Ngaoundéré : Une crise sanitaire silencieuse due au manque de toilettes publiques
Ngaoundéré souffre d’une pénurie aiguë de toilettes publiques. Les habitants sont contraints de se soulager dans des endroits insalubres, faute de mieux.
« Je suis peiné de constater que la ville ne dispose pas de toilettes publiques. Si on a un besoin pressant, on est obligé de se rabattre vers des administrations ou prendre une moto et rentrer chez soi, pour celui qui connaît la ville sinon, imaginez la suite ».Cette déclaration de Kaoutou Léon traduit à souhait la problématique de l’absence des toilettes publiques dans la ville de Ngaoundéré, c’est dans la région de l’ Adamaoua.
Comme Léon, toute personne qui a eu un besoin pressant en pleine ville de Ngaoundéré a sa petite histoire à raconter en ce qui concerne le déficit des toilettes publiques. « Généralement lors que je sors, je m’arrange à avoir des comprimés de métronidazole en poche, car à défaut, j’évite de manger tout ce qui est épicé », renchérit Issa, rencontré au centre-ville de Ngaoundéré.
Que ce soit au centre commercial, aux petits et grands marchés et même dans le quartier administratif, la ville ne compte pas assez d’espaces pour se soulager.
Solutions précaires
Pour se soulager dans le secteur de la communauté urbaine, plusieurs prennent d’assaut la place des fêtes le long du mur du lycée classique et moderne de la ville pour se soulager. « Si vous faites un tour à la place des fêtes de Ngaoundéré, vous verrez ! Tout l’espace sert de toilettes publiques pour ceux qui exercent des activités dans les environs. La place du Ngondo au centre commercial constitue aussi des latrines à l’air libre » raconte Rodrigue, rencontré juste après sa séance d’apprentissage en conduite automobile dans le coin.
Lors des fêtes comme le 11 février et le 20 mai, des instructions sont très souvent données aux maires de mettre en place des toilettes. Celles-ci disparaissent aussitôt que la fête finie et les vieilles habitudes reprennent.
Risques sur la santé
En cette période de fortes pluies, le risque de contracter des maladies liées à ces mauvaises conditions d’hygiène n’est pas à exclure. « Je pense que les mairies doivent mettre en place des politiques en matière de construction des toilettes à différents niveaux de la ville. Les quelques toilettes du petit marché sont aussi insuffisantes pour tenir », martèle un vendeur ambulant. Ce dernier rappelle que les débits de boisson viennent généralement à leur secours, car ceux-ci disposent au moins de quelques latrines, même si leur entretien laisse à désirer.
En attendant d’avoir les toilettes dans les coins de la ville, les populations de de Ngaoundéré continuent de subir en silence.
Par Jean Besane Mangam
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