« On parle de très grand prématuré lorsqu’on est né avant la 20éme semaine »

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Dr Diomède Noukeu Njinkui est pédiatre Néonatologiste. Il est Chef de service de Néonatologie de l’Hôpital Gynéco-obstétrique et Pédiatrique de Douala. Il est par ailleurs Maître Assistant de Pédiatrie à Université de Dschang. Nous l’avons rencontré lors de la célébration de la journée consacrée aux enfants prématurés à l’Hôpital Gynéco Obstétrique de Douala, le 17 novembre 2025. Avec elle, on voulait comprendre la Prématurité, ces naissances avant terme qui constituent un problème de santé majeur au Cameroun

C’est quoi la prématurité très exactement ?

On considère comme prématuré, toute naissance qui survient avant la 37è semaine d’aménorrhée donc avant la fin du 9ème mois. Ce qu’il faudrait aussi savoir, c’est que dans la prématurité, il y a une classification. On parle de très grand prématuré lorsqu’on est né avant la 20éme semaine. De grand prématuré lorsqu’on est né entre la 28ème et la 38ème semaine + 6 jours et le moyen prématuré entre la 32 et la 36ème + 6 jours.

Qu’est-ce qui est à l’origine de cette absence de l’évolution de la grossesse jusqu’à son terme ?

La prématurité peut être due aux causes liées à la mère, au fœtus ou aux deux. En ce qui concerne la mère, ça peut être des pathologies qui entravent la santé de la maman et qui menacent la venue prématurée de l’enfant, notamment les pathologies cardiovasculaires comme une hypertension, tout ce qui est autour du placenta comme infection. Mais aussi, lorsque les grossesses sont multiples. Lorsqu’on a déjà plus des deux fœtus, trois fœtus, on a un risque d’avoir un accouchement prématuré et si la maman avait déjà eu des prématurés avant, c’est déjà un facteur de risque. En ce qui concerne le fœtus lui-même, c’est tout ce qu’il y a comme pathologie autour du placenta donc tout ce qui concerne les placentas anormaux

Quels sont les risques que courre le prématuré ?

Les risques pour le prématuré sont multiples. Et ça concerne tous les systèmes. Parce que ce bébé qui vient trop tôt, a une immaturité globale. L’immaturité concerne aussi bien le système nerveux central, le système respiratoire, en fait tous les systèmes sont concernés. Les risques les plus couramment rencontrés sont sur le plan respiratoire. Donc ils ont une substance qui fait défaut, notamment chez les grands et les très grands prématurés, qui fait en sorte qu’ils aient des défauts respiratoires très précoces. Ils sont aussi à risque de certaines infections parce que leur système de défense, ce que nous appelons système immunitaire, n’est pas mature. Ils sont à risque de transfusion. Ils sont à risque de jaunisse, ce qu’on appelle ictère

Quels sont les symptômes sur le plan clinique ?

Sur le plan clinique ce sont les bébés qui naissent un peu plus petits que les autres avec un poids qui correspond à l’âge auquel ils sont nés le plus souvent.

L’on constate qu’on le met toujours sous oxygène, c’est pour soigner quoi ?

L’oxygène c’est pour aider le poumon à avoir suffisamment d’oxygène pour pouvoir le porter dans tous les tissus, dans tous les organes. Et tous les prématurés ne sont pas mis sous oxygène. Ceux qui ont bénéficié avant la naissance une thérapie qu’on appelle une cortico thérapie anté natale qui permet la suppression de cette substance qui manque qui fait causer des détresses respiratoires. Donc ce n’est pas systématique.

Quel est le rôle des parents dans tout ça ?

Nous essayons tant bien que mal, de les faire participer quand c’est possible, aux soins quotidiens et de permettre qu’ils soient en contact avec les enfants. C’est encore plus facile, lorsque le prématuré est en méthode Kangourou. Mais lorsqu’il est encore très instable en couveuse, c’est souvent difficile. Mais lorsqu’il est stable en couveuse, parfois on autorise des sorties pour la prise en contact avec la maman. On essaie de faire participer la maman dans l’administration du lait ou lorsqu’il faut préparer des médicaments. Donc on essaie de faire au maximum que les parents soient encrés dans les soins de l’enfant, lorsque c’est possible.

Quel poids pour sortir le bébé de la néonatalogie ?

Ce qui est recommandé c’est 2 kilos. Mais ce n’est pas seulement le poids qui est le critère de sortie. Il faudrait surtout qu’il ait une bonne prise de poids avant la sortie et qu’il ait ce qu’on appelle une autonomie alimentaire. Cela veut dire que le prématuré est capable de s’alimenter tout seul, sans aide et que cette alimentation se fasse dans les conditions optimales et que la croissance pondérale soit vraiment constatée et qu’on soit sûre que cet enfant peut sortir.

Alors le service néonatalogie de Hgoped a consacré un grand moment sur la prématurité, c’est pour expliquer quoi ?

Oui, en fait, dans cette journée que nous consacrons au prématuré aujourd’hui à l’Hôpital gynéco-obstétrique, avec l’accompagnement de l’administration, c’est pour célébrer la journée du prématuré. Car chaque année, le 17 novembre, nous célébrons dans ce tout petit bébé. Et le thème de cette année était « Offrir au bébé prématuré un bon départ pour un avenir meilleur ». Donc, c’est dans ce cadre-là que nous avons sollicité la présence de tous ces bébés qui ont été, ces dernières années, dans le service avec leurs parents pour les célébrer, pour célébrer ces parents qui ont affronté et qui ont surmonté ce séjour en Néonatalogie qui n’est pas toujours évident. Et nous avons prévu des petits cadeaux pour ces enfants et pour ces parents pour célébrer ces prématurés.

Nous sommes au service néonatalogie de Hgoped. Comment gérez-vous les cas de prématurité ? Est-ce qu’il y a des dispositions particulières mises en place pour éviter les complications ?

On a des protocoles qui sont mis en place dans le service. Il y a multidisciplinarité. Donc ce n’est pas seulement les pédiatres. Ça vient d’abord en amont avec l’équipe des gynécologues et ensemble, nous essayons de gérer ces enfants. Les complications sont frèquentes. Le prématuré, une fois qu’il est né, je vous ais parler d’immaturité qu’oil l’expose à beaucoup de risques. Dons la gestion des complications, nous avons l’hagìbitude et nous suivons les protocoles et lorsque nous avons des grandes difficultés, nous avons des maitres pour colliger ces prises en charge. Mais en général tout est bien répertorié pour aider ces enfants au maximum.

Combien de temps un bébé peut-il rester en néonatalogie à Hgoped ?

Alors, le séjour en hospitalisation est très variable. Comme on l’a dit tout à l’heure, il y a différents types de prématurés. Plus le prématuré est petit et jeune, plus son séjour sera prolongé. On a des prématurés qui sont des prématurés moyens qui ont des petits séjours d’une semaine à deux semaines, mais on peut avoir des prématurés qui font des mois à l’hôpital. La plus grande hospitalisation, si mon souvenir est bon, c’est six mois. C’est possible que le séjour soit très prolongé, surtout lorsqu’il y a des complications vraiment très graves.

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Dr est-ce qu’il y a une possibilité de faire naitre un prématuré sans danger ici à Hgoped ?

Nous sommes dans un hôpital de référence. Nous recevons les cas les plus compliqués. Donc en collégialité avec les autres services notamment le service de gynéco obstétrique, sous la houlette de l’administration et du Directeur général, nous faisons au mieux pour que ces naissances soient sécurisées et notre institution, depuis plusieurs années, prend en charge des grossesses très à risques et nous essayons au maximum de sauver les enfants les plus prématurés dans la limite de nos moyens et de ce que notre plateau technique nous permet de faire.

Propos recueillis par Alphonse Jènè

 

 

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