de 4ème  catégorie et pour cela ils ont un plateau technique à ce niveau de l’échèle de la pyramide  sanitaire. En ce qui concerne l’hôpital de district de Nanga Eboko, nous avons des bâtiments qui ont été construit il y a quelque décennie. Dans ces bâtiments nous avons une capacité de 60 lits, nous avons un laboratoire qui n’est pas trop équipé.  Les conditions environnementales font que les équipements qui ont été mis dans ce laboratoire par le ministère de la  Santé publique non pas été régulièrement entretenu c’est pourquoi la plus part est  hors service aujourd’hui.

Bâtiment central de l’hôpital de district de Nanga Eboko

Nous continuons à faire ce qu’il y a lieu de faire pour résoudre les problèmes de nos patients. Nous avons une salle d’accouchement avec le minimum nécessaire pour  pouvoir faire un accouchement dans  les bonnes conditions. Nous avons même des couveuses pour des prématurés éventuelles mais les conditions environnementales ne nous permettent pas de mettre sur pied le service de néonatalogie. Nous avons un bloc opératoire qui nous permet de faire un certain nombre d’interventions mais   n’ayant pas d’appareil d’anesthésie, certaines interventions en occurrence celles qui sont pointues. Nous ne pouvons non plus pratiquer certains types d’anesthésies qui  susceptible de nous permettre de faire des interventions plus lourdes.

Pour ce qui est des soins essentiels c’est-à-dire, les urgences en termes de césarienne, nous avons un plateau technique pour pouvoir répondre à ça. Nous fonctionnons avec des services essentiels tels que la maternité, la gynécologie-obstétrique qui est notre service phare car c’est le seul service  où nous avons un spécialiste.

Qu’en est-il des ressources humaines ?

L’hôpital de district de Nanga Eboko, est un hôpital relativement fourni en ce qui concerne les ressources humaines. Peut-être faudra-t-il distinguer entre le corps médical et le corps paramédicaux. En ce qui concerne le corps médical, notre formation sanitaire compte au total six médecins dont un gynécologue-obstétricien et cinq médecins généralistes. Je voudrais pour un hôpital de district qui a nombre de revenus que nous avons, c’est plutôt un exploit de réussir à maintenir ici cinq médecins généralistes et qui travaillent. Parce que très rapidement se pose le problème de leur motivation. C’est pourquoi nous avons trouvé des formules pour qu’au-delà des quotes-parts, qui ne sont pas toujours intéressantes et consistantes, qu’ils puissent trouver d’autres raisons qui les motives à venir travailler et à rester ici. Pour le personnel paramédical nous avons environ 16 personnelles toutes catégories confondues qui relève de la fonction publique. Bien plus, on y retrouve 24 personnels  bénévoles qui n’ont pour seule motivation les petites quotes-parts. Et de temps en temps nous dispensons beaucoup de connaissances qui leurs permettent de renforcer leurs capacités. A côté de ces personnelles là nous avons deux agents d’entretiens et un gardien que l’hôpital paye.

Un personnel rompu à la tâche

Vos ressources humaines sont-elles suffisantes pour répondre aux besoins des patients ?

Il faut lire les besoins en termes de ressources humaines en corrélation avec le plateau technique. C’est bien beau de demander un radiologue s’il ne trouve pas le matériel pour travailler, il sera considéré comme médecin généraliste et ça démotive. C’est difficile de prendre un spécialiste et le mettre dans un environnement où il ne va pas faire son travail et c’est quelqu’un qui veut aussi bien s’améliorer dans son domaine. Donc nous essayons d’être conséquents pour tenir compte de cet aspect-là. Pour l’instant compte tenu de notre plateau technique, nous ne pouvons pas nous lancer dans les revendications des spécialistes comme on en voie dans les grands centres urbains où les hôpitaux de districts rivalisent même déjà avec les hôpitaux régionaux en termes de spécialistes. Donc nous pensons en toute modestie que nos besoins, nous pourrons les revoir pour ce qui concerne le corps médical dont les médecins, en fonction de l’évolution  de notre plateau technique  le moment venu.

Mais pour l’instant nos cinq médecins et plus du gynécologue-obstétricien que je suis, étant donné que nous avons créé les pôles et qui ont des compétences chacun dans un pôle bien précis nous permet de fonctionner. Parce qu’au-delà du fait de pouvoir les utiliser dans leurs domaines de spécialisations. Les spécialistes posent encore un autre problème  plus complexe c’est qu’est-ce qu’ils gagnent comme revenu… on ne va se le cacher les médecins se plaignent des conditions de rémunération en termes  de salaire, donc les petites avantages  notamment en termes quotes-parts qu’on les permet plus ou moins de se contenter de ce salaire là et de faire le travail. Moi en tant que spécialiste gynécologue ici je ne peux pas vous dire ce que je touche comme quottes part, mais j’ai choisi ce challenge-là de faire un peu dans le management et d’apporter ma contribution pour relever un tout petit peu l’hôpital… nous pensons que l’utilisation de nos ressources humaines, doit rencontrer les projet de développement professionnel et personnel de ses agents que nous utilisons.

Au fur et à mesure que notre plateau technique va se renforcer, nous pourrons faire appel à tout  type de ressources humaines. En ce qui concerne le personnel paramédical, effectivement à ce niveau l’hôpital a des besoins. j’ai exprimé  lesdits besoins au Directeur des Ressources humaines du ministère de la Santé publique.

Quels sont les services fonctionnels dans votre formation sanitaire ?

De prime à bord il faut savoir que,  l’hôpital a un bâtiment  hors service  qui est dans un mauvais état et nous pouvons pas l’utiliser. Dans cet hôpital tous services dédiés à un hôpital de district sont fonctionnel à l’hôpital de district de Nanga Eboko. La question est plutôt de savoir quel est le niveau de performance de ces se rvices. Et là je vais commencer par le laboratoire, pour dire notre laboratoire est en deçà de ce qui est attendu pour un hôpital de district. Nous ne pouvons pas faire une numération formule sanguine (Nfs). La fameuse Nfs qui est vraiment l’examen  basique dans toute démarche diagnostique. Notre maternité et notre néonatalogie ne sont pas équipées d’un système d’approvisionnement en oxygène. Et même dans notre bloc opératoire, nous avons un petit appareil qu’on appelle extracteur d’oxygène et qui fonctionne avec le courant électrique ; vous comprenez que quand il n’y a pas le courant ça ne peut pas fonctionner. Et bien plus au niveau de la maternité, nous avons  des compétences en termes de ressources humaines mais il nous manque toujours quelques éléments pour un meilleur suivi de la femme en travail. Et également un appareil qui nous permet de bien gérer les battements cardiaques.

Le médicament essentiel est-il disponible à Nanga Eboko ?

Le médicament c’est un volet complexe, parce que le directeur de l’hôpital ne peut pas véritable à son niveau impacter suffisamment sur  le sur système d’approvisionnent de médicament actuel. La question n’est pas de savoir si c’est bon ou pas. La question est plutôt en termes de disponibilité du médicament à l’hôpital, est-ce que c’est efficace. Le circuit du médicament actuel fonctionne en mode  de dépôt-vente.  Ainsi, l’hôpital est régulièrement satisfait.

Quels sont les besoins de l’hôpital de district de Nanga Eboko ?

Nous pensons d’abord qu’avec le pôle d’excellence en gynécologie que nous sommes entrain de mettre en place, nous pouvons servir de référence pour les cas de gynécologie obstétrique, de nos partenaires, de tous les hôpitaux et infirmeries de la Sosucam.  En outre, nous interpellons la communauté pour leur faire comprendre que cet hôpital les appartient. Il est donc important pour les populations de nous accompagner pour que le l’hôpital puisse bien fonctionner et pour essayer de relever cette formation sanitaire. De nous accompagner en venant effectivement à l’hôpital au lieu d’aller  consulter les marabouts, des guérisseurs, des féticheurs…

Il faut que les populations sachent l’hôpital de Nanga Eboko, c’est leur hôpital. Et les personnels que l’État envoie ici, viennent pour les rendre service. Malheureusement, la santé n’est pas encore gratuite au Cameroun, il important que les patients puissent faire le petit effort qui leur ait demandé pour aider l’hôpital à pouvoir gérer un certain nombre de problème. Parmi lesquels, l’entretien des bâtiments, mettre du carburant dans le groupe lorsqu’il y a coupure d’électricité. Il faut donc que les communautés le comprennent.

En ce qui concerne les représentants de la communauté, ce sont nos principaux relais. Qu’ils se mettent véritablement en posture de relais.

Enfin à l’endroit de la hiérarchie, nos doléances et nos besoins sont connus de cette hiérarchie-là. Nous pensons  que les réponses sont déjà entrain d’être implémentés. Et c’est aussi une occasion pour nous de réitérer que les doléances que nous avions faites demeures toujours et les promesses qui nous ont été fait vont se concrétiser dans les meilleurs délais.

Un mot de fin à cet entretien ?

L’hôpital de district de Nanga Eboko a de beaux jours devant.  Sous la ferme volonté du ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, le processus de modernisation est en cours.  Dans les mois qui viennent, le nouvel hôpital se dévoilera.

Entretien mené par Désiré Dieudonné Effala

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